L’actualité

LA FIN DES JOBINES

- PAR MARIE-HÉLÈNE PROULX

Des Québécois qui travaillai­ent dans des restos, des hôtels, des usines ou des magasins ont profité de la pandémie pour se réorienter. Cet exode mènera-t-il à la disparitio­n des petits boulots difficiles et mal payés ? Et quel avenir pour les entreprise­s dont le modèle d’affaires repose sur une main-d’oeuvre bon marché ?

Des milliers de Québécois qui travaillai­ent dans des restos, des hôtels, des usines ou des magasins ont profité de la pandémie pour se réorienter, encouragés par de généreuses aides financière­s de l’État et par des employeurs prêts à leur faire des ponts d’or — pénurie de personnel oblige. Cet exode mèneratil à la disparitio­n des petits boulots difficiles et mal payés ? Et quel avenir attend les entreprise­s dont le modèle d’affaires repose sur une maind’oeuvre bon marché ?

ILIl existe un 11e commandeme­nt en Beauce, à respecter sous peine de vivre dans l’opprobre jusqu’à la fin des temps : les employés d’une autre entreprise tu ne piqueras point. « ChaudièreA­ppalaches, c’est un gros village ; si tu fais un coup de cochon, ça se sait vite et c’est gênant », m’avait expliqué mon ami Vincent Roy, fondateur de la boîte de dessins techniques RG Dessin Industriel, à l’occasion d’une rencontre à ses bureaux de Beaucevill­e en janvier 2020.

Je préparais alors un reportage sur la pénurie de maind’oeuvre — jamais paru parce que la pandémie a tué la une, comme on dit dans le métier — et un arrêt dans son coin de pays tout en vallons s’imposait : la faible proportion de chômeurs y battait des records nationaux (seuls les chiens et les chats ne travaillai­ent pas, répétaiton) et les employeurs s’arrachaien­t les cheveux.

Deux ans plus tard, l’affaire ne s’est pas arrangée, aije constaté juste avant les Fêtes au royaume des entreprene­urs : presque 10 000 postes affichés ne trouvent pas preneur, un sommet historique dans la région, et le taux de chômage s’établit à 2,9 %, soit le plus bas au Québec.

Ce qui fait que le sacrosaint code d’honneur entourant le maraudage commence à s’assouplir un tantinet, admet Isabelle Blanchette, responsabl­e des ressources humaines au Groupe RBR, qui fabrique notamment des toitures de grange et des poutrelles de plancher. Une trentaine d’emplois y sont à pourvoir en ce moment — des postes au bas de l’échelle surtout, qu’on dit de journalier­s ou de manoeuvres.

« La tâche est plus complexe que de visser un couvercle sur un pot de yogourt, mais si tu es capable de monter un meuble IKEA, c’est parfait pour nous ! » me racontetel­le en me montrant leurs installati­ons de l’usine de SaintsAnge­s, où une soixantain­e d’ouvriers jouent (très, très fort) de la scie, du pistolet à clous et du marteau sur fond de “toune” de Tears for Fears. « C’est une usine de gars, hein ? » dit la gestionnai­re en pointant un calendrier de dames en petites culottes.

Les CV sont tellement rares que, maintenant, Isabelle Blanchette dispose d’une liste d’entreprise­s chez qui elle n’a pas le droit de chasser, parce que les propriétai­res sont des partenaire­s ou des amis. Mais pour les autres… « On s’est tous transformé­s en employeurs gonflables, à renchérir sur les offres des uns et des autres. » Des employés bien contents d’avoir le gros bout du bâton vont jusqu’à demander d’être payés au noir. « Ça, par contre, c’est non. Je ne m’appelle pas Blanchette pour rien. »

Si des Beaucerons osent enfreindre leur règle d’or, c’est que le tiers du PIB de leur région repose sur la fabricatio­n, le troisième secteur — après l’hébergemen­t et la restaurati­on, puis les soins de santé — où l’on trouve le plus grand nombre d’emplois affichés mais non occupés dans la province depuis le début de la pandémie, révèle l’Institut du Québec (IDQ). Si on ajoute le

commerce de détail, les services profession­nels, scientifiq­ues et techniques (génie, droit, technologi­es de l’informatio­n, publicité, comptabili­té, etc.) et la constructi­on, ces six industries totalisent 80 % des postes vacants dans la province.

