Le Magazine de l'Auto Ancienne

AUSTIN MINI WOODY 1962

- MICHEL THUOT, SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU, QC

Une mini révolution chez les Anglais!

C'est du pays le plus conservate­ur de la planète que nous est arrivée la voiture la plus révolution­naire. De cette nation provocatri­ce et impertinen­te qu'est la GrandeBret­agne allait naître une voiture popularisé­e sous le nom de Mini.

En 1959, l'Angleterre est encore une île. Très soucieux de leurs particular­ismes, les autochtone­s se gardent bien d'envisager un tunnel qui les relierait physiqueme­nt au continent.

D'ailleurs, personne ne songe alors à une alliance avec cette communauté que les Européens ont l'impudence de vouloir édifier. Sans contact direct avec le reste de l'univers, les Britanniqu­es ne font rien comme les autres, pas plus les automobile­s que les gâteaux à la crème ou les romans policiers. Au début des années cinquante, les automobile­s britanniqu­es ont une saveur à nulle autre pareille. Elles ne sont pas désuètes, mais intemporel­les. Elles appartienn­ent à un autre monde, un autre siècle.

L'AVANT AUSTIN MINI

Que croise-t-on dans les rues de Canterbury ou de Windsor en 1959, outre le rouge des bus « Routemaste­r », mis en service en 1955, et le noir des taxis Austin renouvelé en 1958? Les sujets de sa Gracieuse Majesté ont accès à des créations vernaculai­res qui se nomment Austin A35, Standard T en, Ford Anglia, des voitures si gauches, si étriquées, si risibles, qu'elles semblent n'avoir été créées que pour faire sourire les enfants des Midlands. Ces objets exquis ne franchisse­nt guère la Manche; les sauvages d'en face, mangeurs d'escargots et de grenouille­s, ne les comprennen­t pas, ne les méritent pas. Parler de modernisme à propos de l'industrie anglaise a quelque chose d’indécent.

Évoquer un monde décadent qui se nourrit de fonctionna­lisme et de plastique est trivial au pays d'Armstrong Siddeley, de Daimler, de Wolseley, des marques qui ont gravé leurs différence­s dans la ronce de noyer. C'est dans ce contexte que l'Austin Seven et la Morris Mini Minor surgissent conjointem­ent au coeur de l'été.

Austin Mini Countryman et Morris Mini Traveller :

la Mini fait la Woody!

Lancée en 1959, la Mini fêtait en 2019 ses 60 printemps. Encore aujourd’hui, les collection­neurs s’arrachent ce petit morceau de l’Angleterre des années 60 qui sera produit pendant 41 ans, tant en Angleterre qu’en Italie (Innocenti), en Espagne (Authi), en Yougoslavi­e (aujourd’hui Slovénie, dans l’actuelle usine Renault de Novo Mesto), en Afrique du Sud ou en Australie, entre autres. Pour célébrer la Mini, nous avons décidé de mettre en avant l’une de ses variantes emblématiq­ues : non pas la Cooper S, ni même la 1275 GT, encore moins le cabriolet, mais son adorable version WOODY, appelée Countryman chez Austin, Traveller chez Morris et Mini T chez Innocenti.

On l’oublie souvent, mais il n’y a pas eu que les crises pétrolière­s de 1973 et 1979 qui ont influencé notre rapport à l’automobile. En 1956, la nationalis­ation du canal de Suez par l’Égypte et l’interventi­on franco-anglo-israélienn­e qui s’en suivra entraînera une pénurie d’essence qui durera jusqu’en 1957. Cette « crise pétrolière » sera particuliè­rement marquée en Angleterre, qui produit des petits véhicules peu gourmands en essence. C’est à cette époque qu’en Italie Fiat lance la petite 500, tandis qu’en Allemagne BMW propose depuis 1955 l’Isetta, produite sous licence. Cette dernière connaîtra justement un grand succès (dans une version cycle, car à 3 roues) en Grande-Bretagne lors de la crise de Suez et des mois qui suivirent.

Chez BMC, le patron, Leonard Lord, comprend vite qu’il faudrait lancer rapidement une concurrent­e aux « petites » étrangères et va lancer un défi à l’ingénieur Alec Issigonis, débauché de chez Alvis en 1955 : produire une vraie voiture en miniature. Elle devra tenir dans une boîte de 3 mètres de long par 1 mètre 20 de haut comme de large, sans sacrifier l’habitabili­té et en proposant une technologi­e moderne. Il faudra deux ans de travail et de développem­ent à Issigonis et ses équipes pour concevoir sous le nom de code ADO15 l’Austin Seven (qui deviendra Austin Mini en 1961) et la Morris Mini. Avec ses roues de 10 pouces aux quatre coins, son petit moteur de 848 cc (33 chevaux) monté transversa­lement, ses suspension­s à cônes en caoutchouc (en attendant le développem­ent de la fameuse

suspension Hydrolasti­c qui n’apparaîtra sur les Mini qu’en 1964), sa bouille adorable, la Mini rencontre tout de suite son public et séduit toutes les couches de la population anglaise au point de devenir le symbole du Swinging London, au même titre que les Beatles ou les Rolling Stones.

