Le Magazine de l'Auto Ancienne
LA CHEVROLET MONTE CARLO
Une carrière remarquable
Lorsque la General Motors décida de placer ses jetons sur la table de jeu de ce célèbre casino de Monaco, elle fit banco!
En 1970, les voitures musclées américaines sont à leur apogée et cela incite Chevrolet à se lancer sur ce marché lucratif avec la Monte Carlo. Luxueux coupé qui ne manque pas de puissance, la Monte Carlo tient à se démarquer du reste de la gamme Chevrolet. Cousine de la Pontiac Grand Prix sortie un an plus tôt, elle est destinée à une clientèle de classe moyenne désireuse de posséder une voiture confortable, aux dimensions généreuses, à l’aspect élégant et cossu. Elle est proposée à sa sortie à un prix d’appel de 3 123 $. La Ford Thunderbird, sa concurrente directe, est bien plus chère (4 961 $). La Monte Carlo est donc censée être la première voiture de luxe abordable. Construite à partir de la Chevelle, le modèle intermédiaire populaire de Chevrolet, la Monte Carlo arbore des insignes se voulant synonymes de prestige, en forme de bouclier moyenâgeux surmonté d’un heaume. Aucun logo Chevrolet n’indique son origine afin d’accentuer son caractère très exclusif!
L’idée de la Monte Carlo vient du PDG Elliot M. Estes, qui avait auparavant dirigé Pontiac, et spectaculairement augmenté ses ventes. Estes a collaboré avec le principal concepteur de Chevrolet, Dave Holls, pour produire un coupé musclé de quatre places et deux portes. Lorsque la Monte Carlo a été dévoilée le 18 septembre 1969, Estes avait déjà quitté Chevrolet. Le nouveau PDG, John DeLorean, avait lui aussi dirigé Pontiac, où l’un de ses projets avait été la Pontiac Grand Prix, qui, comme indiqué ci-haut, devint la véritable inspiratrice de la Monte Carlo.
Le nom Monte Carlo doit évoquer dans l’esprit du client la douceur de vivre à l’européenne. Une publicité à la télévision de 1970 est même illustrée par de l’accordéon, une chanson en français et une voix énonçant un texte en anglais avec l’accent français!
Présentée dans le segment des « personal cars », la Chevrolet Monte Carlo emprunte une partie de sa silhouette à la Cadillac Eldorado et une partie de sa carrosserie à la Chevelle. Elle se distingue par un capot très long, un coffre court, des petits feux arrière verticaux logés dans les ailes et une ligne affinée pour accentuer l’impression de longueur. Son gabarit est de 5,25 m de long pour 1,93 m de large. Elle est équipée de tous les accessoires de confort possibles, en série ou en option.
Disponible uniquement en coupé hardtop, équipée au choix de moteurs V8 5.7l, 6.6l ou 7.5l ainsi que de la boîte automatique en série, elle rencontre un succès tout à fait remarquable : 130 657 modèles produits en 1970, 128 600 en 1971, puis une apothéose en 1972, fin de la première génération avec 180 819 exemplaires. Au cours de ses 3 années de production, elle reçoit de subtiles retouches
esthétiques portant notamment sur le dessin de la calandre, l’écusson de capot, la forme des phares et l’emplacement des feux clignotants avant. Dotée de freins avant à disques et d’un châssis performant, elle est disponible en version SS (Super Sport), avec le gros bloc 454 V8 7,5 litres développant plus de 360 chevaux jusqu’en 1971. L’autoroute est son domaine de prédilection, sa puissance et sa souplesse y font merveille. La Monte Carlo 1970 a été popularisée au cinéma dans le film Fast and Furious : Tokyo Drift. Un modèle 1972 à l’état d’épave est aussi conduit par Jim Carrey dans la comédie Ace Ventura, détective pour chiens et chats.
Les trois premiers millésimes (en particulier les modèles SS) de la Monte Carlo sont aujourd’hui assez recherchés. Le succès de la Monte Carlo a été remarquable, avec 159 341 modèles produits en 1970 dont 3 823 SS 454, 128 600 en 1971 dont 1 919 SS, une baisse de production due à une grève qui dura 67 jours, puis une apothéose en 1972, fin de la première génération avec 180 819 exemplaires.