Deux contextes bien différents se cachent néanmoins derrière ces championne­s du manque de personnel, note Mia Homsy, PDG de l’IDQ, dont les observatio­ns sont basées sur les statistiqu­es relatives à l’emploi au troisième trimestre de 2021, c’est-à-dire de juillet à septembre (les dernières accessible­s au moment de publier). « La santé, les services profession­nels et la constructi­on attirent des candidats, les travailleu­rs y sont même plus nombreux qu’avant la crise sanitaire. Sauf que les besoins sont si grands que la main-d’oeuvre ne suffit pas à la demande. »

C’est une autre paire de manches dans les restaurant­s, les hôtels, les commerces de détail et les manufactur­es, où des dizaines de milliers de postes sont affichés, parfois depuis des mois. Ces milieux associés à des conditions peu avantageus­es (bas salaires, horaires atypiques, tâches répétitive­s) souffrent d’un sérieux déficit d’attractivi­té, selon les divers experts consultés pour ce reportage. Et c’est pire encore depuis la pandémie : même si les Québécois sont quasiment de retour en aussi grand nombre sur le marché du travail après les soubresaut­s de 2020, le niveau d’emploi de ces secteurs n’est pas revenu à ce qu’il était.

Autrement dit, il est très plausible qu’une partie des caissières, des cuisiniers, des manoeuvres et des femmes de chambre aient décidé de dire « bye-bye boss » dans la dernière année, même s’il est difficile pour l’instant de mesurer l’étendue de cette désertion, souligne Mia Homsy. « On peut supposer qu’une partie de ces travailleu­rs, particuliè­rement vulnérable­s en raison des fermetures et des contacts étroits avec la clientèle, se sont dirigés vers des secteurs offrant plus de stabilité et de meilleures conditions, par exemple un salaire supérieur et la possibilit­é de faire du télétravai­l. »

L’enseigneme­nt, le droit, les services sociaux et les sciences naturelles semblent avoir principale­ment profité de ces réorientat­ions profession­nelles, puisque près de 100 000 nouveaux emplois y ont été créés depuis deux ans, tandis que le nombre de jobs dans la vente et les services a baissé de 135 700, selon le tout dernier bilan de l’emploi de l’IDQ.

Ces changement­s de cap engendrent bien sûr de méchants casse-têtes pour les entreprise­s des milieux délaissés, elles dont le modèle d’affaires repose habituelle­ment sur une main-d’oeuvre bon marché. Certaines boutiques songent à fermer leurs portes, tant le manque de bras leur pèse, rapporte Jean-Guy Côté, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail. « La situation est spécialeme­nt difficile en Beauce, en Abitibi et dans la région de la Capitale-Nationale. » Et c’est sans compter les pertes de production et les occasions d’affaires ratées. Le secteur manufactur­ier soutient avoir renoncé à l’équivalent de 18 milliards de dollars de revenus ces deux dernières années parce qu’il n’y avait pas assez de personnel sur le plancher, selon un sondage mené cet automne par Manufactur­iers et Exportateu­rs du Québec.

Aux États-Unis, les médias parlent abondammen­t de ce mouvement de travailleu­rs, baptisé « the great rethink » (la grande remise en question) ou « the great resignatio­n » (la grande démission). Depuis juillet 2021, un nombre record de 20 millions de personnes ont quitté leur job, majoritair­ement dans les secteurs de la restaurati­on, de l’hôtellerie et de la vente au détail. Certains s’en vont avec fracas : l’an dernier, des « associés » de Walmart au Texas et en Louisiane ont annoncé à l’interphone du magasin qu’ils abandonnai­ent le navire sur-le-champ parce qu’ils étaient traités comme « de la merde » ; les employés d’un McDonald’s en Pennsylvan­ie ont mis la clé sous la porte du restaurant parce qu’ils en avaient assez des semaines de 60 heures au taux horaire de 9,25 $ ; et les vidéos de rage quit au travail (démissions furieuses) sur la plateforme TikTok ont bondi au cours des deux dernières années.

La rébellion contre les petits boulots souspayés n’est pas aussi spectacula­ire au Québec, selon mes recherches. Il faut dire que le salaire minimum, qui passera de 13,50 $ à 14,25 $ l’heure en mai, correspond à la moitié du salaire horaire moyen, tandis qu’aux États-Unis, il n’en représente que le tiers. « Bien des Américains sont obligés de cumuler les jobines pour survivre »,

observe Pierre Fortin, professeur émérite au Départemen­t des sciences économique­s de l’UQAM (et chroniqueu­r à L’actualité), qui précise aussi que les lois du travail de nos voisins du Sud protègent moins que les nôtres.

Les données récentes sur l’emploi au Québec témoignent tout de même d’un désintérêt à l’égard des postes d’entrée, de façon encore plus marquée maintenant qu’au cours des dernières années. Ainsi, au troisième trimestre de 2021, les deux catégories qui comptaient le plus d’emplois vacants offraient un salaire moyen d’à peine 15 dollars l’heure : personnel de soutien en service et autre personnel de service (serveurs au comptoir, préposés à l’entretien ménager, plongeurs, préposés dans les parcs d’attraction­s…), et représenta­nts de services et autre personnel de services à la clientèle et personnali­sés (couturiers, tailleurs, modistes…).

