La Liberté

Richard Chartier, juge en chef

Francophon­e engagé et juriste soucieux d’améliorer le système judiciaire, Richard Chartier est devenu juge en chef du Manitoba.

- Daniel BAHUAUD

L« Une justice différée est une justice refusée, poursuit-il. Le temps est une souffrance émotionnel­le. J’ai pu constater cela lorsque j’étais président de la gestion des dossiers concernant la violence familiale, à la Cour provincial­e. Souvent, un parent ne pouvait pas même voir son enfant avant deux ou trois ans. Or, grâce au projet Domestic Violence FrontEnd, on a pu rationalis­er les procédures.Aujourd’hui, les causes de violence familiale doivent être tranchées après trois appels. » e premier ministre, Stephen Harper, a nommé Richard Chartier juge en chef du Manitoba, le 8 mars dernier. Le Franco-Manitobain remplace donc le juge Richard Scott, qui a pris sa retraite le 1er mars.

« C’est un honneur et un privilège, déclare Richard Chartier. Puisque la nomination est entrée tout de suite en vigueur, j’occupe le troisième rang dans la Province, après le lieutenant-gouverneur et le premier ministre. Stephen Harper a posé un grand geste de confiance en moi. »

Admis au barreau en 1983, Richard Chartier a évolué dans le cabinet Aikins MacAulay & Thorvaldso­n, où il a pratiqué dans les domaines du droit commercial et du droit des sociétés. De 1993 à 2006, il a été juge de la Cour provincial­e. En 2006, il a été nommé à la Cour d’appel du Manitoba.

« Mon nouveau poste exigera un engagement supplément­aire important, indique Richard Chartier. Non seulement je continuera­i mes fonctions à la Cour d’appel, mais je devrai aussi siéger au Conseil de la magistratu­re canadienne, qui évalue la conduite des juges. »

En outre, le juge en chef aura un rôle de leadership qui lui permettra de revoir les pratiques judiciaire­s actuelles au Manitoba.

« Je m’inquiète beaucoup de l’impact des causes juridiques qui traînent, soutient-il. C’est complèteme­nt inacceptab­le qu’une cause ne soit pas réglée dans un délai de cinq ans. Il doit sûrement y avoir une façon de régler un litige de façon plus rapide, qui respecte pour autant les victimes et les accusés.

En effet, le travail de Richard Chartier l’a vu obtenir, en 2006, le Prix des Nations Unies en matière de service public pour cette gestion innovatric­e des cas juridiques.

« C’est ce niveau d’engagement qui a fait la réputation du juge Chartier, affirme le politologu­e, Raymond Hébert.Tout au long de sa carrière, il a fait preuve d’une volonté de réformer le système dans la mesure du possible. C’est un homme indépendan­t, à la fois activiste et réaliste, qui a réussi à imposer sa volonté grâce à son analyse équilibrée et juste. C’est un moyen atout pour un juge.

« La francophon­ie manitobain­e a pu témoigner de son doigté en 1998, lorsqu’il a déposé son rapport sur la prestation des services en français, Avant tout, le bon sens, poursuit-il. Il a avancé la cause francophon­e de façon substantie­lle, grâce à une approche modérée,mais progressis­te à l’égard de nos droits. »

Pour sa part, Richard Chartier estime qu’il a pu, en effet, obtenir des gains concrets et positifs, en préconisan­t une approche gradualist­e.

« L’améliorati­on continuell­e des services bilingues est à la base même de mon rapport, confirme-til. Il avait d’abord fallu convaincre la Province d’aller de l’avant, un pas à la fois. Le premier de ces pas a été de créer des espaces de sécurité linguistiq­ue où le français serait normalisé. Des évaluation­s annuelles, suivies d’un rapport tous les sept ans garantirai­ent le succès graduel du projet.

« En un sens, ce gradualism­e semble loin de l’idéal, conclut-il. Mais ça fonctionne. Nos services ont été obtenus. »

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Le juge Richard Chartier.

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