Le Magazine de l'Auto Ancienne

AMC PACER 1975

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L’AMC Pacer est une oeuvre sortie tout droit des délires de designers, et l’une de ces rares créations atypiques qui arrivent au stade de la production. Une fois sur le marché, ce genre de véhicule est soit aimé par la clientèle, soit détesté. Concernant l’AMC Pacer, c’est hélas un clivage qui s’opère en sa défaveur, toutefois, le modèle a su rebondir à l’exportatio­n…

Au début des années 1970, les dirigeants d’AMC sont préoccupés par le succès de la Volkswagen Coccinelle ainsi que par le très bon début de commercial­isation des voitures japonaises. Pour les constructe­urs américains habitués à construire de grosses berlines, ces réussites les poussent à développer des voitures modestes appelées « sous-compactes », une catégorie dans laquelle arrive la Ford Pinto en 1970 ou l’AMC Gremlin la même année. Toutefois, si AMC est spécialist­e de la production de voitures populaires, jamais ce constructe­ur n’est arrivé à égaler l’un des trois grands de l’industrie automobile américaine.

L’un des défauts d’AMC qui l’empêche de grandir, ce sont les lignes de ses voitures jugées trop timides et sans personnali­té, bien que cette critique récurrente n’empêche pas le succès des AMC Hornet et Gremlin construite­s sur la même base au cours des années 1970. Il faut dire aussi que la Gremlin avait des lignes très anguleuses qui permettaie­nt de la reconnaîtr­e entre mille. Voilà ce qui va motiver AMC à lancer une voiture totalement en décalage au niveau du design; la future AMC Pacer est sur les rails.

Dès 1971, les dirigeants d’AMC lancent le projet d’une nouvelle voiture de la classe des sous-compactes, celle-ci devra être maniable et présenter un niveau de confort supérieur à la moyenne du segment. Côté mécanique, il est envisagé d’utiliser le moteur rotatif Wankel tandis que pour le design, on donne l’ordre aux designers de sortir une ligne futuriste, le vice-président d’AMC souhaitant une voiture se distinguan­t très nettement de ce que faisait la concurrenc­e.

Sur ce dernier point, de nombreux dessins proposent des solutions inédites pour finalement retenir le projet d’une voiture à deux volumes aux formes très arrondies et à la large surface vitrée représenta­nt 40% de la carrosseri­e. Ceci est permis par les renforts en acier, utilisés dans la voiture, qui permettent de répondre aux normes en matière de sécurité automobile. Aussi, si la voiture est assez courte (4,35m), la Pacer est plutôt large pour sa catégorie (1,95m). En revanche, en ce qui concerne la mécanique, General Motors abandonne le développem­ent du Wankel à la suite de la première crise pétrolière, obligeant AMC à se tourner vers un six-cylindres en ligne de sa propre conception.

La Pacer est également une voiture étudiée de l’intérieur vers l’extérieur afin de laisser un important volume dans l’habitacle et une habitabili­té digne des berlines supérieure­s. Une démarche encore rare et prémonitoi­re car la plupart des constructe­urs s’y mettront dans les décennies à venir. Et pour ne pas faire comme les autres, la porte passager de la Pacer est plus longue de 10 centimètre­s que la porte conducteur. La raison en est simple : faciliter l’accès à la banquette arrière.

Présentée début 1975 puis commercial­isée à partir du 28 février 1975, l’AMC Pacer se fait immédiatem­ent remarquer par sa ligne, la voiture ambitionne même d’aller chercher la clientèle des berlines de classe supérieure en ces heures de crise pétrolière. À cette fin, la Pacer se dote de six cylindres en ligne de 3,8 litres développan­t 90 cv et de 4,2 litres pour 95 cv, des performanc­es faibles eu égard à leur cylindrée et au poids de la voiture (1,3 tonne). Mais c’était là un mal nécessaire pour répondre aux normes environnem­entales et tenter de proposer une voiture à la consommati­on réduite.

Et la recette fonctionne car pour la première année de commercial­isation de la voiture, c’est 145 528 exemplaire­s qui sont écoulés, dont la moitié rien que pour la Pacer X qui se veut plus sportive. Mais ce succès n’est qu’éphémère. Si en 1976 la voiture se vend encore bien, on assiste à une baisse sensible des ventes avec 117 244 exemplaire­s. Ce fut bien pire en 1977 avec seulement 58 264 exemplaire­s vendus. Si on peut avancer la perte de l’effet de nouveauté pour justifier ce ralentisse­ment des ventes, il n’en est rien car 1977 voit apparaître la Pacer Wagon (la version familiale) qui accapare les deux tiers des ventes ! Les ventes de la berline s’effondrent à cause de la consommati­on du modèle à l’heure où le prix de l’essence continue de monter.

Pour tenter de dynamiser le modèle, AMC lance en 1978 la Pacer V8 de 130 cv et opère un restylage de la face avant avec une calandre plus large. Mais ces nouveautés n’auront pas l’effet escompté, car seules 23 745 Pacer toutes versions confondues sont vendues en 1978, puis 11 229 en 1979. Faute de succès, la Pacer V8 est stoppée deux ans après son lancement et 3 528 exemplaire­s produits. Quant au modèle Pacer, il survit en 1980 mais les ventes s’établissan­t à 1 746 exemplaire­s, la commercial­isation de la voiture est définitive­ment arrêtée.

L’AMC Pacer est donc l’histoire d’un échec automobile avec en tout et pour tout 360 000 exemplaire­s dont les deux tiers sont écoulés sur les deux premiers millésimes. Si la voiture échoue aux États-Unis, elle a toutefois connu un succès d’estime en Europe, car les dimensions de la Pacer lui permettent une diffusion sans trop de difficulté­s. Vendue comme une voiture de luxe décalée, l’importateu­r Jean-Charles Automobile en écoule 3000 exemplaire­s en France et réussit un coup publicitai­re en affichant la voiture dans le film « L’aile ou la cuisse » aux côtés de Coluche et Louis de Funès. La voiture connut d’autres marchés d’exportatio­ns comme le Mexique ou le Royaume-Uni, mais aucun ne permet d’obtenir des volumes pour maintenir le modèle, qui a eu une vie éphémère mais remarquée dans la production automobile.

Tous se souviennen­t de cette bizarroïde voiture dont la portière droite était plus longue que celle de gauche pour faciliter l’accès aux places arrière.

En 1987, Chrysler achetait les parts de Renault dans AMC. Chrysler détient donc toujours les droits du nom Pacer !

Pour moi, la première apparition de cette automobile mythique, c’est dans : Car Wash, en 1976.

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 ??  ?? JUIN 2021
JUIN 2021
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La Pacer connaît maintenant un regain de popularité chez les amateurs de voitures anciennes. C’est le moment ou jamais de vous procurer une jolie Pacer, un modèle qui a eu le courage de s’élever au-dessus des autres marques en affichant une personnali­té bien à elle!
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