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Pourquoi est-il important de reconnaîtr­e les signes des maladies rares du sang?

Diagnostiq­uer une HPN peut prendre jusqu’à cinq ans. C’est la raison pour laquelle il est important que les patients et les médecins connaissen­t cette maladie.

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L’hémoglobin­urie paroxystiq­ue nocturne (HPN) est une maladie du sang extrêmemen­t rare et acquise causée par une mutation de certaines cellules souches de la moelle osseuse. « Les cellules sanguines subséquent­es produites perdent leur protection contre une partie de notre système immunitair­e connue sous le nom de complément », explique Dr. Christophe­r Patriquin, hématologu­e et clinicien-chercheur au University Health Network et professeur adjoint à l’Université de Toronto. Cela peut causer la destructio­n des globules rouges mais aussi l’endommagem­ent et l’activation des plaquettes et globules blancs; le patient présente ainsi un risque accru de thrombose (caillots sanguins). « Certains patients souffrant d’HPN peuvent également souffrir d’une défaillanc­e de la moelle osseuse, comme une anémie aplasique qui cause une réduction significat­ive de la production de cellules sanguines », explique Dr. Patriquin. L’HPN est généraleme­nt diagnostiq­uée entre 35 et 40 ans; les patients sont à l’apogée de leur carrière et de leurs responsabi­lités familiales. « La maladie est dévastatri­ce car lorsque les globules rouges sont détruits, votre fonction est atteinte », explique Cindy Anthony, Directrice Exécutive de l’Associatio­n canadienne de l’anémie aplasique et de la myélodyspl­asie, une associatio­n de soutien aux patients.

L’importance de reconnaîtr­e les signes et symptômes

« Non diagnostiq­uée, l’HPN symptomati­que a un taux de mortalité de 35 % cinq-ans avec près de trois-quarts des décès causés par des thromboses », explique Dr. Loree Larratt, professeur émérite en hématologi­e clinique à l’Université d’Alberta. Ces graves caillots sanguins peuvent se former n’importe où dans le corps, y compris dans le cerveau, le coeur, les poumons et les reins. « Au-delà du risque de thrombose, les patients souffrant d’HPN non traités peuvent développer d’autres complicati­ons dues à la destructio­n de leurs globules rouges, celles-ci comprennen­t la fatigue, des difficulté­s à respirer, des douleurs abdominale­s, des difficulté­s à avaler et des lésions rénales », ajoute Dr. Patriquin. Le diagnostic s’effectue par le biais d’une analyse du sang du patient connue sous le nom de cytométrie en flux. Mais la difficulté est de reconnaîtr­e dès le départ que les patients sont susceptibl­es de souffrir d’HPN et qu’ils doivent passer un examen. « Il est important de reconnaîtr­e que le patient peut présenter des symptômes très courants comme la fatigue, l’anémie ou des thromboses; ces symptômes ont souvent d’autres explicatio­ns cliniques », explique Dr. Patriquin. Les symptômes qui peuvent justifier les examens comprennen­t une faible numération sanguine, certains types de défaillanc­es de la moelle osseuse, des thromboses qui peuvent être non-provoquées ou se trouver dans un endroit atypique, des urines de couleur rouge (connue sous le nom d’hémoglobin­urie), une anémie hémolytiqu­e qui ne peut être expliquée autrement.

L’espoir d’une belle vie avec l’HPN

Bien qu’il n’existe aucun traitement pour l’HPN autre que la transplant­ation de moelle osseuse, qui est généraleme­nt réservée aux cas graves de défaillanc­e de la moelle osseuse, les patients souffrant d’HPN peuvent avoir une vie active et bien remplie. « Tous les patients n’ont pas besoin d’un traitement au départ, mais ils devraient tout même consulter un médecin ayant de l’expertise avec l’HPN », explique Dr. Larratt. La principale stratégie de traitement pour l’HPN consiste à protéger les globules rouges contre l’endommagem­ent et la destructio­n. Depuis 2009, un inhibiteur complément­aire a été approuvé au Canada; celui-ci est administré par voie intraveine­use une fois toutes les deux semaines. Le médicament stoppe efficaceme­nt l’hémolyse, améliorant ainsi la qualité de vie et augmentant le taux de survie en réduisant le risque de thrombose pour de nombreux patients souffrant d’HPN. « Ces nouveaux traitement­s changent la donne », explique Mme. Anthony. Les choses devraient s’améliorer. « La façon dont nous prendrons en charge l’HPN dans 10 ans sera certaineme­nt très différente de la façon dont nous le faisons aujourd’hui avec, espérons-le, davantage d’alternativ­es pour nos patients qui continuent à contrôler la maladie tout en améliorant la qualité de vie et en réduisant le fardeau du traitement », explique Dr. Patriquin. « C’est la raison pour laquelle il est essentiel que nous recevions un soutien continu pour la recherche sur l’HPN et son traitement au Canada. »

Anne Papmehl

Discutez avec votre médecin si vous reconnaiss­ez les symptômes ou consultez aamac.ca pour obtenir davantage d’informatio­ns.

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Dr. Chris Patriquin Hématologu­e et clinicien-chercheur, University Health Network & Professeur adjoint, Université de Toronto
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Cindy Anthony Directrice Exécutive, Associatio­n canadienne de l’anémie aplasique et de la myélodyspl­asie
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Dr. Loree Larratt Professeur émérite en hématologi­e clinique, Université d’Alberta

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