Des hausses inévitables
Les résidants de Saint-boniface se plient devant la première augmentation des taxes foncières depuis 14 ans à Winnipeg, tout en exprimant leur frustration devant une promesse électorale brisée du maire Sam Katz.
Les Winnipégois paieront en moyenne 100 $ de plus en taxes foncières et en frais de services municipaux et ce, dès cette année. C’est, entre autres, ce qui découle du nouveau budget de fonctionnement pour 20122014 de la métropole, remis le 28 février par le Comité exécutif de la Ville de Winnipeg.
La hausse prévue de 3,5 % des impôts fonciers marque la fin d’un gel des taxes de 14 ans entamé en 1998 par l’ancienne mairesse de Winnipeg, Susan Thompson. La hausse représente une augmentation du relevé d’impôts fonciers de quatre à cinq $ par mois pour une maison évaluée à 235 000 $ - la moyenne à Winnipeg.
« Nous avons longtemps réussi à geler les taxes foncières pour que Winnipeg reste une ville concurrentielle et abordable, a déclaré le maire, Sam Katz. Toutefois, il restait peu de solutions pour couvrir les coûts toujours à la hausse. »
Le conseiller municipal de Saint-boniface, Daniel Vandal, abonde dans le même sens. « Le temps était venu de tenir compte de l’augmentation de nos coûts, indique-t-il. Malgré cette hausse, les taxes foncières et les coûts d’exploitation à Winnipeg resteront parmi les moins élevés au Canada. »
Les sommes supplémentaires glanées par la hausse permettra à la Ville d’amasser 14,8 millions $, qui serviront à améliorer la sécurité publique, la réfection des rues et le maintien et le développement de centres communautaires.
En effet, la Ville compte embaucher 50 nouveaux policiers et 20 nouveaux pompiers. Le budget prévoit également une augmentation de 67 % pour son programme de réparation et de revêtement des rues. En outre, il double le financement des programmes des centres communautaires, et accorde près d’un million $ pour leur rénovation.
Quant aux services d’eau et d’égouts de la Ville, les frais augmenteront en moyenne de 50 $ par maison, afin de défrayer les coûts associés aux rénovations des trois stations d’épuration des eaux d’égout.
« Le budget est positif pour Saint-boniface, estime Daniel Vandal. Nous dépenserons 8,5 millions $ pour les salaires des services d’incendie et les résidants du nouveau quartier de Sage Creek seront desservis par une nouvelle caserne de pompiers. »
Le budget de 2012-2014 est de 900 millions $, soit environ 56 millions $ de plus qu’en 2011.
Réaction mitigée
À Saint-boniface, la réaction face aux augmentations est plutôt mitigée. « Il fallait s’y attendre, estime le président de l’association des résidants du Vieux Saint-boniface (ARVSB), Walter Kleinschmit. C’était inévitable. Si on veut des services, les contribuables doivent en assumer le coût.
« L’ARVSB se réjouit de la bonification du budget des centres communautaires, bien qu’il resterait bien d’autres choses à faire, poursuit-il. La Ville pourrait, par exemple, conclure des ententes avec les divisions scolaires pour offrir une programmation estivale sur les terrains scolaires et dans les gymnases, puisque ces infrastructures sont déjà en place. »
« Malgré les bonifications positives, la Ville aurait pu, et aurait dû encourager le développement résidentiel dans le coeur de la métropole, au lieu de laisser s’étendre les quartiers résidentiels déjà nombreux en banlieue, mentionne le directeur général d’entreprises Riel, Normand Gousseau. SaintBoniface possède de nombreux anciens terrains industriels qui pourraient être récupérés, notamment celui de l’ancienne usine de transformation Canada Packers. Le site n’a toujours pas été décontaminé. Pourtant, ce serait un endroit idéal pour des nouvelles maisons. Et Sage Creek n’aurait pas eu besoin d’une nouvelle caserne de pompiers. »
Résidant de Saint-boniface, Jean-claude Bernheim estime pour sa part que les augmentations prévues mettent en évidence un « mensonge grossier » de Sam Katz. « Lors de la dernière campagne électorale municipale, le maire a promis auxwinnipégois dans de nombreux messages téléphoniques qu’il n’allait pas augmenter les impôts, rappelle-til. Son opposante, Judy WasylyciaLeis, a perdu l’élection de justesse parce qu’elle avait eu la témérité d’indiquer qu’il fallait les augmenter. On a donc un bel exemple de manipulation de l’opinion publique. »