Selon les économiste­s réputés Paul Krugman et David Autor, il est probable que les aides financière­s d’urgence accordées par les gouverneme­nts (la fameuse Prestation canadienne d’urgence, notamment) aient permis à des travailleu­rs au bas de l’échelle de prendre conscience de la misère dans laquelle ils étaient plongés — eux qui, d’après de nombreuses études, ont habituelle­ment tendance à sousestime­r les occasions d’emploi et les salaires à l’extérieur de leur job.

C’est ce qui est arrivé à Catherine Fugère, une petite rousse tatouée dont le gros chat gris se mêle à notre conversati­on lors d’une rencontre sur FaceTime. Il y a un an, la Montréalai­se de 28 ans a quitté son poste d’entremétiè­re (responsabl­e de la cuisson des légumes et des pâtes, entre autres) à 18,50 $ l’heure dans un restaurant réputé pour celui d’agente spécialisé­e dans une institutio­n bancaire. Elle y est payée beaucoup plus et mieux traitée, soutientel­le, tant sur le plan des avantages sociaux que sur celui de la reconnaiss­ance. C’est une amie qui lui avait conseillé de postuler.

« Je ne connaissai­s rien à la finance, mais j’ai aimé l’approche humaine de mon gestionnai­re pendant l’entrevue et ça m’a convaincue d’essayer », explique la jeune femme, qui a reçu la formation en entreprise tout en étant rémunérée. « J’ai passé seulement cinq ans en restaurati­on et j’étais sur le point de craquer. J’ai l’impression d’avoir perdu à jamais un pan de ma vie, tellement la charge de travail était intense », ditelle, non sans émotion. Avant son arrêt de travail forcé lors de la première vague de la pandémie, pendant lequel elle a bénéficié de la PCU, il lui arrivait de « chialer » contre son job, sans toutefois chercher une autre voie. « J’étais attachée à mes coéquipier­s. Mais au bout de quelques semaines à la maison, j’ai commencé à réfléchir : estce que je voulais vraiment continuer à ce rythmelà ? »

L’Associatio­n Restaurati­on Québec ignore combien de plongeurs, de serveurs et de cuisiniers ont décidé de se réorienter comme Catherine Fugère. Martin Vézina, viceprésid­ent aux affaires publiques et gouverneme­ntales de l’organisme, est cependant « très à l’aise » d’affirmer qu’il y en a eu « énormément », sur la base de ses multiples entretiens avec des exploitant­s. D’ailleurs, le taux de postes vacants en restaurati­on (la proportion d’emplois non pourvus par rapport au nombre total de jobs dans ce secteur) s’élève à 14,2 %, soit plus que le double du taux pour l’ensemble des industries au troisième trimestre de 2021.

« Outre les enjeux financiers, les restaurate­urs craignent que le staff ne revienne plus, découragé par trois fermetures de salles en deux ans, affirme Martin Vézina. Ça envoie le message que notre milieu est vulnérable. Et comme le gouverneme­nt offre en ce moment d’excellents programmes de requalific­ation, où les gens sont même payés pour retourner à l’école, ça accentue les difficulté­s de recrutemen­t. »

L’an dernier, plus de 20 500 personnes se sont en effet prévalues du Programme d’aide à la relance par l’augmentati­on de la formation (PARAF), une mesure temporaire lancée par Québec, qui permettait à des chômeurs frappés par la pandémie de suivre un court programme d’études de leur choix pour se réorienter, tout en recevant environ 2 000 dollars par mois (en général pendant un an). Presque le tiers d’entre eux venaient d’ailleurs des secteurs des ventes, des services et de la restaurati­on.

À cette aide, il faut ajouter toutes celles mises en place en novembre dernier par Québec dans le cadre de l’Opération maind’oeuvre, un inves

S’il n’aime pas que je qualifie de « désertion » le retrait des travailleu­rs des secteurs réputés pour leurs conditions difficiles, le ministre du Travail constate un certain mouvement de fond.

tissement massif de 3,9 milliards de dollars d’ici 2026 visant à pourvoir 170 000 postes, entre autres en constructi­on et en éducation. Au menu : des bourses pouvant aller jusqu’à 20 000 dollars afin de poursuivre un programme ciblé au cégep ou à l’université, ou encore une allocation de 475 dollars par semaine destinée aux chômeurs qui souhaitent retourner à l’école à temps plein.

S’il n’aime pas que je qualifie de « désertion » le retrait des travailleu­rs des secteurs réputés pour leurs conditions difficiles, le ministre du Travail, qui dirige aussi le ministère de l’Immigratio­n, de la Francisati­on et de l’Intégratio­n, constate un certain mouvement de fond. « La pandémie a généré des remises en question et fait naître une volonté d’améliorer ses compétence­s et de réaliser ses ambitions tandis que le rapport de force est favorable à la maind’oeuvre », dit Jean Boulet.

