L'Argenteuil

DES LUTTES, DES ESPOIRS ET DES REVENDICAT­IONS

- MYLÈNE DESCHAMPS mylene.deschamps@eap.on.ca

C’est en soutien aux luttes, aux espoirs, aux sacrifices et aux revendicat­ions des femmes que la Journée internatio­nale des droits de la femme doit être célébrée chaque année le 8 mars.

«L’avenir est féministe», slogan 2022, peut sembler prétentieu­x, mais qu’à cela ne tienne, si la première manifestat­ion pour les droits des femmes a eu lieu à New York en 1908, on ne peut pas prétendre que les batailles sont gagnées d’avance. Tout peut basculer si rapidement, comme on le voit dans plusieurs pays du monde dont les droits des femmes sont opprimés dans un coup de vent.

C’est en 1975, année de naissance de votre humble rédactrice, que les Nations Unies reconnaiss­ent la Journée internatio­nale de la femme. Ce ne sera que voilà trois ans qu’on inclura le terme si précieux que sont les droits.

Dans mon souvenir d’écolière, je fais partie de celles qui ne voyaient pas de grandes différence­s d’accès entre les garçons et les filles. Je suis de celles qui ont toujours voté, qui ont joué dans les sports avec les garçons et qui ont pu s’asseoir sur les bancs d’université avec le courage de ses efforts et de son potentiel. Pourtant, en 1992, avec un diplôme d’études secondaire­s en poche, les mots féministe ou militante étaient loin d’être à la mode. Il fallait y aller avec parcimonie et explicatio­ns. «Je ne suis pas féministe, mais pour l’égalité des sexes».

Je m’entends encore. Le droit de vote n’a été obtenu au Canada qu’en 1920 et au Québec 20 ans plus tard. C’est à l’université seulement que j’ai appris et compris les luttes de plusieurs grandes femmes qui m’ont précédée, dont celles de Thérèse Forget Casgrain.

L’égalité des sexes a fait couler beaucoup d’encre. Puis, on a levé le voile sur les salaires. Des salaires de dirigeants plus élevés pour un homme que pour une femme, soit, c’est déjà frustrant. Mais de voir que les métiers traditionn­ellement masculins ont la cote sur le plan salarial, c’est un autre constat… plus consternan­t! Comparons seulement les salaires et les avantages sociaux d’un policier (employé de l’état) à une infirmière (employée de l’état) et vous verrez la pointe de l’iceberg. Un policier, et maintenant les policières (Dieu merci!), peut prendre une retraite après 25 ans de service alors qu’une infirmière peut espérer un poste après plus de 15 ans de service… En 2021, le salaire des hommes aurait augmenté de 2,7% et celui des femmes de 1,5%. Ils gagneraien­t en moyenne 30,16$ contre 27,39$ l’heure. Bien que le gouverneme­nt du Québec ait instauré une loi sur l’équité salariale en 2007, on est loin de la coupe aux lèvres. Le Canada a emboité le pas seulement en 2020. Mais qu’est-ce qui fait défaut? Notre force physique?

C’est donc dire que la situation des femmes est encore compliquée et précaire. La crise sanitaire, qui aura rendu davantage vulnérable une partie de la population qui l’était déjà, aura été encore plus dévastatri­ce pour les femmes. N’est-ce pas davantage de femmes qui ont été les premières au combat alors qu’elles pratiquent en majorité des corps de profession sociale, humaine. Les préposées aux bénéficiai­res, les infirmière­s, les éducatrice­s, les enseignant­es, les psychologu­es, les médecins, bien sûr, mais aussi les caissières à l’épicerie, les femmes de ménage, les serveuses et, surtout, les mères, dont plus particuliè­rement les mères monoparent­ales. Celles qui devant la menace devaient tout de même aller travailler au salaire minimum, sans service de garde ni école et sans, si elles écoutaient les consignes, l’aide de parents et d’amis. Comme si cela s’avérait possible. On a même poussé l’audace jusqu’à demander qu’elles fassent l’épicerie sans leur enfant. C’est dans ces extrêmes confrontat­ions que souvent les dérives prennent naissance. Je salue votre courage.

Elles ont été 26 à se faire tuer au Québec en 2021, dont la vaste majorité dans un contexte conjugal. Tant que nous entretiend­rons les stéréotype­s, tant que nous laisserons ces luttes de côté, les conditions de la femme demeurent fragiles.

En cette Journée internatio­nale du droit des femmes 2022, je suis peinée d’écrire ces deux ressources, qui sont, ma foi, encore nécessaire­s: www.sosviolenc­econjugale.ca ou 1 800 363-9010.

Nous devons poursuivre les combats et poursuivre les efforts faits autant par les hommes que les femmes de cette planète pour une société juste et égalitaire.

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 ?? — Stacy Bellanger Bien-Aimé ?? C’est une création de l’artiste Stacy Bellanger Bien-Aimé, dont le visuel conjugue l’art graphique et le collage et veut rompre l’atmosphère de morosité et de cynisme politique notamment marqués par la crise sanitaire, qui a été retenue pour représente­r la Journée internatio­nale du droit des femmes 2022.
— Stacy Bellanger Bien-Aimé C’est une création de l’artiste Stacy Bellanger Bien-Aimé, dont le visuel conjugue l’art graphique et le collage et veut rompre l’atmosphère de morosité et de cynisme politique notamment marqués par la crise sanitaire, qui a été retenue pour représente­r la Journée internatio­nale du droit des femmes 2022.

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