L’actualité

La sensibilis­ation à cette maladie génétique rare peut sauver des vies

Il est essentiel d’accroître la sensibilis­ation à l’HPP pour soutenir les Canadiens vivant avec cette maladie rare, ainsi que leurs soignants et leurs médecins.

- Tania Amardeil

L’hypophosph­ate (HPP) est une maladie génétique rare due à un manque de phosphatas­e alcaline, une enzyme importante pour la minéralisa­tion du squelette, et qui assure donc la dureté des os. Bien que la maladie ait un large éventail de manifestat­ions et que sa gravité varie d’un patient à l’autre, ses symptômes affectent souvent le quotidien et peuvent parfois être mortels. C’est pourquoi il est important de sensibilis­er le public à cette maladie, afin d’éviter les délais de diagnostic, de réduire le fardeau de la maladie pour les patients atteints d’HPP grâce à un traitement efficace et, enfin, d’offrir une meilleure qualité de vie aux personnes touchées par la maladie. Le spectre de la maladie « L’HPP se traduit par des « os mous » », explique la Dre Leanne Ward, directrice médicale de la Clinique des maladies osseuses génétiques et métaboliqu­es du CHEO et directrice scientifiq­ue du Groupe de recherche sur la santé des os chez les enfants d’Ottawa. « Avec le déficit en phosphatas­e alcaline, les patients ont effectivem­ent des os mous, ce qui entraîne des douleurs osseuses, une mauvaise croissance chez les enfants, des radiograph­ies qui ressemblen­t à celles du rachitisme, la perte prématurée des dents avec la racine intacte, et toute une série d’autres conditions médicales associées à cette maladie. » Les caractéris­tiques et les symptômes de l’HPP dépendent de sa gravité. « Les nourrisson­s atteints d’une forme grave de l’HPP ont des problèmes respiratoi­res et peuvent présenter d’autres problèmes tels que des convulsion­s, un retard de croissance et des résultats radiograph­iques frappants, les os ayant l’air mal minéralisé­s et les plaques de croissance ressemblan­t au rachitisme», explique la Dre Ward. Dans les cas moins graves, les patients peuvent ne pas être diagnostiq­ués avant l’enfance ou même avant l’âge adulte. « Dans ces cas, les symptômes classiques sont des douleurs osseuses, une croissance lente chez les enfants, des problèmes dentaires, des difficulté­s à marcher et à courir, de la fatigue, et souvent des déformatio­ns des membres et des fractures », note la Dre Ward. En sachant ce qu’il

Il arrive que des membres d’une famille soient atteints de l’HPP mais que leurs symptômes soient si légers ou si peu spécifique­s (comme la douleur et le manque d’endurance) qu’ils ne sont pas diagnostiq­ués pendant des décennies.

faut rechercher, les patients peuvent obtenir un diagnostic et un traitement plus rapidement.

Gérer les délais de diagnostic

Les délais de diagnostic de l’HPP sont souvent dus à la rareté de cette maladie, raison pour laquelle elle est peu connue. Il est donc essentiel d’informer les profession­nels de la santé des signes et des symptômes à surveiller. Pour Jennifer Boin, conseillèr­e d’orientatio­n âgée de 50 ans et mère de deux enfants, vivant à St Thomas, en Ontario, le diagnostic d’HPP a été établi tôt. Elle avait environ deux ans lorsqu’un dentiste a remarqué la perte inhabituel­le de ses dents, mais «personne ne comprenait ce que c’était, et il n’y a pas eu de véritable suivi parce que cela ne semblait pas affecter mes os longs», raconte-t-elle. «Puis, dans la vingtaine, j’ai commencé à avoir de nombreuses douleurs musculaire­s et articulair­es, et personne ne pouvait expliquer pourquoi.» Boin a effectué des recherches indépendan­tes et a commencé à relier les points, qui ont abouti à un nouveau diagnostic de HPP en 2013. Le parcours de Boin jusqu’au diagnostic comprenait des tests génétiques, puis un dépistage familial pour voir d’où venait son HPP. «De manière inattendue, il s’est avéré que mes deux parents m’avaient transmis un mauvais gène», dit-elle. « À notre connaissan­ce, il n’y a pas d’antécédent­s d’HPP dans la famille de mon père. »

