La Liberté

Ergonome des interfaces

À l’ère de l’informatiq­ue, le Franco-manitobain Philippe Létourneau exerce une profession qui prend de l’ampleur : ergonome des interfaces.

- Camille SÉGUY

Lancé en affaires sans avoir terminé ses études, le Franco-manitobain Philippe Létourneau a commencé sa carrière en travaillan­t pour diverses compagnies dans les domaines de l’informatiq­ue, du design graphique et de la publicatio­n.

« Partout, ça faisait partie de mon travail de voir comment les employés utilisaien­t leur ordinateur, pour qu’ils soient le plus efficace possible, raconte Philippe Létourneau. C’étaient mes premières expérience­s d’ergonome et je me suis rendu compte que c’est ce que je voulais faire. »

Un ergonome a en effet la tâche de s’assurer d’un lien facile et confortabl­e entre un produit et son utilisateu­r. Pour ce qui est d’un ergonome des interfaces, comme Philippe Létourneau, « tout ce que l’utilisateu­r voit dans un logiciel ou une applicatio­n est de ma responsabi­lité, explique-til. C’est à moi de concevoir l’image et le fonctionne­ment d’un logiciel ou d’une applicatio­n, afin qu’ils soient les plus simples et accessible­s à tous possible ».

Par exemple, Philippe Létourneau veille à réduire le nombre d’options proposées à l’utilisateu­r sur une page de logiciel car « quand on ajoute un bouton, on ajoute de la complexité. Or si les utilisateu­rs ont trop de choix, ils ne savent plus quoi faire donc ils ne font rien, pour ne pas risquer de casser leur ordinateur. Trop de boutons créent une paralysie de la décision », estime l’ergonome des interfaces.

À l’écoute

Le Franco-manitobain se spécialise dans les produits de la gamme Apple, notamment le Mac, l’iphone et l’ipad. « J’ai ma propre entreprise avec un ami programmeu­r informatiq­ue, Oomph, et nous créons des logiciels pour Mac depuis dix ans, signale-t-il. On a notamment créé le logiciel Sidekick toujours en vente aujourd’hui dans le monde.

« Je travaille aussi pour une entreprise à Seattle aux États- Unis, Black Pixel, et on crée des produits pour ordinateur­s, téléphones et tablettes Apple, ajoute-t-il. On développe actuelleme­nt des outils techniques pour les programmeu­rs, ainsi que des outils de lecture de nouvelles sur l’internet et d’abonnement à des fils de nouvelles. »

Pour Philippe Létourneau, le secret pour créer des applicatio­ns et des logiciels de haute qualité ergonomiqu­e est l’écoute des besoins des clients, et même le partage.

« Les meilleurs produits informatiq­ues jamais conçus l’ont été par des équipes dont les membres eux-mêmes avaient eu besoin d’un tel produit, affirmet-il. En effet, ils deviennent alors des experts pour vérifier que le produit répond bien au problème. »

Et quand la demande est extérieure à l’équipe de création de logiciels, « il est très important d’écouter les demandeurs, mais il faut aller encore plus loin, remarque l’ergonome des interfaces franco-manitobain.

« Les gens ne savent pas toujours exprimer leur réel besoin, alors l’ergonome doit apprendre à les comprendre audelà du mot à mot pour leur offrir le meilleur produit selon leurs besoins, explique-t-il. Pour cela, je m’immerge dans le domaine et je parle à plusieurs personnes concernées. »

Philippe Létourneau précise qu’entre la première rencontre avec un client et la remise du logiciel, il peut y avoir jusqu’à un an, du fait des recherches et du souci de créer le produit le plus adapté possible.

« Pour être ergonome des interfaces, il faut savoir se mettre à la place des utilisateu­rs, conclut-il. Mon expérience avant de devenir ergonome, au sein d’entreprise­s variées, est un atout car j’ai pu toucher à beaucoup de choses et ça me donne de la perspectiv­e dans mon travail aujourd’hui. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut facilement enseigner à l’école. »

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Photo : Camille Séguy Philippe Létourneau.

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