Le Magazine de l'Auto Ancienne

PETITE HISTOIRE DE L’IMMATRICUL­ATION AU QUÉBEC

- GUY THIBAULT : GRAND COLLECTION­NEUR DE PLAQUES D’IMMATRICUL­ATION DU QUÉBEC !

Elle en a fait de la route la petite tablette rectangula­ire de métal que les Québécois achètent à la SAAQ, lorsque vient le temps de « plaquer » leur voiture. C’est en 1906 que le premier symbole d’identifica­tion des voitures est apposé au Québec sur la De Dion-Bouton appartenan­t à Monsieur Ucal-Henri Dandurand, promoteur immobilier. Peinte à la main tout de noir, l’inscriptio­n Q1 sur cette voiture sans chevaux figure au début de l’histoire de l’immatricul­ation québécoise, ponctuée de faits historique­s et d’anecdotes. Le collection­neur et auteur Guy Thibault en a partagé quelques-uns avec nous.

Un bref survol

Au tout début, pendant deux ans, chacun identifiai­t son véhicule à sa façon. Gravure, peinture, plaque en bois, en métal ou en aluminium, les propriétai­res utilisent ce qu’ils ont sous la main. Il faut attendre jusqu’en 1908 avant que les dirigeants de l’époque n’établissen­t certaines normes de couleur, de matériaux et d’emplacemen­t des chiffres et lettres.

De 1942 jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, une plaque non officielle, arborant le fameux symbole « V » pour « Victoire » en code morse (faisant référence aux lignes allemandes harcelées par ce signal) est vendue et installée à l’avant des autos, en guise d’effort de guerre, de soutien pour les soldats au combat contre Hitler. En 1950, la fleur de lys et l’accent aigu sur « Québec » s’ajoutent sur toutes les plaques, représenta­nt la volonté de reconnaîtr­e l’importance de l’identité québécoise.

En 1951, le premier ministre du Québec Maurice Duplessis fait ajouter un « B », à droite sur les plaques d’immatricul­ation réservées uniquement à ses amis. Les policiers peuvent facilement les reconnaîtr­e. Ainsi, les proches de Duplessis peuvent profiter de privilèges tels que l’absence de contravent­ion et une tolérance aux écarts de conduite. Et si on s’attarde au numéro de la plaque, il désignait l’importance de cette personne aux yeux de Duplessis. Créant une vive compétitio­n parmi les privilégié­s, ceux-ci se demandant comment gravir les échelons dans la hiérarchie du premier ministre. Cette méthode fidélise ses alliés et lui permet, d’une certaine façon, de maintenir le pouvoir. À la suite de protestati­ons, la controvers­e prend fin en 1954, alors que le B est officielle­ment éliminé.

De 1963 à 1977, sauf en 1967, l’inscriptio­n « La belle province » fait fi de slogan autant sur la plaque que dans l’identité du peuple. Les plus habiles auront deviné qu’en 1967, on y avait inscrit : Expo 67. Depuis 1978 et jusqu’à ce jour, la devise « Je me souviens » poursuit le récit de l’histoire de l’immatricul­ation québécoise.

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