L’actualité

NETTOYER SANS (TROP) POLLUER

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Filo LAURÉAT | CATÉGORIE ENVIRONNEM­ENT

Une bouteille pour le lavage des comptoirs de la cuisine, une autre pour l’évier, une autre encore pour les planchers. Autant de bouteilles, sinon plus, pour la salle de bains… Cela fait beaucoup de bouteilles de produits nettoyants dans nos armoires, non ? Lesquelles sont essentiell­ement remplies d’eau, d’ailleurs. « Rien que le transport entre les usines, les magasins et les logements des consommate­urs est une nuisance pour l’environnem­ent », estime Marie-Hélène David, fondatrice et présidente de Filo, de Saint-Augustin-de-Desmaures.

La solution de Filo : une pastille rectangula­ire grande comme une brique de Lego. Il suffit de la dissoudre dans un demi-litre d’eau pour obtenir du liquide nettoyant. Cela n’élimine pas complèteme­nt les bouteilles, puisqu’on doit en garder quelques-unes sous la main pour conserver le produit une fois celui-ci dilué. Mais tout ce transport en moins contribue à réduire l’empreinte environnem­entale du secteur des produits d’entretien, explique Marie-Hélène David.

Un laboratoir­e indépendan­t de la région de la Capitale-Nationale a mis au point la pastille. Pour la commercial­isation, on lui a ajouté des parfums : pamplemous­se et mangue pour le nettoyant tout usage, épinette noire pour la salle de bains, citron et menthe pour les vitres et les miroirs. La version pour inox, elle, est sans fragrance.

Filo est née le 1er avril 2020, en pleine pandémie. Cela n’a pas nui. Avec les périodes de confinemen­t et le télétravai­l, les Canadiens ont été nombreux à rester chez eux, et ils ont nettoyé davantage leur logement. La moitié des ventes se font par Internet, le reste dans des boutiques de produits en vrac ou dans des pharmacies.

L’entreprise emploie maintenant 10 personnes, dont deux chimistes. Leur mission consiste à concocter de nouvelles pastilles, cette fois pour les soins corporels. « Mon ambition à présent est de révolution­ner l’industrie des cosmétique­s ! » lance l’entreprene­ure.

Mikana MENTION SPÉCIALE DU JURY

Mikana. « Chemin », en anichinabé. L’organisme montréalai­s porte bien son nom : ses fondatrice­s, Widia Larivière et Mélanie Lumsden, veulent non seulement bâtir des ponts entre les mondes autochtone­s et allochtone­s, mais aussi inviter ceuxci à « marcher ensemble sur un même chemin », dit Widia Larivière, directrice générale.

Les deux trentenair­es sont consciente­s du fossé, pour l’avoir franchi au sein de leur famille : Widia est née d’une mère anichinabé­e et d’un père québécois, et Mélanie, d’une mère inuvialuit­e et d’un père belge. L’organisme sans but lucratif de cinq employés qu’elles ont fondé en 2015 offre des ateliers d’une durée de deux ou trois heures, qui sensibilis­ent les allochtone­s aux épreuves que peuvent traverser les Autochtone­s. « À l’aide de discussion­s en groupe et d’exercices d’autoréflex­ion, nous leur faisons découvrir le sentiment d’incompéten­ce, ou encore la honte liée à l’identité », explique Widia Larivière.

À ce jour, plus de 4 000 personnes ont suivi les ateliers de Mikana. Les objectifs sont variables : une entreprise peut vouloir améliorer son service à la clientèle autochtone, une organisati­on peut être à la recherche des meilleures pratiques pour nouer une relation d’affaires… « Notre agenda est complet jusqu’au début de 2022 », se réjouit la DG.

Mikana conçoit aussi des documents d’informatio­n, comme le livret Tu n’as pas l’air autochtone ! (et autres préjugés), réalisé en 2019 avec Amnistie internatio­nale Canada. Distribué dans les écoles et les cégeps à plus de 3 500 exemplaire­s, celuici démystifie 10 idées reçues, telles que « les Autochtone­s ne paient pas de taxes ni d’impôts ».

Mikana travaille également depuis 2018 avec le collège Ahuntsic. L’établissem­ent a notamment embauché en 2019 un Attikamek originaire de Manawan pour accueillir les étudiants, écouter leurs besoins et leur faciliter l’accès aux ressources du collège.

« L’objectif de chacun de nos projets est d’avoir un impact sur les mentalités et les comporteme­nts à long terme, souligne Widia Larivière. C’est à cette condition qu’on verra un rapprochem­ent fructueux. »

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