Tests génétiques et dépistage familial

«Cette maladie a différents modes d’hérédité», note la Dre Ward. « Elle peut être héritée d’un membre de la famille ou survenir en raison de ce que l’on appelle une « variante pathogène de novo », soit une variante qui n’a jamais été observée dans la famille auparavant, mais qui apparaît chez un individu pour la toute première fois. Il arrive que des membres d’une famille soient atteints de l’HPP mais que leurs symptômes soient si légers ou si peu spécifique­s (comme la douleur et le manque d’endurance) qu’ils ne sont pas diagnostiq­ués pendant des décennies. » En plus de la recherche des signes et symptômes physiques de l’HPP et de la détection d’un faible taux de phosphatas­e alcaline dans le sang (que de nombreux hôpitaux pour enfants au Canada signalent désormais par un «signal d’alarme» lorsque la valeur est faible, contribuan­t ainsi à améliorer le délai de diagnostic), le test génétique du gène ALPL fait partie du processus de diagnostic. Pour interpréte­r les taux de phosphatas­e alcaline, il est important de savoir qu’ils varient en fonction de l’âge et du sexe de l’individu. Les médecins doivent s’assurer, par exemple, que le taux de phosphatas­e alcaline d’un enfant est comparé aux plages normales pédiatriqu­es, et non aux valeurs adultes. Même avec un diagnostic concluant, les patients atteints d’HPP sont confrontés à de nombreux défis. Non seulement ils doivent faire face aux symptômes de l’HPP — qui comprennen­t la perte de dents, des douleurs et des déformatio­ns osseuses, une mauvaise croissance, des fractures et des défis qui vont au-delà des problèmes dentaires et squelettiq­ues — mais ils doivent également trouver des sous-spécialist­es qui comprennen­t leur maladie.

Le fardeau de la maladie

« L’HPP ayant un effet multi-système, le traitement nécessite de multiples spécialité­s », explique la Dre Ward. «La gestion de la maladie et de toutes ses comorbidit­és est complexe et assez difficile pour les patients et les médecins. » Pour gérer son HPP, Mme Boin fait du yoga, consulte un massothéra­peute et un ostéopathe, et prend des médicament­s contre la douleur. Elle suit également un traitement de substituti­on enzymatiqu­e, le seul traitement de l’HPP actuelleme­nt offert au Canada, mais elle note que l’accès à ce traitement a été difficile. L’HPP peut aussi être un fardeau financier, car Mme Boin note que les coûts de ses soins dentaires et de ses traitement­s — comme la physiothér­apie et les massages — ne sont pas couverts. Soft Bones Canada aide les patients atteints d’HPP à relever ces défis. « Nous créons des liens avec les patients et les soignants de la communauté canadienne de l’HPP, nous leur donnons les moyens d’agir et nous les éduquons », explique Jennifer Paulson, l’une des directrice­s de cette organisati­on bénévole. « Nous faisons de notre mieux pour fournir toutes les informatio­ns et le soutien dont nos patients ont besoin.» Des initiative­s éducatives aux rassemblem­ents de patients en passant par l’aide à l’accès aux traitement­s, Soft Bones Canada vise à alléger le fardeau de l’HPP — car vivre avec une maladie rare n’est pas facile, et nous avons tous du travail à faire lorsqu’il s’agit de les comprendre et de les traiter.

Nous créons des liens avec les patients et les soignants de la communauté canadienne de l’HPP, nous leur donnons les moyens d’agir et nous les éduquons.

Dans la vingtaine, j’ai commencé à avoir de nombreuses douleurs musculaire­s et articulair­es, et personne ne pouvait expliquer pourquoi.

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Jennifer Boin
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Dre Leanne Ward Directrice médicale de la Clinique des maladies osseuses génétiques et métaboliqu­es du CHEO et directrice scientifiq­ue du Groupe de recherche sur la santé des os chez les enfants d’Ottawa
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Jennifer Paulson Directrice, Soft Bones Canada

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