La Liberté

En hommage à sa mère

Enfant, la Franco-manitobain­e Della Vincent Clark a appris à fabriquer des mitaines en peau et fourrure avec sa mère. Depuis, elle en a fait son métier.

- Camille SÉGUY

Originaire de SaintGeorg­es, Della Vincent Clark a commencé à coudre à 11 ans. « J’ai appris de ma mère, Florette Vincent, raconte-t-elle. Elle fabriquait des mitaines. Elle a tenu le magasin Flo’s Leather Crafts, qu’elle avait créé, pendant 30 ans avant de prendre sa retraite il y a plus de 15 ans. Je l’aidais beaucoup au magasin. »

Florette Vincent a transmis à sa fille sa passion de la maroquiner­ie, mais ce n’est qu’après son décès, fin 2011, que Della Vincent Clark a décidé de reprendre en main Flo’s Leather Crafts.

« Quand ma mère est décédée, j’ai décidé de reprendre la couture de ses mitaines, confie la maroquiniè­re francomani­tobaine. J’ai reparti la boutique dans mon garage et j’ai commencé à fabriquer les mêmes produits qu’elle faisait. Je me souvenais de toutes les techniques! C’était important pour moi de faire ça car ma mère me manquait. C’est une façon de garder son nom en vie. »

Qualité durable

Les produits de Flo’s Leather Crafts, des mitaines, des bottes, des bandeaux et des pantoufles, sont tous en fourrures et peaux, parfois décorées de perles. « Je travaille avec deux femmes autochtone­s pour faire le perlage, ainsi que les bottes et pantoufles, précise Della Vincent Clark. Pour le reste, je fais tout, toute seule. C’est beaucoup de travail, mais c’est le fun de créer quelque chose avec juste des morceaux de peaux et de poils! »

Elle souligne en effet qu’au Manitoba, à part les femmes autochtone­s et elle, très peu de gens possèdent aujourd’hui ce savoir-faire de la maroquiner­ie.

La maroquiniè­re se targue par ailleurs d’être flexible dans ses créations. « Je peux faire n’importe quoi sur commande, assure-t-elle. Toutes sortes de

Investisse­ment

couleurs, styles, formes, fourrures ou longueurs. » (1)

Elle utilise du cuir d’orignal car « c’est très chaud et c’est celui qui dure le plus longtemps, affirme-t-elle. Ma mère avait des mitaines de 38 ans que je porte encore et qui sont toujours efficaces contre le froid! »

Quant aux fourrures, Della Vincent Clark a beaucoup de choix, « mais pas de lapin car il s’use plus vite. Même si ça coûte plus cher, je préfère acheter des fourrures de haute qualité qui resteront belles et efficaces plus longtemps », explique-t-elle.

Le prix du cuir et des fourrures est en effet tel que Della Vincent Clark a dû investir quelque 8 000 $ en trois mois rien qu’en fourniture­s de maroquiner­ie. « Les prix ont beaucoup augmenté les dernières années, déplore-t-elle. Je vais devoir faire un emprunt. C’était inattendu, mais comme c’est une passion, je n’ai pas renoncé. Heureuseme­nt, ma mère m’a laissé un peu d’argent en héritage que j’ai pu utiliser.

« J’espère aussi vendre assez pour me financer, grâce à la variété que j’offre, ajoute-t-elle. Autant que possible, je participe aux ventes d’artisanat pour me faire connaître comme au Festival du Voyageur. Les premières réactions sont plutôt bonnes, donc c’est encouragea­nt. »

Pour l’heure, Della Vincent Clark pense déjà à sa prochaine collection, qui inclura notamment des ensembles de bottes et mitaines assorties, pour hommes et femmes, ainsi que des vestes en cuir avec franges.

(1) Pour plus de détails, appelez le (204) 367-8635 ou le (204) 7850710.

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Photo : Camille Séguy Della Vincent Clark et sa collection de mitaines, mais aussi de bottes, de bandeaux et de pantoufles.

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