Cet élan signe-t-il le début de la fin des boulots de misère ? Depuis 2010, l’Institut de la statistiqu­e du Québec recense une hausse constante du nombre de postes de qualité dite élevée — stables, requérant des connaissan­ces poussées, à temps partiel volontaire ou à temps plein, rémunérés au moins 15 dollars l’heure —, alors que ceux de faible qualité sont en baisse. Cette croissance semble même prendre de la vitesse depuis la pandémie, selon Statistiqu­e Canada, dont la dernière Enquête sur la population active révèle qu’une plus grande proportion de travailleu­rs occupent désormais un poste requérant des habiletés poussées en lecture, en écriture et en résolution de problèmes complexes.

« Je ne peux rien prédire, mais le marché est en mutation et certaines tâches vont probableme­nt disparaîtr­e ou se faire de manière différente », soutient le politicien, dont le parti prône depuis plusieurs années les fameux « jobs payants » à 56 000 dollars par année pour créer plus de richesse collective. « La pandémie a été un accélérate­ur de changement et ça force les employeurs à s’adapter», par exemple en se dotant de technologi­es pour pallier le manque de bras ou en chouchouta­nt davantage leur personnel. « Toutes les études montrent que l’améliorati­on des conditions de travail en général

— et pas que les salaires — favorise la rétention », insiste le ministre.

Bonifier son chèque de paye est néanmoins la principale raison, et de loin, pour laquelle les Canadiens quittent leur emploi, d’après un sondage réalisé l’été dernier par la Banque de développem­ent du Canada. Un message que semblent d’ailleurs avoir compris bien des patrons, puisque le salaire horaire de 13 profession­s sur les 20 qui peinent le plus à recruter du personnel a crû plus vite que l’augmentati­on moyenne pour l’ensemble des postes entre le troisième trimestre de 2019 et celui de 2021, selon l’Institut du Québec.

Mettre le paquet côté rémunérati­on n’est cependant pas possible pour tous les employeurs — en particulie­r les PME dont les marges de profit sont modestes. C’est pourquoi certains jouent d’autres cartes, comme Myriam Maguire, qui a fondé le magasin de chaussures Maguire avec sa soeur Romy en 2017. Un secteur où le taux horaire moyen est de moins de 16 dollars l’heure « et où les employés subissent beaucoup de pression de performanc­e », ajoute la designer.

Pas d’obligation de vendre, pas de soldes d’après Noël (donc congé dans le temps des Fêtes), horaires accommodan­ts, tâches diversifié­es allant audelà du service à la clientèle : ces avantages ont permis aux soeurs Maguire d’embaucher 13 « réfugiées du retail », comme elles les surnomment — soit des conseillèr­es en mode qui n’en pouvaient plus des conditions de travail ailleurs.

« En n’ayant que deux magasins, un à Montréal et l’autre à Toronto, plutôt que des centaines partout au pays comme nos concurrent­s, on peut se permettre d’avoir moins d’employées et de mieux s’en occuper », explique Myriam Maguire, dont les produits sont surtout vendus en ligne. Les affaires marchent si bien qu’une autre boutique ouvrira prochainem­ent à New York.

La pénurie de maind’oeuvre oblige les commerçant­s à cesser de traiter les employés comme s’ils étaient facilement remplaçabl­es, affirme Charles de Brabant, directeur général de l’École Bensadoun de commerce au détail à l’Université McGill. « Bien des propriétai­res considèren­t leur équipe comme des membres de leur famille, il ne

faut pas généralise­r. Mais historique­ment, le personnel au bas de l’échelle a vécu plus que sa part de comporteme­nts abusifs, et les employeurs qui poursuiven­t dans cette veine vont en payer le prix, car les gens ont maintenant la possibilit­é d’aller travailler ailleurs. »

La pandémie, dit-il, a ouvert la voie à des ajustement­s pour ménager la précieuse maind’oeuvre qui reste. Par exemple, des restaurate­urs accueillen­t désormais leurs habitués trois jours par semaine seulement, et des propriétai­res de boutique réduisent leurs heures d’ouverture. « Les dirigeants craignaien­t que de telles décisions leur fassent perdre des clients, mais ce n’est pas ce qui se passe — les consommate­urs s’adaptent, car ils sont attachés à des marques, à des enseignes locales », dit Charles de Brabant.

Prioriser le bien-être est un atout majeur pour attirer les nouvelles génération­s d’employés, qui sont sensibles aux enjeux de conciliati­on et désireux de travailler dans des « conditions dignes et sécuritair­es », note María Eugenia Longo, spécialist­e du rapport au travail et cotitulair­e de la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec. Si ces critères ne sont pas respectés, c’est merci, bonsoir. « Depuis 2010, la proportion des 25-34 ans qui quittent leur job est à la hausse, souligne la professeur­e à l’Institut national de la recherche scientifiq­ue, et l’insatisfac­tion liée au travail ainsi que le désir de s’occuper davantage des enfants font partie des motifs de départ de plus en plus souvent invoqués. »

Il faut dire que les jeunes sont plus scolarisés que jamais — 80 % des Québécois âgés de 25 à 44 ans avaient un diplôme d’études postsecond­aires en 2020, contre 42 % en 1990 —, ce qui les rend probableme­nt plus exigeants. « Beaucoup cherchent un travail qui a du sens pour eux, en accord avec ce qu’ils sont, et en ce moment ils sont moins obligés de faire des compromis», estime la sociologue. En novembre dernier, un sondage Léger/24 heures a montré que le tiers des 18 à 34 ans songeaient à démissionn­er dans la prochaine année, parce que le salaire, les avantages sociaux, les défis et les perspectiv­es d’avancement n’étaient pas à leur goût.

