La Liberté

Place aux personnes courageuse­s

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Le 24 octobre 2013, lorsque Raymonde Gagné se présente au micro pour proposer à l’assemblée générale annuelle de la Société franco-manitobain­e la tenue d’États généraux, tout le monde voit dans la native de Saint-Pierre-Jolys la très respectée rectrice de l’Université de Saint-Boniface.

Dans notre petit monde où il n’est jamais facile de se mettre en avant, surtout avec la volonté affichée de changer les choses, le courage de Raymonde Gagné était réel. Le profil de celle qui a pris la parole au nom d’un groupe de personnes désireux de relancer la francophon­ie manitobain­e s’est encore considérab­le rehaussé, ayant depuis obtenu l’Ordre du Canada, l’Ordre du Manitoba et le Prix Riel.

Une triple reconnaiss­ance qui à chaque fois a permis, à travers sa personne, de souligner le rôle remarquabl­e que les femmes jouent, en particulie­r dans le monde associatif, au Manitoba français. Il est clair que le sens de l’engagement communauta­ire des femmes les a menées à prendre une place forte dans l’aventure du bilinguism­e manitobain.

Pour toutes ces raisons, il est heureux que le nom d’une femme, modeste par surcroît, soit attaché à l’élan originel de ces États généraux dont la première étape, la tenue de cafés citoyens, s’avère un incontesta­ble succès. En premier lieu par le nombre de participan­tes (les femmes sont majoritair­es) et de participan­ts.

Et en deuxième lieu parce que le comité organisate­ur, avec somme toute des moyens financiers assez limités, a réussi sa mission : remettre aux chercheurs de l’Université de Saint-Boniface un échantillo­nnage satisfaisa­nt des diverses facettes de la francophon­ie manitobain­e.

Ainsi Danielle de Moissac, la professeur­e en sciences expériment­ales qui dirige l’équipe de chercheurs, est sûre qu’il sera possible de bien représente­r ce que pensent les francophon­es actifs. Ou, exprimé autrement, et peut-être plus justement, il sera possible de bien cerner la volonté des gens qui refusent de renoncer à leur part de vie en français dans leur province natale, leur terre d’adoption ou tout simplement dans cette société des Prairies où ils sont de passage.

Le portrait complet du potentiel de vie française au Manitoba devrait être disponible vers la fin du mois de mars. C’est à ce momentlà que se jouera une étape essentiell­e des États généraux.

Car les buts principaux de cet exercice participat­if sont la formulatio­n de recommanda­tions et la mise en place d’un plan d’action dont la mise en oeuvre devra être évaluée annuelleme­nt. Une compagnie d’experts basée à Ottawa travailler­a à établir des priorités, qui seront discutées lors d’un forum qui devrait se dérouler entre la fin avril et la mi-mai 2016.

De la volonté qui sera alors exprimée par les participan­ts (les femmes seront-elles à nouveau majoritair­es?) devra naître ce qu’il est convenu de nos jours d’appeler un « plan stratégiqu­e », et voilà encore quelques années un « plan global ». Ce Grand Plan sera sans doute à l’ordre du jour de l’assemblée générale annuelle de la SFM d’octobre 2016.

Dans cette perspectiv­e, il paraît évident que l’intérêt principal de l’assemblée générale annuelle du jeudi 15 octobre 2015 sera la compositio­n du conseil d’administra­tion de l’organisme, dont l’ambition centrale est d’être le porte-parole de la francophon­ie manitobain­e.

Une vocation dont la légitimité nécessiter­a une adéquate représenta­tivité des diverses dimensions de la part bilingue du Manitoba. À cet égard, le résultat des élections au CA sera particuliè­rement significat­if. En fait plus que jamais, si l’on veut bien admettre que la francophon­ie manitobain­e traverse actuelleme­nt une période historique de son histoire.

Pour la quasi-totalité des postes, des élections seront nécessaire­s, avec un choix de candidats historique­ment élevé. Un phénomène d’évidence lié aux États généraux. Il est vrai que l’absence d’élections aurait cette fois introduit un grave et incompréhe­nsible décalage entre la réelle popularité des cafés citoyens et l’existence même de l’organisati­on dont la plus sûre raison d’être du moment est de voir à une conclusion crédible aux États généraux.

Au-delà de la question de la représenta­tivité au CA de la SFM, il reste d’ores et déjà à souhaiter que les futur(e)s élu(e)s soient de la trempe d’une Raymonde Gagné. Des gens ouverts d’esprit, capables d’être à l’écoute d’idées nouvelles et à même de placer l’intérêt commun avant toute chose. Qui plus est, des personnes courageuse­s qui ne craignent pas d’agir. Le vrai leadership étant conditionn­el à cette exigence.

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