David Paquet
Le poids des fourmis LEMÉAC ÉDITEUR
Que souhaitez-vous que les lecteurs retiennent de votre pièce ?
Avec Le poids des fourmis, sur fond de futur en dérive, je propose une série de collisions entre l’optimisme naïf, mais salvateur et la désillusion lucide, mais énergivore. Ces deux attitudes — et leurs nombreuses déclinaisons — s’entrechoquent tout au long de la pièce, à l’image d’autos tamponneuses dans l’arène de nos angoisses collectives. Idéalement, on en sort secoué, diverti et légèrement décoiffé.
Parallèlement à ces enjeux (ou, précisément, à cause d’eux), j’ai cherché à écrire une pièce pleine d’humour et de théâtralité. Une comédie satirique, donc : grossir pour mieux voir. Surtout, j’ai cherché à pointer l’ombre sans contribuer au cynisme. Si j’écris, c’est que je crois à la parole. Si je fais du théâtre, c’est que je crois à la rencontre. L’art peut vivifier ; de ça je ne doute pas.
EXTRAIT
OLIVIER. Je viens de rêver que je recevais la Terre morte en cadeau.
LA MÈRE D’OLIVIER. Un rêve ! Qu’est-ce que tu penses que ça veut dire ? OLIVIER. Me semble que le message est clair… LA MÈRE D’OLIVIER. Je reviens avec mon dictionnaire des rêves. Donc… Recevoir une claque… Recevoir un courriel… Recevoir un cadeau… Recevoir la Terre en cadeau… Recevoir la Terre morte en cadeau…
(Elle lit et s’arrête rapidement.) Oh… C’est pas bon signe. OLIVIER. Tu m’étonnes… Qu’est-ce que ça dit ? LA MÈRE D’OLIVIER. Ça dit : « Vous êtes dans marde. Tous et toutes dans marde. L’humanité au complet, dans marde. » Laisse faire ça, c’est juste un livre… Si t’arrêtais d’écouter des documentaires, aussi ? Je l’ai vu ton historique.
Je le sais ce que tu googles :
Réchauffement climatique. Surpopulation. Images de familles migrantes qui coulent au fond de la mer. Tu pourrais pas être comme le reste des jeunes de quatorze ans pis écouter des mangas pis de la porno ? Me semble que tu ferais des plus beaux rêves…