Le Magazine de l'Auto Ancienne
La Fossmobile 1897 & 2021
1897 & 2021
En 1997, un groupe d’amateurs de voitures anciennes de Sherbrooke s’est réuni pour dévoiler un monument aux abords de la rivière Magog, tout près de la jonction avec la rivière St-François. Ce monument honorait (et honore encore) la mémoire de George Foote Foss, un entrepreneur qui avait créé, 100 ans auparavant, la première voiture fonctionnant à essence au Canada. Et l’endroit choisi pour installer le monument est l’emplacement à peu près exact où se situait l’atelier de Foss.
RETOUR EN ARRIÉRE
À l’automne 1896, George Foote Foss, un jeune homme de 20 ans, se rend à Boston pour faire l’achat d’un tour pour son atelier de réparations de bicyclettes situé à Sherbrooke sur la rue Water, aujourd’hui des Abénaquis. Il faut dire que malgré son jeune âge, notre homme est aussi à l’aise en électricité qu’en mécanique.
Lors du voyage à Boston, il découvre l’automobile. Impressionné par ce nouveau moyen de transport, il n’hésite pas à débourser les quatre dollars demandés (une fortune pour l’époque) pour en faire l’essai. Il s’agit d’une voiture électrique et la batterie tombe à plat à mi-chemin.
Épaté par son expérience mais déçu du manque d’autonomie, George décide de fabriquer sa propre voiture, mais à essence. Les affaires de son commerce étant moins florissantes l’hiver, il a plus de temps à consacrer à sa voiture sans chevaux.
À une époque où les communications étaient forcément très différentes des nôtres, fabriquer une voiture à partir de rien n’était pas une mince affaire. Tout était à inventer. George Foss a pu se baser sur certaines informations glanées dans différents magazines comme Cycle and Automobile Trade Journal, son génie pour la mécanique faisant le reste.
Par exemple, faute de trouver un moteur, il a créé le sien, un monocylindre de quatre chevaux. Il lui a fallu penser, dessiner, fabriquer et peaufiner la transmission par chaîne, le différentiel, le système de gestion de l’essence, le système électrique, tout finalement.
Et, au printemps 1897, c’est un George Foss assurément fier qui fait ses premiers tours de roues au volant, ou plutôt au guidon de sa voiture sans chevaux. Dans les années 50, il racontera dans ses mémoires, publiées par le Sherbrooke Daily Record sous le titre Recollections of Sherbrooke : The True Story of a Small Town Boy (1954), que les gens et les animaux étaient apeurés par sa voiture qui se déplaçait toute seule!
Il n’est pas long qu’il est approché par un financier sherbrookois, William Farwell, pour produire sa voiture à grande échelle. Il ne donne pas suite à l’offre, s’estimant trop jeune et inexpérimenté pour s’occuper d’une telle entreprise. Il écrira plus tard qu’il s’agissait de sa première erreur.
À Buffalo, en 1900, il fera une autre rencontre qui étonne aujourd’hui. En effet, il a des discussions avec un certain Henry Ford qui, à ce moment, n’est pas encore le magnat de l’automobile que l’on connaît. En fait, au moment de leur rencontre, Ford est sans doute encore plus ‘’cassé’’ financièrement que notre Sherbrookois! Les deux hommes discutent et Ford invite Foss à le rejoindre. Mais ce dernier refuse, considérant que la voiture de Ford est inférieure à la sienne et, surtout, devinant que Ford possède un caractère difficile et que ce sera un défi de traiter avec lui. Si George Foss avait investi ne serait-ce que 1 000 $ à ce moment, quelques années plus tard son avenir aurait été assuré!
En 1902, George, nouvellement marié à la belle Gertrude, déménage à Montréal. D’ailleurs, sa voiture, qui ne s’appelle pas encore Fossmobile (ce n’est lorsque la voiture a commencé à faire parler d’elle dans les années 50 qu’elle a été baptisée, tout à fait logiquement, la Fossmobile), effectue quelques