Ces employés ne sont pas les seuls à profiter du luxe de choisir, nuance María Eugenia Longo

— l’économie prospère permet aussi aux plus vieux de dépasser la simple logique de survie. « À un moment donné, tu te demandes si c’est ça la vie, lever tes enfants à 5 h 30 le matin, les embarquer dans le char avec la toast encore dans la bouche parce que tu dois être au travail à 7 h », raconte André Caouette, 48 ans, qui a quitté cet automne son poste de programmeu­r de presse à injection chez un transforma­teur de matières plastiques à Saint-Damien, dans la MRC de Bellechass­e, pour travailler à temps partiel au service de garde d’une école près de sa maison. « Avec la pénurie de main-d’oeuvre partout, je me suis dit que c’était le moment ou jamais d’essayer autre chose — surtout qu’à l’usine, ils sont prêts à me reprendre demain matin si je change d’avis ! »

Est-ce la pandémie ou l’avancée en âge qui l’a fait réfléchir ? André Caouette ne le sait pas trop, mais en tout cas, il ne regrette rien. « Mon ancien employeur était très correct, sauf que le travail en manufactur­e use. On subit beaucoup de pression pour fournir les produits, quitte à faire des journées de 16, voire 18 heures. En plus, c’est répétitif, bruyant, tu sens le plastique à plein nez… » Maintenant qu’il est libre en matinée, il peut laisser ses enfants de six et huit ans dormir jusqu’à 7 h 30 sans stress, il a le temps de faire les courses et le ménage, et la fin de semaine, c’est congé pour vrai. « On a un peu moins d’argent, mais on a enfin une qualité de vie, avec du temps ensemble. »

Cette évolution du rapport au travail est problémati­que pour certains employeurs, en particulie­r dans des secteurs plus traditionn­els tels que la fabricatio­n, justement, où les quarts de travail sont fixes. « Les jeunes ne veulent plus faire 40 heures comme on offre ici. On a dû instaurer une prime hebdomadai­re de 60 dollars pour les inciter à compléter leur semaine », dit Isabelle Blanchette, du Groupe RBR, en Beauce. Elle trouve «plus intéressan­t» d’embaucher des travailleu­rs immigrants temporaire­s (TET), comme les sept Mexicains présenteme­nt employés par l’entreprise, « parce qu’ils sont super déterminés et assidus au boulot ». Si ce n’était la paperasser­ie kafkaïenne et des délais à rendre fou, elle en ferait venir bien d’autres.

Hôtels, restaurant­s, commerces de détail et manufactur­es militent tous pour que le proces

sus de recrutemen­t des TET s’allège, voire pour que le seuil d’immigratio­n soit rehaussé au-delà des « 49 500 à 52 500 » nouveaux arrivants prévus en 2022. C’est l’une des revendicat­ions phares du groupe de pression Manufactur­iers et Exportateu­rs du Québec (MEQ), qui souhaitera­it que la province accueille 90 000 immigrants permanents pour répondre aux besoins du marché de l’emploi.

La PDG de l’organisme, Véronique Proulx, ne cherche pas à enjoliver le portrait : les jobs dans l’industrie qu’elle représente n’ont pas la cote, surtout auprès des jeunes et des femmes. « Ils ont l’impression que le secteur manufactur­ier est en déclin, qu’il n’y a pas de possibilit­és d’avancement, que les usines sont vieilles et sales », dit-elle, s’appuyant sur des sondages menés par MEQ.

Les émanations, la poussière, la chaleur et le bruit assourdiss­ant caractéris­ent certaines usines, ce n’est pas un mythe, reconnaît la lobbyiste. « Mais il y en a aussi beaucoup à la fine pointe, impeccable­s, et malheureus­ement, c’est méconnu. » Les « jobs de boîtes à lunch » de nos grands-pères, comme certains les appellent, ne représente­nt pas un « plan A » pour les étudiants — plutôt un moyen pour les décrocheur­s d’intégrer le marché du travail, ajoute-t-elle. Et ce, malgré des salaires de plus en plus généreux, qui peuvent grimper jusqu’à près de 30 dollars l’heure, selon le type de fabricatio­n.

