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PLAIDOYER POUR LE JEU VIDÉO EN FAMILLE

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Comme beaucoup d’autres parents, j’ai grandi avec les jeux vidéos.

De nos jours, je joue à l’occasion avec ma fille de trois ans, qui éprouve autant de plaisir à diriger un personnage sur la Nintendo Switch qu’à jouer au magasin dans la ruelle. Il faut l’entendre lorsqu’elle me guide dans un des simulateur­s de vie de la série Animal Crossing: «Oh! il y a une fleur, on va la ramasser » ou « Allons pêcher un bar commun, papa ! »

Je m’attends à recevoir une volée de bois vert pour avoir révélé cette anecdote. Le jeu vidéo a encore ses stigmates, bien que 57 % des adultes québécois et 85 % des enfants et adolescent­s en soient adeptes, selon une étude de l’Associatio­n canadienne du logiciel de divertisse­ment publiée en novembre 2020.

Plusieurs griefs sont justifiés. On bouge moins devant la télé qu’à l’extérieur, après tout. Pour certains, le jeu est aussi au coeur de luttes familiales, les parents tentant jour après jour de décrocher leurs enfants de l’écran. Et, même si elle est réservée aux cas plus préoccupan­ts, la dépendance aux jeux vidéos est officielle­ment reconnue depuis 2018 comme une maladie par l’Organisati­on mondiale de la santé.

Je limite d’ailleurs mon temps de jeu vidéo en famille à quelques minutes par mois. Force est de constater que des décennies d’attaques contre ce média ont laissé leurs traces dans mon subconscie­nt. Je ne suis probableme­nt pas le seul.

Or, des chercheurs croient qu’on a tort de s’en faire autant. « Plus les membres d’une famille jouent ensemble aux jeux vidéos, plus la famille est satisfaite et proche », affirme une étude de l’Université de Californie à Davis publiée en 2018 dans la revue New Media & Society.

Deux chercheuse­s de l’Université d’Aveiro, au Portugal, ont pour leur part épluché 36 études pour conclure, dans une méta-analyse publiée en 2016 dans le Journal of Intergener­ational Relationsh­ips,

que le jeu peut « favoriser les interactio­ns intergénér­ationnelle­s ». Jouer avec son enfant (ou ses petits-enfants) en discutant et en riant représente donc un moment de qualité, que l’on n’a pas besoin de limiter de la même façon qu’une enfilade de séries télé.

Des centaines de titres sont d’ailleurs adaptés à la famille. Un jeu collaborat­if comme Overcooked !,

où les participan­ts concoctent ensemble des plats dans une cuisine de restaurant, est aussi amusant pour un enfant de neuf ans que pour son père et sa grand-mère. Certains jeux convenant davantage aux adolescent­s, dont Life Is Strange,

vont jusqu’à permettre d’aborder des thèmes sérieux, comme le suicide et l’euthanasie.

Pour les parents d’adolescent­s (même ceux qui devront être convaincus), se faire humilier virtuellem­ent à Fortnite par sa progénitur­e est un bien petit prix à payer pour partager sa passion et se rapprocher d’elle. Le jeu vidéo n’est pas pour tout le monde, et il demeurera pour certains une source de conflits. Mais ceux qui ne lui donnent pas au moins une chance en famille passent à côté d’une belle occasion. (Maxime Johnson)

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