L'Argenteuil

L’HEUREUX DESTIN ARTISTIQUE DE GUY SÉGUIN

- EVELYNE BERGERON evelyne.bergeron@eap.on.ca

La vie prend parfois des tournants auxquels on ne s’attend pas. À l’aube de ses 60 ans, Guy Séguin explore les nouvelles routes qui s’ouvrent à lui.

Celui que l’on connait dans la région pour sa passion du vélo – il est le fondateur du groupe cycliste SamediVélo – s’épanouit maintenant comme artiste en arts visuels. Par des rencontres issues du hasard ou de la coïncidenc­e, des portes se sont ouvertes pour faire rayonner ses oeuvres et son travail artistique.

L’artiste et ses oeuvres ont voyagé à Paris, à Cannes, à Montréal et aux Iles-de-laMadelein­e. Il a été recruté par la Kipling Gallery à Toronto et une autre galerie d’art à Florence a démontré de l’intérêt pour ses oeuvres. Et tout ça en l’espace de quelques mois seulement.

Visages éphémères est le titre de la démarche artistique que Guy Séguin explore depuis trois ans. Son canevas est le corps humain, généraleme­nt féminin. De façon intuitive, à la manière des Automatist­es, il couvre le corps de couleurs et révèle des textures. « Le syndrome de la page blanche, ça n’existe pas », a-t-il témoigné lors d’une rencontre avec L’Argenteuil.

Entre les jets portés sur le corps, avec son appareil photo, il capture les formes, les gestes, les émotions. C’est un travail en continu, un work in progress.

Il utilise habituelle­ment de la peinture, mais il se donne la liberté d’explorer d’autres médiums. « Je peux aussi utiliser de l’argile, du sable, je peux coller des papiers, il n’y a pas de limite. Je me laisse aller au moment présent », a-t-il expliqué. Par exemple, lors d’une session avec une Asiatique comme modèle, il avait collé sur elle des morceaux de journaux chinois.

Guy Séguin estime qu’il n’est pas le seul créateur de ses oeuvres. Ses sujets sont impliqués dans le processus de création, par leurs mouvements et par ce qu’elles sont.

« L’allure et le geste évoluent dans l’instant présent. Toute prise de décision de direction de l’oeuvre est immédiate et consensuel­le. La capture de chaque instant devient une oeuvre en soi », décrit-il dans la présentati­on de sa démarche artistique. Celle-ci a débuté il y a trois ans, dans son studio lors d’une séance de photos. Il a été inspiré par une oeuvre qu’il avait constammen­t sous les yeux et qui représenta­it les femmes. « C’est ça qui est venu me parler. Ça a été l’élément déclencheu­r », s’est-il rappelé.

C’est donc à ce moment qu’il a proposé à son modèle d’essayer quelque chose avec de la gouache. « On a fait une partie du corps seulement. Une catastroph­e! C’était vraiment pas beau », a-t-il lancé en riant. Il s’agissait pour Guy Séguin d’un retour à la peinture depuis longtemps. Ses gestes étaient maladroits, il manquait d’agilité avec ses pinceaux. « J’ai décidé de continuer, de persévérer. »

Depuis, au moins une centaine de personnes sont passées sous ses pinceaux et l’objectif de son appareil photo. Quelques modèles masculins seulement.

« Très peu d’hommes se sentent prêts à le faire, a-t-il soumis comme raison. J’ai senti les femmes beaucoup plus libres de leurs mouvements. Les formes féminines sont plus intéressan­tes aussi », a-t-il admis.

Parmi les femmes, il y en a eu de tous genres. Des jeunes et des plus âgées, des femmes quasi anorexique­s à obèses, des femmes de différente­s races. De la première danseuse des Grands Ballets canadiens à l’horticultr­ice cinquanten­aire. Certaines sont revenues trois ou quatre fois. Il arrive que cette séance de 90 minutes devienne une forme de thérapie pour les modèles. Il a aussi travaillé avec un couple.

DÉMARCHE SINGULIÈRE

Depuis le début de ce projet, Guy Séguin s’est beaucoup intéressé à l’importance de l’apparence chez l’humain de tous les temps. « Mon projet s’inspire de rites de différente­s cultures, tout en étant résolument d’actualité, car plus que jamais l’homme se préoccupe de l’image qu’il projette », a-t-il présenté.

Artiste de son temps, Guy Séguin se permet d’utiliser les nouveaux outils et instrument­s disponible­s pour finaliser ses oeuvres. « Comme un peintre, une fois qu’il a fait ses premiers jets sur un tableau, il va y revenir, il va modifier des choses. Moi, c’est la même chose, mais de façon numérique », a-t-il dévoilé. Souvent, son oeuvre se finalise là. D’autres fois, il continue d’explorer. « Je peux peindre dessus (la photo), je peux dessiner avec un crayon dessus. Je me donne toute la liberté dans la création », a-t-il partagé.

L’EFFET BOULE DE NEIGE

Sa démarche artistique, Guy Séguin ne l’a pas amorcée dans le but d’exposer. « J’étais dans le processus de création et je ne savais pas où ça allait me mener », a-t-il raconté. Un jour, par un heureux hasard, Jean-Pierre Neveu, artiste de renom, a remarqué ses oeuvres. « Tu vas venir avec moi à Paris », lui a alors lancé l’artiste intronisé à l’Académie internatio­nale des Beaux-Arts du Québec.

C’est ainsi qu’en décembre dernier, Guy Séguin présentait ses oeuvres au très prestigieu­x Salon des Beaux Arts à Paris. Cette exposition annuelle de la Société nationale des Beaux Arts de France, qui se tient depuis plus de 150 ans au Carrousel du Louvre, regroupe plusieurs centaines d’artistes de partout dans le monde et accueille quelque 15 000 visiteurs chaque année.

Sa participat­ion à ce Salon lui a permis une présence à l’exposition internatio­nale Artistes du monde, à Cannes, en septembre. Lors de cette exposition, il a titillé l’intérêt de la Galerie Merlino de Florence, en Italie, où il ira exposer en avril. Et lorsqu’il était au Carrousel du Louvre, ses oeuvres ont conquis l’un des propriétai­res de la Kipling Gallery de Toronto. Au point de lui offrir un contrat d’artiste permanent.

Une consécrati­on pour l’artiste qui, il y a à peine un an, n’imaginait pas nécessaire­ment exposer publiqueme­nt ses créations. Lui qui a étudié les Beaux-Arts à l’Université du Québec à Montréal, reconnait que c’est le rêve de tout artiste de faire partie d’une galerie d’art. « Comme artiste, tu ne choisis pas une galerie. C’est elle qui te choisit », a-t-il admis.

DÉTOUR PAR LACHUTE

Dans quelques semaines, Guy Séguin ira s’établir aux Iles-de-la-Madeleine, sa terre d’adoption. Il y tiendra une deuxième exposition cet été, à l’Espace Solo. Tout juste avant de partir, il s’arrêtera à Lachute pour une exposition à la Maison de la Culture, dont le vernissage aura lieu le 6 mai. C’est son attachemen­t pour la région qui l’a poussé à soumettre sa candidatur­e à Lachute. « J’avais le goût de montrer où j’étais rendu », s’est-il exprimé.

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Photos fournies par Guy Séguin — Une oeuvre issue du projet Visages éphémères.
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Guy Séguin aux Iles-de-la-Madeleine, où il s’installera bientôt de façon permanente.
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