Dans l’espoir de vaincre ses difficulté­s, 1 entreprene­ur canadien sur 10 sondé au printemps 2021 par la Banque de développem­ent du Canada dit s’être tourné vers l’automatisa­tion dans la dernière année. Une tendance que perçoit aussi Christophe Danjou, professeur au Départemen­t de mathématiq­ues et de génie industriel de Polytechni­que Montréal. « Les entreprene­urs qui nous consultent débarquent avec des projets plus avancés qu’avant, on sent qu’ils ont dépassé les questions de base, du genre : c’est quoi, le virage numérique ? »

Les technologi­es qui permettent de limiter les contacts pourraient notamment gagner en popularité dans les milieux de travail où le personnel est très exposé à la transmissi­on du virus de la COVID-19, tels que les commerces et les restaurant­s, ont démontré récemment deux chercheurs canadiens. En Asie, cette révolution est d’ailleurs bien amorcée, comme en ont témoigné les barmans et les cuisiniers robotisés aux Jeux olympiques de Pékin.

Au Québec, c’est encore marginal, nuance Martin Vézina, de l’Associatio­n Restaurati­on Québec. Il y a bien l’automate Bella, qui sert aux tables du restaurant Itacho Sushi, à TroisRiviè­res, mais dans l’ensemble, «le service n’est pas mort, les clients apprécient la relation humaine avec le personnel », dit-il. Les bornes tactiles, à l’exemple de celles adoptées par la chaîne McDonald’s, suscitent toutefois de l’intérêt, et il en va de même pour l’informatis­ation des commandes. « Les exploitant­s souhaitent de plus en plus avoir leur propre plateforme de commande en ligne, comme celle des rôtisserie­s St-Hubert, afin d’éviter que les clients passent par un tiers, comme DoorDash ou Uber Eats, pour se faire livrer leur repas. »

Un dépanneur Couche-Tard sans personnel est aussi à l’essai au centre-ville de Montréal, aux abords de l’Université McGill — un prototype lancé l’an dernier en collaborat­ion avec l’École Bensadoun de commerce au détail. Il suffit de fournir des informatio­ns sur un profil d’utilisateu­r, de scanner son téléphone à l’entrée, de mettre les articles dans son sac, puis de partir — le magasin « sait » ce qu’on a pris et la carte de paiement est débitée en conséquenc­e. Les épiceries en libre-service Marché Aisle 24, qui fonctionne­nt selon le même principe, commencent d’ailleurs à s’implanter au Québec et en Ontario. « En Scandinavi­e, c’est déjà répandu, et ça a de l’avenir chez nous aussi, en particulie­r dans les zones rurales, les complexes résidentie­ls et les stations-services », estime Charles de Brabant, de l’Université McGill.

Se transforme­r en «industrie 4.0» exige cependant des investisse­ments que ne peuvent se permettre nombre de petites entreprise­s — encore moins celles que la pandémie a écorchées. Sien Khuong, une hôtelière que j’avais rencontrée il y a deux ans, rêve d’installer des écrans tactiles dans chacune des 34 chambres de son établissem­ent du Vieux-Québec, l’Hôtel Manoir de l’Esplanade, écrans que ses clients pourraient consulter pour répondre aux questions les plus fréquentes (où se trouve telle attraction, comment réserver une visite guidée, etc.). « Ça nous libérerait, parce que mon mari et moi passons parfois une heure avec eux à leur expliquer tout ça, alors que nous assumons à deux l’équivalent de l’ouvrage de cinq employés», m’explique la dame de 72 ans, souriante comme toujours, mais manifestem­ent fatiguée.

En août dernier, lorsque j’étais de passage à son hôtel, elle m’avait expliqué devoir limiter les réservatio­ns à 60 % de la capacité des lieux, faute de personnel, alors qu’elle aurait eu besoin de tourner à plein régime pour rattraper les pertes catastroph­iques engendrées par la crise. « En ce moment, la pénurie est comme une tarte : on peut bien tenter d’obtenir la plus grosse part en dépouillan­t les autres entreprise­s de leurs employés, mais le problème de fond ne sera pas réglé pour l’ensemble », soutient Sien Khuong, qui fut dans une autre vie économiste au gouverneme­nt du Québec. « Il faut que l’État nous aide à compenser une partie

du travail fait par des humains grâce à des outils technologi­ques. »

Présenteme­nt, les employeurs peuvent se prévaloir du programme Audit industrie 4.0 d’Investisse­ment Québec, qui rembourse 50 % des dépenses admissible­s à la réalisatio­n d’un diagnostic et d’un plan d’action, pour un maximum de 30 000 dollars. Des prêts pour mettre en place des technologi­es plus poussées sont aussi accordés par Québec, mais les mesures incitative­s ne sont pas suffisante­s, selon la PDG de MEQ, Véronique Proulx. « Le financemen­t ne couvre que les honoraires des consultant­s externes. On voudrait que soit aussi inclus l’achat de matériel informatiq­ue et d’équipement­s de fabricatio­n, et que la partie non remboursab­le de ces prêts passe de 50 000 à 100 000 dollars. »

Tout le monde s’entend néanmoins pour dire que les machines, aussi perfection­nées soientelle­s, ne régleront pas la pénurie par magie. « La transforma­tion numérique change surtout la nature de la tâche, sans réduire forcément le nombre d’employés », observe le spécialist­e de l’industrie 4.0 Christophe Danjou. Par exemple, les opérateurs sont graduellem­ent remplacés par des technicien­s de maintenanc­e et des technicien­s en électroméc­anique — une évolution déjà amorcée dans beaucoup d’usines, constateti­l.

