LA PASSION
Par Yves Boulanger
La passion que nous partageons prend plusieurs formes. J’ai été témoin d’une de ces formes lors d’une activité récente, alors que j’étais de passage dans une exposition du VAQ à St-Bernard de Lacolle. En fin d’avant-midi, un participant se présente à la table de l’inscription, il arrive de la région de Sherbrooke. Il a fait autour de 200 km dans une Ford modèle T 1915 non restaurée pour se rendre ! Cette passion, celle de rouler avec une machine complètement désuète, non performante, était celle des premiers collectionneurs. Loin d’eux l’idée de débattre de l’originalité absolue de leurs colliers à boyaux ou encore de se soucier du numéro de série estampillé sous le cambouis du bloc moteur. Après avoir remis leurs engins en marche, ils voulaient éprouver leurs sensations, avec leurs odeurs, leurs sons, leurs vibrations, les sifflements de leur pignonnerie et jouer un rôle actif dans leur fonctionnement.
Près d’un siècle et demi d’évolution de l’automobile nous aura de plus en plus éloignés de ces sensations, pour nous amener à une machine silencieuse qui se conduit par elle-même. Fabuleux progrès technologique, qui pour moi enlève tout ce qui m’a attiré vers l’automobile dès mon plus jeune âge. Une Tesla, par exemple, est aux antipodes de mes intérêts. C’est simplement un objet qui a une fonction, un déplaçoir qui, tout aussi efficace qu’il puisse être, éveille chez moi autant de passion qu’un aspirateur ou une lessiveuse (avec le même son).
Profitons des années qu’il nous reste, sortons et roulons !