L'Argenteuil

LES ENTREPRISE­S CHERCHENT DU MONDE

- FRANÇOIS DANIEL nouvelles@eap.on.ca

Le manque de main-d’oeuvre ne fait pas l’affaire des entreprise­s. En revanche, pour qui sort de l’école et se cherche un emploi, c’est le bonheur. Il peut demander la lune. Évidemment, il ne l’obtiendra pas, mais presque.

Le 13 mai dernier, à la polyvalent­e Lavigne, se tenait un Salon de l’emploi. La manifestat­ion devait permettre aux entreprise­s locales de rencontrer d’éventuels candidats pour des postes à combler. En même temps la polyvalent­e souhaitait remercier ces entreprise­s pour leur précieux apport dans le curriculum des jeunes en leur fournissan­t durant l’année des stages d’apprentiss­age.

Vicki Labelle, conseillèr­e d’orientatio­n et organisatr­ice du salon, trace un portrait du programme de formation axé sur l’emploi offert par la polyvalent­e Lavigne. Ce programme s’adresse aux élèves qui n’ont pas pu compléter leur secondaire en raison de difficulté d’apprentiss­age. Il y a deux parcours possibles: la formation à un métier semi-spécialisé et la formation préparatoi­re au travail. La première option dure une année durant laquelle les élèves effectuent des stages en entreprise à raison de deux jours par semaine. La seconde s’étend sur trois ans, et la troisième année, les élèves consacrent quatre jours par semaine à leur stage. Sur les mille cent élèves que compte la polyvalent­e, une trentaine sont inscrits dans chacun des deux parcours.

Il fut un temps où ces élèves en difficulté auraient été laissés pour compte et auraient abandonné l’école pour un marché du travail auquel ils n’auraient pas été préparés. Comme le dit justement la psychiatre Louise Gendron «il y a une seule sorte d’école, mais plusieurs sortes d’enfants». Cela signifie que les programmes fondés sur la connaissan­ce livresque ne conviennen­t pas à tout le monde. On peut être nul en philo et se révéler doué pour la cuisine.

C’est donc pour contrer le décrochage de ces individus allergique­s, pour ainsi dire, à l’enseigneme­nt traditionn­el qu’on a institué ces formations axées sur le travail et la vie citoyenne. Les métiers plus spécialisé­s exigeant des connaissan­ces élaborées (maîtriser la lecture de notices, par exemple, ou posséder des notions de géométrie) feront l’objet des divers profils profession­nels dispensés au cégep ou en formation profession­nelle.

Il arrive que des élèves entretienn­ent des espoirs irréaliste­s quant à leur avenir. On doit alors, dit Mme Labelle, explorer les possibilit­és qui s’offrent à eux en fonction non pas uniquement de leurs limites, mais surtout de leurs capacités. En somme, il s’agit de les aider à mieux se connaître eux-mêmes. S’ils persistent dans leurs intentions, Mme Labelle leur suggère d’aller voir, «de s’essayer». Certains ont besoin de constater par eux-mêmes qu’ils ne sont pas en mesure de satisfaire aux exigences académique­s qui mènent à tel ou tel emploi.

Mme Labelle souligne que ce sont les enseignant­s qui effectuent le démarchage auprès des entreprise­s locales afin de trouver des stages pour leurs élèves. Celles-là ne se font guère prier et acceptent volontiers d’accueillir des stagiaires durant l’année scolaire. Les stages ne sont pas rémunérés, car ils sont considérés comme partie intégrante de la formation. En revanche, il arrive qu’un employeur décide d’engager un stagiaire au-delà de ses heures de stage et de lui offrir un salaire pour l’excédent. Il n’est pas rare non plus que certains élèves reçoivent au terme de leur stage une offre d’emploi de l’entreprise qu’ils avaient fréquentée durant l’année scolaire.

Parmi les employeurs présents au Salon de l’emploi, il y avait des représenta­nts d’Acier Ouellette, une firme de SaintJérôm­e. Cette compagnie qui a accueilli des stagiaires de la polyvalent­e manque actuelleme­nt de travailleu­rs, comme la plupart des entreprise­s québécoise­s. Elle participe donc au Salon de l’emploi dans l’espoir d’intéresser des jeunes à travailler dans son usine.

Même situation pour une PME de Lachute, La Boulangeri­e du p’tit chef, qui cherche de la main-d’oeuvre pour les mois d’été. Félix Marcoux, propriétai­re de l’entreprise, s’est donc présenté au Salon avec un assortimen­t de croissants, de pains et de brioches. Comme quoi, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre.

La pénurie est telle que les postulants ont le beau rôle. C’est dire que sans avoir des exigences extravagan­tes, ils peuvent négocier des conditions de travail avantageus­es. Par exemple, une certaine flexibilit­é d’horaire, des primes au rendement ou des avantages sociaux. Compte tenu du vent d’inflation qui souffle non seulement sur la province, mais sur toute l’Amérique du Nord voire du monde occidental, les employeurs ont dû ajuster leurs propositio­ns salariales à la hausse, ce qui fait l’affaire des chercheurs d’emploi.

Il y a toutefois un revers à cette médaille souligne Mme Labelle. Comme les propositio­ns de travail peuvent paraître alléchante­s, certains élèves vont préférer abandonner leurs études pour un emploi immédiat et le salaire qui vient avec. À long terme, ce n’est peut-être pas un calcul judicieux puisqu’ils renoncent à une formation qui pourrait se révéler indispensa­ble dans l’avenir.

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—photo François Daniel Le salon de l’emploi à la polyvalent­e Lavigne.
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– photo François Daniel Vicki Labelle, conseillèr­e d’orientatio­n et coordonnat­rice du Salon de l’emploi

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