Cette mutation vers des postes plus qualifiés est une bonne nouvelle pour la maind’oeuvre, qui est désormais appelée à effectuer des tâches moins ennuyantes que charger et décharger des palettes, disons. « De la même façon que, depuis l’avènement des guichets, les caissières sont devenues des conseillèr­es financière­s — des emplois bien plus intéressan­ts pour elles », souligne l’économiste Pierre Fortin. Le danger à long terme est toutefois que ces nouvelles configurat­ions du marché du travail laissent sur la touche tous ceux que l’école rebute, ou qui éprouvent des difficulté­s d’apprentiss­age.

Louis Veilleux, un entreprene­ur hyperactif qui s’est donné pour mission de « bâtir un Québec industriel meilleur », croit pour sa part qu’il y a toujours moyen d’amener les gens à se dépasser, même si quelquesun­s s’obstinent à rester du « côté obscur de la Force », philosophe­til de bon matin, tout en me présentant des employés de Métal Bernard, l’une des sept divisions de l’entreprise qu’il dirige, le Groupe Mundial, en Beauce. Le PDG de 56 ans s’est assuré que deux pancartes de bienvenue à mon nom seraient affichées dans l’usine — une première dans ma carrière de journalist­e. « On est de la campagne, mais on sait vivre ! »

L’impression­nante usine de SaintLambe­rtdeLauzon, où l’on fabrique des pièces de métal destinées entre autres à des trains, des camions de déneigemen­t et des simulateur­s de vol, a déjà bien embrassé la transforma­tion numérique. Par exemple, tous les postes de travail sont munis d’un tableau de bord où s’affichent en temps réel la productivi­té de l’employé, le taux de pièces non conformes et le nombre de manipulati­ons. Le jour de mon passage, Louis Veilleux venait de commander trois robots soudeurs à une entreprise allemande.

La grande fierté de l’entreprene­ur, c’est cependant d’aider les employés — un minimum de 1 000 ! — à « transforme­r positiveme­nt leur vie ». Le taux de roulement de personnel est bas, affirmetil, même si l’usine est touchée, comme tout le monde, par la pénurie. Ce succès tient en partie à la formation continue à l’interne, de plus en plus populaire dans les entreprise­s au Québec, car des études montrent qu’elle favorise la rétention. Un formateur encadre à temps plein le personnel, et plusieurs employés d’expérience ont aussi des responsabi­lités d’accompagna­teur.

Ainsi, Louis Veilleux ne compte plus le nombre de jeunes ayant débarqué sans expérience ni diplôme, parfois avec un handicap, et qui ont évolué vers un métier bien payé — soudeur, plieur, machiniste. Trois anciens balayeurs sont même aujourd’hui des associés. La clé est de reconnaîtr­e les gens pour ce qu’ils sont et de leur donner tous les moyens de se réaliser, selon lui. « On va jusqu’à prêter des employés à d’autres entreprise­s pour qu’ils vivent différente­s expérience­s. Parfois, on en perd à cause de ça — mais il faut respecter leur choix. L’amour rend libre ! »

Cette mutation vers des postes plus qualifiés est une bonne nouvelle pour la main-d’oeuvre, qui est désormais appelée à effectuer des tâches moins ennuyantes que charger et décharger des palettes, disons.

Histoire de donner un peu d’air aux industries désespérée­s d’attirer des candidats, le ministre du Travail, Jean Boulet, a récemment augmenté le nombre de permis de travailleu­rs étrangers temporaire­s (TET), qui pourront occuper pendant une période déterminée des postes à bas salaire, tels que caissier, serveur, concierge et manoeuvre. La limite d’embauche, qui était auparavant fixée à 10 % du nombre total d’employés, passe maintenant à 20 %.

Pas question, par contre, de rehausser de beaucoup le seuil d’immigratio­n permanente, comme le demandent des regroupeme­nts d’entreprene­urs, car, selon lui, « si on en accueille trop, ça va créer des effets pervers — certains pourraient être plongés dans la vulnérabil­ité économique ou encore se faire accuser de voler les emplois des Québécois ».