Plus volumineuse avec ses 5,40 m de longueur et 1,97 m de largeur, la Monte Carlo de la deuxième génération est saluée par la presse, notamment le magazine Motor Trend qui lui décerne le titre de « voiture de l’année 1973 ». Revu esthétiquement, le coupé, qui n’est plus un hardtop, bénéficie de nombreuses améliorations techniques au niveau du châssis, des réglages du train avant et des barres stabilisatrices. Des pneus radiaux sont montés en série et les pare-chocs correspondent aux normes sécuritaires imposées par les nouvelles règlementations fédérales. La Monte Carlo 1973 enregistre des records de ventes pour Chevrolet, avec près de 250 000 unités vendues pour ce millésime.
Déclinée en 3 versions : sport coupé, S sport coupé et Landau sport coupé, la Monte Carlo voit sa version basique supprimée dès 1974. Malgré la crise pétrolière, les ventes de la Monte Carlo ne sont pas affectées puisqu’un nouveau record de 300 000 unités vendues est atteint en 1974. L’année suivante, les modèles Monte Carlo subissent des augmentations tarifaires en raison des équipements visant à la réduction des émissions polluantes. De ce fait, le millésime 1975 est impacté au niveau de ses ventes, qui retombent à 250 000 unités produites.
Les motorisations sont de moins en moins nombreuses et puissantes au fil des années. Les performances n’étant plus à l’ordre du jour, les priorités sont la sécurité, l’économie d’essence et la limitation des émissions polluantes. Ainsi, le fameux 454 pouces cubes (7,5 l) étranglé à 235 CV disparaît du catalogue en 1976, alors que le 5,0 l de 140 CV devient l’offre standard. Le 6,6 l réglé à 175 CV subsiste encore un an, et en 1977 seuls le 5,0 l et le 5,7l sont disponibles.
Mieux adaptée au marché, esthétiquement séduisante et dotée d’excellentes qualités routières, ses chiffres de production vont s’envoler pour atteindre les 312 217 exemplaires en 5 ans. Elle recevra des modifications mineures tout au long de sa fabrication, la plus notable étant l’apparition de doubles phares superposés de forme carrée en 1976. On aperçoit une Monte Carlo Bordeaux de 1976 dans le film Casino, conduite par Joe Pesci, quand ce dernier arrive à un rendez-vous avec Robert De Niro.
En 1976, la Monte Carlo signe encore un beau record avec 352 272 unités produites, puis à nouveau en 1977 avec 411 038 véhicules.
En 1978 apparaît la toute nouvelle Monte Carlo de la troisième génération, avec empattement réduit de 20 cm, suivant la grande vague de raccourcissement des modèles opérée par General Motors à l’époque. Toujours à propulsion, mais plus légère de 400 kg, sa longueur est maintenant de 5,09 m et sa largeur de 1,87 m. Disponible en version de base avec un moteur V6 3,8 l d’une puissance faible (105 CV), elle peut être commandée avec un V8 5,0 l de 145 CV, puis 160 CV en 1979. Elle arbore une ligne similaire aux modèles précédents, mais bien moins imposante, qui persistera jusqu’en 1980. Production par année pour cette génération : 1978 : 358 191 unités – 1979 : 316 923 unités – 1980 : 148 842 unités. Un bel exemplaire de Monte Carlo 1979 est conduit par Denzel Washington dans le film Training Day (2001).
La 4e génération marque un tournant esthétique en 1981. Semblable aux autres modèles de General Motors, Oldsmobile Cutlass, Pontiac Grand Prix et Buick Regal, son profil est plus net, lisse et tendu. Elle retrouve les feux arrière verticaux abandonnés en 1978. Les modèles les plus intéressants de cette période sont les finitions SS (Super Sport). L’appellation est ressortie des cartons en 1983 pour vendre un modèle équipé du V8 5 litres « poussé » à 175 CV puis 180 CV à partir de 1984. Elle sera maintenue dans la gamme au prix de modifications cosmétiques jusqu’à ce que les ventes s’effondrent, en 1988.
La Monte Carlo renaît de ses cendres en 1995 sous la forme d’une voiture moderne à traction avant, dérivée de la berline Lumina, mais qui aura perdu l’attachement des générations des années 1970-80.
CHEVROLET MONTE CARLO SS 1987
Dans la foulée des rares musclées, une Chevrolet omniprésente dans les années 1980 et à la recherche de son identité : la Chevrolet Monte Carlo SS 1987. Est-elle un classique convoité ou juste une très belle voiture d’occasion?
Rassurons les sceptiques, car cette ultime musclée a rapidement acquis le statut tant convoité de « voiture de collection et d’intérêt spécial ».
