Pionnières et rebelles, Les premières de l’automobile
Il n’est pas rare, dans l’évolution de l’automobile, qu’une avancée marquante, loin d’être issue d’une conception in vitro indépendamment des véhicules déjà existants, soit plutôt le résultat de la transformation d’une voiture de tourisme, à l’image du Ford Ranchero…
Le pick-up populaire, dans sa tout américaine création, est un exemple flagrant, et pourtant un peu dissimulé dans la mémoire de l’histoire ; un flou généré par le passage des années et par l’émergence, en parallèle, des premiers camions non pick-up.
Les plus lointaines racines de ce véhicule sont, du reste, allemandes et indirectes, remontant à 1896 avec l’arrivée de la première camionnette, une idée de Gottlieb Daimler. Notre précurseur commercialisa son véhicule comme un « chariot sans chevaux », doté d’un moteur de 1,1 litre (de 2 cylindres au début, 4 par après), et pouvant en principe transporter 3 300 livres de matériel. Baptisé Daimler Motor-Lastwagen, il fut tiré d’une automobile connue sous l’appellation « véhicule no. 42 ».
Deux ans plus tard, Henry Ford fonde la Detroit Automobile Company, et juste avant d'en stopper les activités dès l’année suivante, il y fabrique son tout premier véhicule, le Delivery Wagon 1899 (ou Delivery Truck), voulu tel un camion léger, et vendu 710 $. Cela mit la table pour qu’à l'aube des années 1900, la production de camionnettes prenne son élan, avec des véhicules dans les styles Autocar, Reo, Auto Wagon et King. Cela demeurait toutefois des conversions de voitures de tourisme en camionnettes
et pick-up (le terme « pick-up » n’étant pas encore officiellement créé, tout comme celui de « camionnette » d’ailleurs!). Ces véhicules s’avéraient néanmoins peu fiables et d’un coût d'achat bien peu attirant. La mise en production de la Ford T, en 1908, viendra complètement changer la donne de cette limite pécuniaire, cette voiture faisant apparaître à l’horizon des frais de fabrication sensiblement réduits, et donc des prix de vente moins élevés quels que soient les véhicules. En parallèle, les camions standard de l’époque se révélaient lourds et uniquement destinés à un usage de type industriel, la seule exception étant ces « camions-express », certes plus légers, mais, encore là, trop chers pour intéresser une plus vaste clientèle.
L’année 1913 marque un pas de plus dans ces préliminaires à l’avènement du pick-up moderne. Ainsi, la Galion Allsteel Body Company, se basant sur des châssis de Ford T, conçoit des « camions bennes » et des camionnettes, le mot camionnette, au passage, étant sinon utilisé pour la première fois, du moins popularisé par la Studebaker Corporation. Une autre source veut, toutefois, que cette appellation, peutêtre subtilement confondue avec celle de pick-up dans la documentation, aurait été clairement avancée par Henry Ford l’année précédente. C’est que Ford possédait pour sa ferme un modèle T de 1912 augmenté d’une benne bien rudimentaire, raison pour laquelle l’auteur d’une bible sur le sujet (Justin Lukach, Pickup trucks : A history of a Great American Vehicule) affirme que « la paternité du terme [pick-up] appartient incontestablement à Henry Ford ».
Le Ford TT de 1917 sera le premier pas vers l’indépendance du pick-up par rapport à la voiture. Bien que fondé sur la Ford T, il fut plus précisément pensé d’abord comme un camion, pouvant dès lors s’accommoder de charges d'un poids plus élevé. Son châssis en était un de camion : avec son cadre et