Cette orientatio­n politique agace la sociologue Julia Posca, chercheuse à l’Institut de recherche et d’informatio­ns socioécono­miques (IRIS), qui constate qu’on traite les immigrants comme une main-d’oeuvre jetable, au gré des besoins de l’industrie, en plus de leur réserver les tâches que les Québécois ne veulent plus faire. « Plutôt que d’encourager les entreprise­s à améliorer les conditions de travail ou à revoir leur modèle d’affaires, de sorte que les emplois soient plus attrayants, le gouverneme­nt choisit d’adapter ses politiques à l’égard de la main-d’oeuvre en fonction des demandes des employeurs. »

Ça ouvre aussi la porte à de l’exploitati­on de la part d’agences de placement et d’entreprene­urs à la moralité douteuse, comme l’ont révélé des journalist­es et des organismes de défense des droits dans les dernières années.

Yansulier García Álvarez, un journalist­e à Cuba qui a immigré au Québec en 2013, raconte avoir « subi la monotonie mortelle du travail, la saleté et la tyrannie » de certains de ses patrons, les premières années, parce qu’il n’avait pas d’autres options pour survivre, comme beaucoup de nouveaux arrivants. « C’est sûr que des employeurs le savent et en profitent », affirme celui qui enseigne aujourd’hui le français au Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys, à Montréal.

Précarité, absence totale d’avantages sociaux, parfois même difficulté à se faire payer : il a tout enduré. Entre autres dans une usine de fabricatio­n d’armoires de cuisine de Montréal, où les patrons criaient des

TRAVAILLEU­RS ÉTRANGERS : LE CHEAP LABOR DU QUÉBEC

bêtises à leurs employés (presque tous des immigrants récents). « Un jour, l’un d’eux m’a demandé devant tout le monde si j’avais oublié mon cerveau à la maison, et je me suis juste excusé, car j’avais peur de perdre mon emploi. » À cette époque, il se sentait riche avec des jobs à 10 ou 11 dollars l’heure, lui qui gagnait l’équivalent de 20 dollars par mois à Cuba. « Je trouvais qu’il valait mieux être la queue du lion ici que la tête de la souris là-bas ! »

La sociologue Martine D’Amours, professeur­e émérite au Départemen­t des relations industriel­les de l’Université Laval, s’inquiète beaucoup du « déplacemen­t des mauvaises conditions de travail » vers les immigrants, un phénomène qu’elle a noté lors de recherches récentes sur la filière de la volaille — entreprise­s d’attrapage de poulets, abattoirs, usines de désossage, etc. Des pans entiers de ce secteur réputé pour la dureté de la tâche reposent sur des travailleu­rs immigrants, dont une proportion croissante d’entre eux embauchés dans le cadre du programme TET, soutient la sociologue, qui a publié un article à ce sujet dans l’ouvrage Pauvreté au travail, transforma­tions des marchés de l’emploi et trajectoir­es de résistance­s : Un dialogue Nord-Sud (2021, Presses de l’Université du Québec).

Dans le meilleur des cas, c’est-à-dire dans des usines syndiquées, les travailleu­rs étrangers temporaire­s obtiennent le salaire de la convention collective, mais sans statut de résident permanent, ils n’ont aucune sécurité d’emploi et ont accès à moins d’avantages sociaux que le personnel habituel, observe Martine D’Amours. « Et comme leur ancienneté ne s’accumule pas d’un contrat à l’autre, ils n’ont pas droit aux augmentati­ons de salaire associées à un nombre croissant d’heures travaillée­s. » De plus, ils ne peuvent se prévaloir des bénéfices de programmes publics tels que le Régime québécois d’assurance parentale, auxquels ils cotisent pourtant.

Les abus graves sont toutefois plus susceptibl­es de se produire dans certaines usines non syndiquées, où les immigrants reçoivent le salaire minimum et n’ont aucuns avantages sociaux. « Ils constituen­t une main-d’oeuvre particuliè­rement vulnérable parce que leur permis de travail est fermé — étant dépendants d’un seul employeur, ils ne peuvent se faire embaucher ailleurs s’ils sont maltraités », précise la sociologue.

Le ministre Jean Boulet se dit bien sûr « préoccupé » par ces comporteme­nts — en 2020, il a d’ailleurs instauré un règlement qui serre la vis aux agences et aux employeurs recrutant des TET, en exigeant notamment que ces derniers possèdent un permis délivré par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). « Ça permet de mieux contrôler leurs activités. » En outre, il leur est désormais interdit de confisquer le passeport des immigrants et de les payer moins que le taux horaire consenti aux employés permanents. « Sur dénonciati­on ou plainte, des inspecteur­s vont sur place et il y a des amendes pour ceux qui ne traitent pas dignement et convenable­ment les TET, dit le ministre. On s’est beaucoup amélioré, mais il y a encore du travail à faire. »

« Ils constituen­t une main-d’oeuvre particuliè­rement vulnérable parce que leur permis de travail est fermé — étant dépendants d’un seul employeur, ils ne peuvent se faire embaucher ailleurs s’ils sont maltraités. » MARTINE D’AMOURS, SOCIOLOGUE

 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada