Le Magazine de l'Auto Ancienne

Le complot des coloristes ou la peur de se démarquer ?

- Par Gilbert Bureau

Depuis plusieurs années, on remarque que la couleur des automobile­s oscille toujours autour de la même palette, un peu triste, entre le gris et le noir.

Serait-il qu’il coûte moins cher d’utiliser seulement deux ou trois teintes de base pour peindre les voitures neuves ? À moins que le choix de couleurs des acheteurs se soit enlisé dans un conservati­sme déprimant ?

Il se pourrait bien que cette situation reflète l’ambiance sociale de ce début de 21e siècle; le conformism­e à outrance, relié à une façon de vivre introverti­e, qui rejette d’emblée l’expression individuel­le. La peur de jouer la carte de la différence ?

Henry Ford faisait bien comprendre aux acheteurs de Ford Model T qu’ils pouvaient choisir n’importe quelle couleur, à condition qu’elle soit noire...

Je crois que si le vieil Henry revenait sur terre, il s’y sentirait tout à fait à l’aise au milieu de ces véhicules incolores, inodores et sans saveur qui encombrent nos routes modernes. L’apogée de la couleur dans ce joyeux monde de l’automobile est apparu durant les années cinquante. C’était vraiment un champ chromatiqu­e de couleurs très diversifié­es, allant du bleu turquoise au rose fuchsia, sans oublier le rouge pompier et le jaune pastel.

Quelle belle époque que celle où le notaire conduisait une Chrysler 300 en trois tons de gris acier, de blanc et de rose saumon, tandis que le vendeur d’assurances ou le plombier se déplaçaien­t en Mercury Monterey vert pomme et que le député faisait la tournée du comté en Pontiac Chieftain beige et crème ! Le curé était sans doute le seul à respecter le voeu de pauvreté au volant de sa Cadillac, noire comme un péché mortel.

À toutes ces couleurs de l’arc-en-ciel, ajoutez des pneus à flanc blanc et une orgie de chrome étincelant, et vous aviez là tous les ingrédient­s du vrai bonheur sur quatre roues ! Une époque bien révolue me direz-vous… Mais il n’en coûte pas cher de rêver un peu et d’imaginer des VUS multicolor­es, avec intérieur en vinyle lavable deux tons, sans oublier les flancs blancs !

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Packard Caribbean 1956

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