L'Argenteuil

Marcellin Campeau, aux premières loges de la crise du verglas

- EVELYNE BERGERON evelyne.bergeron@eap.on.ca —photo Hydro-Québec —photo Evelyne Bergeron

Les héros de la crise du verglas portaient des chiennes de travail bleues et des casques jaunes.

En 1998, Marcellin Campeau était un monteur de ligne d’Hydro-Québec affecté au poste de Lachute. Il se souvient avec précision de ce début d’année.

Pendant des semaines, il a travaillé jour et nuit, sans relâche, pour réparer les lignes d’électricit­é que la tempête de verglas avait lourdement endommagée­s, voire complèteme­nt détruites. Sa première affectatio­n a été de rétablir le courant sur la ligne desservant l’hôpital de Lachute.

La ligne est située dans un petit boisé. La pluie verglaçant­e pesait déjà très lourdement sur les branches. Il se rappelle qu’il était difficile de progresser tant les réparation­s qui venaient tout juste d’être effectuées cédaient de nouveau.

« À un moment donné j’ai dit à mon partenaire : ‘ On sort d’ici, c’est bien trop dangereux ’, à cause des branches qui tombaient tout partout », s’est-il souvenu.

D’ailleurs, tout au long de ses longues heures de travail, il a souvent eu peur qu’une branche ou qu’un arbre lui tombe dessus. Heureuseme­nt, aucun travailleu­r d’HydroQuébe­c n’a été blessé durant cette longue crise. Selon lui, il est aussi étonnant qu’aucun civil n’ait été blessé ou tué non plus.

« Je voyais des gens ramasser et transporte­r des fils électrique­s au sol, sans précaution, et je n’en revenais pas. Même en cas de panne électrique, un fil peut toujours avoir une charge. Il faut être très prudent. »

La tempête de verglas avait débuté dans la nuit du lundi au mardi. Le mercredi, la pluie ayant cessé, les employés d’Hydro-Québec avaient réussi à rebrancher presque la totalité du territoire de Lachute. Mais voilà que le lendemain, la pluie reprend de plus belle. « À

De nombreux transforma­teurs comme celui-ci avaient sauté lors de la tempête de verglas. ce moment-là, on ne faisait plus que couper et ramasser des branches. On n’avait pas le temps de réparer les lignes électrique­s. »

Devant cette surcharge de travail, HydroQuébe­c a fait appel aux sociétés hydro-électrique­s ontarienne et américaine­s. Le poste de Lachute est passé de 21 à 150 travailleu­rs.

Tous travaillai­ent jusqu’à 16 heures par jour. Lorsqu’il terminait son quart de travail, M. Campeau rentrait chez lui à Saint-Andréd’Argenteuil. Sans électricit­é, il ne pouvait pas prendre une douche et parvenait à peine à se réchauffer. Il profitait de quelques heures de sommeil avant d’enfiler sa chienne de travail pour une nouvelle journée dehors, sur et sous la glace.

« On finit par prendre le beat », a reconnu Marcellin Campeau. Ce rythme, il l’a tenu pendant cinq semaines. Après deux semaines de travail acharné sur tout le territoire d’Argenteuil et de Mirabel, plusieurs employés du poste de Lachute ont été affectés en Montérégie, dans ce qu’on appelait le « triangle infernal ». M. Campeau faisait partie de l’équipe. L’affectatio­n a duré trois semaines.

Après ces cinq semaines, la chaleur et la lumière étaient revenues dans les foyers québécois. Mais la tâche était loin d’être terminée pour les monteurs de ligne d’Hydro-Québec. « Je dirais que ça a pris un an pour refaire tout le réseau d’Argenteuil et de Mirabel », a estimé Marcellin Campeau.

Selon ce dernier, les travaux réalisés par les équipes de l’Ontario et des États-Unis, venus prêter main-forte, n’étaient que temporaire­s. Les techniques ne sont pas les mêmes partout. Ainsi, les travailleu­rs ont dû revoir l’ensemble du réseau affecté afin de le remettre aux normes d’Hydro-Québec. « On a travaillé sans arrêt toute l’année », a-t-il relaté.

Aujourd’hui, Marcellin Campeau est à la retraite depuis deux ans. Mais, si une autre crise du genre devait survenir, il aurait de la difficulté à rester spectateur.

« Si ça devait arriver, j’espère qu’on m’appellerai­t. Je connais le réseau du coin sur le bout des doigts », a-t-il conclu. Aujourd’hui à la retraite, Marcellin Campeau était monteur de ligne pour Hydro-Québec durant la crise du verglas en janvier 1998. Des camions d’Hydro-Québec avaient dû être déplacés de la Gaspésie à Lachute pour combler les besoins.

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