Les coupés de taille moyenne, en tant que style de carrosserie, ont pratiquement disparu en 2021, à l’exception de certains modèles de luxe européens. Dans les années 1970 et 1980, ils étaient cependant très populaires. Mon père possédait une Monte-Carlo de cette époque, qui, pour lui, était un mode de transport familial tout à fait raisonnable. Aujourd’hui, bien sûr, si un père de deux enfants conduisait ses enfants à l’école dans un coupé deux portes à propulsion pendant un hiver typiquement québécois, il serait probablement accusé de mettre la vie de ses enfants en danger! La préparation hivernale à l’époque consistait généralement à jeter un sac de sable dans le coffre pour mettre plus de poids sur les roues motrices équipées de pneus 4 saisons de chez Canadian Tire. On était loin des règlementations actuelles!
Le Chevrolet Monte Carlo 1987, qui fait partie de la quatrième génération, était disponible en modèles LS et SS (le modèle de base n’était plus offert). Ce fut, hélas, l’avant-dernière année pour la Monte-Carlo V-8 à propulsion. L’Aerocoupe était également disponible, dont seulement 200 exemplaires avaient été produits l’année précédente. La puissance provenait d’un moteur V6 de 262 pouces cubes avec injection de carburant à corps de papillon et de nouveaux poussoirs de soupape à rouleaux. Un V8 à carburateur de 305 pouces cubes, offrant 150 chevaux, était également disponible. Le SS est livré de série avec un moteur V8, développant 180 chevaux. Le LS est livré de série avec le V6 de 4,3 litres. Prix du modèle de base : 13 520 $. Vitesse maximale:190 km/heure
Les Monte-Carlo propulsées par des moteurs à six cylindres ont été accouplées à une boîte automatique à trois vitesses en équipement de série. Les moteurs V8 avaient une boîte de quatre vitesses.
Les changements de style comprenaient des feux arrière légèrement révisés. Les styles de carrosserie comprenaient les versions coupé à cran arrière et aérocoupe fastback. L’Aerocoupe avait été introduit en 1986 en tant que modèle spécial à production limitée avec 200 exemplaires construits pour se qualifier en vue d’une utilisation dans les courses de voitures de série. Pour 1987, la production d’Aerocoupe a atteint un total de 6 052 exemplaires. La Monte Carlo 1988 était alors le seul coupé six places à propulsion de Chevrolet qui avait abandonné son style de carrosserie deux portes Caprice pleine grandeur après l’année modèle 1987.
Cette Monte Carlo demeure un très bel exemple de pugnacité et de résilience de ce que fut cet admirable modèle de la General Motors.
Autant que je me souvienne, dès ma tendre enfance, mes goûts ont toujours été orientés vers l’automobile sous toutes ses formes. Même si mon grand-père était commerçant en pièces de voitures, je n’ai subi aucune influence de ce côté-là! Ce fut pour moi une attirance tout à fait spontanée et naturelle, qui a pris de l’ampleur au fil des ans. À l’âge de 17 ans, ma première automobile d’occasion fut une Chevrolet Monte Carlo strictement de base : donc rien de bien excitant jusqu’à ce que je devienne propriétaire, plusieurs années plus tard, d’une Camaro 1987. Mais étant le fier papa de trois enfants, je dus me résoudre à acquérir un véhicule plus spacieux. C’est ainsi que je suis revenu à mes amours de jeunesse avec l’achat d’une autre Monte Carlo mais celle-là, d’un modèle beaucoup plus intéressant! Je l’ai dénichée dans la région de Sorel-Tracy, mais en réalité, elle avait été achetée neuve par un collectionneur de Berthierville. Je possède également une jolie Chevrolet utilitaire C-10 1979, mais la Monte Carlo demeure ma favorite de l’heure!
Par contre le véhicule qui alimente mes rêves les plus fous est une Corvette 1967 équipée du fameux moteur 427! Un jour peut-être… Vous envisagez de devenir propriétaire d’une belle ancienne? Voilà une excellente idée! Cependant, prenez bien le temps de réfléchir avant de vous lancer dans cette belle aventure. Informez-vous auprès de ceux et celles qui en possèdent déjà une ou deux. Établissez les limites de vos balises financières et optez pour ce qui vous attire le plus. Il est évident qu’une voiture ancienne « clé en main » est préférable -- si vous en avez les moyens – à un long projet de restauration. Tout ça est une question de choix personnel et surtout aussi de moyens financiers. Quelle que soit l’option retenue, laissez-vous guider par cette merveilleuse passion et vivez-la au maximum! Au plaisir d’une prochaine rencontre « non confinée » en 2021!