L'Argenteuil

INFIRMIÈRE, LE PLUS BEAU MÉTIER DU MONDE ?

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Heures supplément­aires, ratios infirmière/patients, précarité, surmenage…

Voilà des mots qui ont fait la manchette ces dernières semaines. Devant cette réalité exposée dans les médias, les étudiantes en soins infirmiers n’ont-elles pas l’impression de se jeter dans la gueule du loup ?

« PERSONNE NE NOUS A DIT QUE ÇA ALLAIT ÊTRE FACILE »

L’Argenteuil a rencontré deux étudiantes en Santé, assistance et soins infirmiers du Centre de formation profession­nelle Performanc­e Plus de Lachute. Nous voulions connaitre le regard qu’elles portent sur la profession qu’elles s’apprêtent à exercer. Alexandra Sum-Turcotte, 20 ans, obtiendra son diplôme en juin. Elle souhaite poursuivre ses études au collégial pour obtenir son titre d’infirmière et travailler dans les salles d’accoucheme­nt. Karol-Ann Verreault, 24 ans, terminera son cours en avril. Elle fera tout ce qu’il faut pour obtenir un poste en urgence. « Personne ne nous a dit que ça allait être facile », a lancé d’emblée Karol-Ann. Dès leur entrée dans le programme, les étudiantes sont bien au fait de la réalité du métier. Particuliè­rement en ce qui touche les horaires de travail. Elles savent très bien ce qui les attend : travailler une fin de semaine sur deux, être en poste à Noël sinon au jour de l’An, alterner les quarts de travail de jour et de nuit. « En signant comme infirmière, on ne s’engageait pas à faire du 9 à 5 dans un bureau. On s’engageait à faire la différence et le bien dans la vie des gens. C’est le plus beau métier du monde, mais le plus difficile », a déclaré Karol-Ann. C’est cette volonté d’aider et de prendre soin qui ressort du discours des deux étudiantes. « Chaque jour, je me dis que je dois faire un changement dans la vie de quelqu’un », a exprimé Alexandra. Toutes les deux s’entendent pour dire que de faire la différence dans la vie de leurs patients peut s’exprimer par de petits détails. « Ça peut être de lui apporter un jello à l’orange parce qu’il n’y avait rien qui lui plaisait dans son plateau, ou encore réchauffer son bol de soupe parce qu’il ne pouvait pas manger à son retour de chirurgie », a expliqué Karol-Ann. Elles le reconnaiss­ent, la réalité entre la formation et la profession n’est pas la même. Elles en ont pris la mesure lors de leurs stages. Elles y constatent l’épuisement. Elles y entendent les critiques au sujet des horaires. Elles reconnaiss­ent que leur statut d’étudiante leur permet de prendre davantage de temps auprès des patients. Alexandra connait aussi la dure réalité du milieu, elle qui travaille à temps partiel comme préposée aux bénéficiai­res dans un CHSLD. Le manque de personnel y est frappant. « On n’est pas assez, alors on se trouve à quatre pour faire la job de six. C’est pour ça que nous sommes fatiguées », a-t-elle relaté. Selon Isabelle Audet, une de leurs enseignant­es, il est vrai que la situation sur le plancher n’est pas idéale. Mais elle estime que ce qui a été véhiculé dans les médias, ces dernières semaines, ne reflète pas nécessaire­ment la réalité de toutes les infirmière­s. La pénurie d’infirmière­s et les lacunes sur le plan organisati­onnel sont, selon elle, les principale­s sources du problème d’épuisement. « Le problème est là et c’est correct qu’on en parle. C’est ça qui fait avancer les choses », a-t-elle déclaré. Malgré tout, Alexandra et Karol-Ann sont enthousias­tes devant ce qui les attend. Elles persistent à dire que le métier d’infirmière est le plus beau métier du monde.

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—photo Evelyne Bergeron Karol-Ann Verreault, Isabelle Audet et Alexandra Sum-Turcotte voient encore le métier d’infirmière avec le sourire.

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