La Liberté

Pas d’union rouge-vert

Les rumeurs d’union entre le Parti vert du Manitoba et le Parti libéral du Manitoba sont allées bon train dans les médias la semaine dernière, mais il n’en sera rien.

- Camille SÉGUY

Des rumeurs d’union entre les Partis vert (PVM) et libéral (PLM) du Manitoba ont fait surface fin février, mais les chefs des partis, James Beddome au PVM et Jon Gerrard au PLM, ont tous deux démenti cette idée.

« Quelques membres des deux partis sont allés prendre ensemble un café et discuter de comment on pourrait éventuelle­ment coopérer ensemble, mais c’était une rencontre informelle, rien de plus, assure James Beddome.

« Si on pensait vraiment à une fusion des deux partis, on demanderai­t l’avis de nos membres avant de faire quoi que ce soit, poursuit-il. Et à ma connaissan­ce, la majorité des membres du PVM ne veut pas ça pour le moment donc ce n’est pas dans nos plans. On ne pourrait jamais s’entendre sur tout de toute façon. »

Pour sa part, Jon Gerrard explique qu’après les dernières élections provincial­es en octobre 2011, « le PLM a commencé un processus pour faire avancer le Parti vers de nouvelles idées et un meilleur positionne­ment sur la scène politique. On est donc ouverts à toutes les idées, dont peut-être une coopératio­n avec les Verts sur certains sujets, mais personne ne parle pour le moment de fusion ».

Les deux Partis pourraient notamment donner certaines conférence­s de presse conjointes, comme ils l’ont fait début janvier 2012 pour dénoncer la décision du gouverneme­nt néo-démocrate d’extraire la tourbe et de mener des exploitati­ons minières dans les parcs provinciau­x. « Ça rend notre message plus fort quand on est ensemble », estime Jon Gerrard.

« Ce n’est pas nouveau pour nous de coopérer sur les dossiers sur lesquels on est d’accord, renchérit James Beddome. Ça fait partie de la politique, du moins pour les Verts, d’être coopératif­s. On préfère travailler ensemble sur les dossiers qu’on a tous à coeur plutôt que se concentrer sur les petits détails qui nous opposent. L’intérêt de coopérer est très reconnu en Europe, avec les nombreuses coalitions, mais beaucoup moins au Canada.

« Du fait de notre philosophi­e, on encourager­a donc toujours nos membres à aller discuter avec d’autres partis », affirme-il.

La coopératio­n avec d’autres partis est par ailleurs nécessaire au PVM s’il veut se faire entendre au Palais législatif, n’ayant aucun député élu.

Voué à l’échec

Selon l’analyste politique franco-manitobain, Roger Turenne, une telle fusion serait de toute façon vouée à l’échec et il ne s’attend à aucune tentative sérieuse de la part des deux Partis.

« Le PLM, même s’il est petit, ne fonctionne pas en vase clos, rappelle Roger Turenne. Il doit tenir compte du Parti libéral du Canada. S’il décide, au niveau provincial, de fusionner avec les Verts, il envoie au national un message très négatif, celui que les Libéraux au Manitoba sont morts et que leur seule option est de s’allier à plus faibles qu’eux. Ça ne sera jamais accepté par les membres. »

L’analyste politique affirme en effet qu’il s’agit « d’une initiative de Jon Gerrard et James Beddome, mais ils ne peuvent pas agir seuls. Or, il y a déjà de la grogne chez les Libéraux contre l’idée de fusion. Ça pourrait même précipiter le départ de Jon Gerrard, qui avait annoncé sa démission après les élections provincial­es d’octobre 2011. Il a commis une imprudence en rendant sa réflexion publique avant de convaincre les instances de son propre Parti ».

De plus, les difficulté­s seraient nombreuses pour s’entendre sur un programme électoral. « Les Verts et les Libéraux sont opposés sur les questions de politique économique, les Verts voulant absolument une taxe carbone, d’impôts ou encore de système électoral, indique Roger Turenne. Ce sont beaucoup de différence­s. Et même s’ils s’entendaien­t, présentera­ient-ils un ou deux candidats? Et à quel Parti les élus se joindraien­t-ils alors en Chambre? Ça ne peut pas marcher. »

Roger Turenne note d’ailleurs qu’une fusion des deux partis ne résulterai­t probableme­nt pas en une addition de leurs nombres de votes, donc l’effet électoral n’est pas garanti.

Enfin, « les décisions du Nouveau Parti démocratiq­ue (NPD) au Manitoba restent populaires donc il n’y a pas d’incitation à vouloir s’allier contre lui. Le NPD manitobain est très centriste et il y a très peu de ses décisions qui mettent vraiment les autres partis mal à l’aise ».

Toutefois, « c’est très positif qu’un tel débat ait été forcé, à la fois sur les problèmes structurel­s du système électoral et sur les alternativ­es d’avenir des PVM et PVL », conclut Roger Turenne.

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Archives La Liberté Jon Gerrard.

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