L'Argenteuil

ÇA POUSSE CHEZ VOUS?

- FRANÇOIS DANIEL nouvelles@eap.on.ca

Le 14 avril 1994, Diane Filion, Francine Desrosiers et sept autres citoyens passionnés de jardins se réunissent autour du bien nommé Yvon Bellefleur et fondent la Société d’horticultu­re d’Argenteuil (SHA).

Vingt-sept ans plus tard, grâce à elle, la région s’est enrichie de nombreux jardins, certains modestes, d’autres somptueux, mais qui traduisent tous les connaissan­ces et la créativité de leurs propriétai­res. On est désormais loin des quelques géraniums plantés dans un pneu au milieu d’une pelouse.

Aujourd’hui, la SHA compte une centaine de membres bien que la pandémie lui en ait fait perdre quelques-uns. La pandémie et Internet, car on trouve maintenant sur la toile et sans bourse délier une foule de sites horticoles riches d’informatio­n ce qui n’était pas le cas il y a vingt ans.

En revanche, les sociétés horticoles comme la SHA permettent, en temps normal, des contacts humains. Des échanges de plantes aussi. Au siècle dernier, dans les années soixante, la mode était aux rocailles et aux gazons qu’on entretenai­t à grand renfort d’engrais et d’herbicides pour qu’ils ressemblen­t aux pelouses anglaises. Ces dernières constituai­ent la référence bien que le Québec ne bénéficiât pas du climat des îles britanniqu­es.

Dans la région, la SHA a beaucoup fait pour transforme­r les mentalités. Par ses cours d’aménagemen­t paysager, ses conférence­s et ses ateliers, elle a exercé une influence déterminan­te sur le comporteme­nt de jardinier en devenir. Il faut dire qu’à la fin des années 90, une foule d’indices annonçaien­t le succès de cette activité. L’augmentati­on de l’espérance de vie, la prise de retraite anticipée, les mouvements de la population urbaine vers la campagne, la redécouver­te de la nature, les fluctuatio­ns du climat, l’influence des médias consacrés à l’horticultu­re ont tous contribué à la multiplica­tion des pépinières, à la production de nouvelles variétés de plantes, bref à la croissance de l’horticultu­re qui est devenue une industrie de 1,4 milliard de dollars en 2019 au Québec.

À Lachute, dit Manon Choinière, présidente de la SHA, les choses ont bien changé depuis la fondation de l’organisme. Comme d’ailleurs, partout au Québec. Les amateurs ne se contentent plus seulement de plates-bandes fleuries. Ils s’intéressen­t de plus en plus à la culture de végétaux comestible­s. Depuis les fines herbes en bacs qu’on fait pousser sur son balcon jusqu’aux arbres fruitiers que l’on plante sur son terrain, ce qui se mange a la cote. Au point que, de plus en plus, on voit des plates-bandes mixtes où tomates et concombres côtoient hémérocall­es et hostas. La quantité de fleurs comestible­s est aussi à la hausse. C’est en somme une sorte de retour du balancier puisque dans les années cinquante, à la campagne, nombre d’agriculteu­rs égayaient leur potager avec des roses trémières et des glaïeuls.

L’âge moyen des membres a quelque peu baissé à la SHA. Mme Choinière pense que les plus jeunes, sans doute à cause de leurs préoccupat­ions écologique­s, ont tendance à pratiquer l’horticultu­re davantage que les retraités qui préfèrent voyager et faire appel à des paysagiste­s pour réaliser le jardin de leurs rêves. On a pu constater d’ailleurs dans Argenteuil une augmentati­on du nombre de ces artisans depuis vingt ans.

La pandémie a donné un dur coup à la SHA. Comme la plupart des activités se déroulent en personne, les réunions, les ateliers et les conférence­s ont été suspendus. Ces dernières reprendron­t toutefois à la fin du mois. Les thèmes choisis reflètent bien les changement­s. La première conférence, qui a eu lieu le 20 avril dernier et prononcée par M. Serge Fortier, a porté sur la culture sans engrais ni «cides» d’aucune sorte selon les principes d’agricultur­e naturelle émis par le microbiolo­giste japonais Masanobu Fukuoka. Une autre, le 21 septembre, traitera de la fabricatio­n d’une cave à légumes. Entretemps, le 18 mai, Julie Boudreau abordera le domaine des fleurs comestible­s et autres production­s alimentair­es. On prépare de nouvelles conférence­s pour la rentrée de septembre de même que des ateliers pour l’année prochaine.

Autre conséquenc­e de la pandémie: suspension­s des visites locales de jardins, des cours et des voyages. Dans une vie antérieure, la SHA a déjà organisé un séjour aux Pays-Bas, grand producteur de tulipes. S’il n’est pas question pour le moment de voyage à l’étranger, on prévoit se rendre aux mosaïcultu­res de Québec les 6 et 7 juillet prochain et en octobre, la Société organise une journée «cidre et noix » dans Lanaudière. Plus précisémen­t à St-Ambroise au jardin de noix et à l’Abbaye Val Notre-Dame. En somme, même malmenée par la Covid, la SHA se refait une santé et reprend sa place dans la vie sociale d’Argenteuil.

 ?? —photo François Daniel ?? Manon Choinière (à gauche), présidente de la SHA et Céline St-Pierre, secrétaire du conseil d’administra­tion.
—photo François Daniel Manon Choinière (à gauche), présidente de la SHA et Céline St-Pierre, secrétaire du conseil d’administra­tion.

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