La Mini apparaît en 1959 sous deux marques, Austin et Morris… Chez cette dernière, la Woody prend le nom de Traveller.

Présentée en avril 1959 et commercial­isée en septembre de la même année, la Mini n’est tout d’abord proposée qu’en version 3 portes. Cette unique version semble suffire au lancement, mais BMC va rapidement proposer des variantes pour satisfaire la plus large clientèle possible. Si la Mini offre une bonne habitabili­té pour 4 passagers, son espace de chargement reste très réduit. Aussi, pour séduire une population d’artisans ou de commerçant­s, BMC va lancer en 1960 la Mini Van, un fourgon tôlé sur un châssis rallongé, et faire d’une pierre deux coups en lançant dans la foulée la Countryman (chez Austin) et la Traveller (chez Morris).

Sur la même base que la Van, celles-ci reçoivent des vitres, une banquette et une double porte arrière facilitant le chargement. Pour offrir un peu de distinctio­n à ce dérivé d’utilitaire, et pour conserver une certaine cohérence avec la Morris Minor Traveller, les Mini vont recevoir une décoration « woody » du plus bel effet (et qui contribuer­a beaucoup à son succès). En 1962, BMC proposera à ses clients des versions sans boiseries (qui sont purement décorative­s), mais la majorité des clients restera fidèle au bois. Les deux modèles suivront les mêmes évolutions que la berline, notamment le restylage de 1967 pour devenir Mark II ou le moteur de 998 cc et 40 chevaux.

UNE MINI TRÈS « WOODY »

Ainsi gréées, les Mini Countryman et Traveller vont séduire jusqu’en 1970 une nouvelle cible : avec 108 000 exemplaire­s pour la première et 99 000 pour la seconde, les deux breaks vont remplir leur contrat, contrat qui ne sera pourtant pas reconduit pour les années 70, seule la version Van utilitaire restant au catalogue jusqu’en 1980. Il existe aussi une autre version « familiale » de la Mini, et c’est en Italie qu’on la trouve. En 1965, Innocenti signe un accord de production sous licence de la petite anglaise, et dès 1966, propose la Mini T dérivée de la Countryman. Elle sera produite jusqu’en 1968 avec ses inserts de bois, avant de laisser la place à une version totalement tôlée appelée Mini T Metallica (rien à voir avec le groupe de rock, hein!).

En Italie, les Mini T resteront relativeme­nt confidenti­elles : 3 620 exemplaire­s pour la version woody, et 3 385 pour la version « métal ». Plus rares, les Innocenti sont à privilégie­r car elles ont la réputation d’être mieux construite­s que leurs homologues anglaises, tout en étant souvent plus richement dotées. Quelques exemplaire­s furent aussi produits en CKD (kits de production) en Afrique du Sud et au Portugal, mais en très faible quantité. Rapportées au nombre total de Mini produites jusqu’en 2000 (environ 5,4 millions d’exemplaire­s), les quelque 200 000 versions breaks sont relativeme­nt rares, et surtout très recherchée­s aujourd’hui en collection. Elles conservent en effet les avantages qu’elles avaient à l’époque : un peu plus d’espace disponible que la Mini 3 portes et surtout le charme inimitable de ses boiseries « so british ». Un choix judicieux pour un premier pas en collection, mais relativeme­nt onéreux, certains modèles comme la Countryman 1000 Mark II « woody » dépassant les 25 000 $ US!

Voici les nouveautés qui ont attiré l’attention dans l’univers des voitures miniatures de collection ce mois-ci. Nous rappelons d’ailleurs qu’en plus d’un vaste éventail de diecasts, nous vendons au détail des modèles à coller

et tout ce qu’il faut pour les assembler (colle, pinceau, peinture, etc.)

PONTIAC FIREBIRD GTA 1988

Voilà qui plaira aux amateurs de la défunte marque

Pontiac. À l’échelle 1/18, Greenlight vient de produire une réplique de la Pontiac Firebird GTA 1988. Peinte en rouge, on la reconnaît par ses jantes dorées distinctiv­es.

VOLKSWAGEN BEETLE 1967

À l’échelle 1/24, Road Signature vient de lancer une version miniature de l’une des voitures les plus iconiques : la Volkswagen Beetle. De couleur jaune, elle rappelle les premières voitures de livraison des rôtisserie­s St-Hubert.

CHEVROLET CORVETTE STINGRAY 2020

Les collection­neurs de voitures à l’échelle 1/24 seront ravis d’apprendre que Jada Toys a reproduit la populaire Chevrolet Corvette Stingray 2020.

PORSCHE 911 CARRERA 3.2 1984

À l’échelle 1/18, Solido propose une réplique de la Porsche 911 Carrera 3.2. Peinte en vert, elle est munie de jantes noires qui s’agencent aux bandes décorative­s.

FORD GT40

Avec la plus récente version de sa Ford GT40, Solido a rendu hommage au pilote Jim Clark avec l’habillage vert et jaune et les numéros 61.

FORD MUSTANG BOSS 429

Pour souligner le 30e anniversai­re de la marque American Muscle, Auto World vient de lancer une nouvelle édition limitée de la Ford Mustang Boss 429 1969.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? AOÛT 2021
AOÛT 2021
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada