Voici les grands enjeux estudiantins
Lors des débats des chefs de partis, les enjeux des étudiants ont été tout à fait négligés par ces derniers. Un des points clés de ces débats a été la relance de l’économie. Toutefois, comment peut-on parler de l’économie et de la prospérité canadienne sans débattre d’enjeux comme la hausse des frais de scolarité, la dette étudiante et la non-accessibilité de l’éducation postsecondaire aux étudiants provenant de famille à faible revenu?
Il est inconcevable que des chefs de partis argumentent sur l’avenir du Canada sans discuter des enjeux que les étudiantes et étudiants vivent. Nos frais de scolarité sont montés en flèche et souvent la quasi-nécessité d’une aide financière qui repose sur des prêts a fait grimper notre dette étudiante à des niveaux sans précédent. L’an dernier, environ 498 000 étudiantes et étudiants ont été obligés d’emprunter de l’argent pour financer leurs études.
Toutefois, les prêts consentis par le Programme canadien de prêts aux étudiants, sans compter ceux qui sont remboursés, augmentent de près d’un million de dollars par jour.
À cause des décisions des gouvernements antérieurs, tant fédéral que provinciaux, les étudiantes et étudiants et leurs familles sont obligés aujourd'hui d’assumer des dettes d’études plus importantes que toute autre génération antérieure.
Et pourtant les revenus de beaucoup d’entre eux stagnent depuis vingt ans. En outre, il nous faut faire des sacrifices extraordinaires pour se préparer au marché du travail, qui est en évolution constante.
Notre dette a des conséquences considérables sur l’économie et l’égalité socioéconomique au Canada. On constate qu’au cours des dernières années, le financement public n’a pas suivi le rythme des inscriptions.
Cela a eu un effet remarquable sur l’expérience des étudiantes et étudiants quant à l’augmentation de leurs nombres dans les salles de cours, sans oublier la négligence des réparations des infrastructures. Pourtant les frais de scolarité ont augmenté trois fois plus vite que le taux de l’inflation.
Il n’est pas surprenant qu’un grand nombre d’étudiantes et d’étudiants dépendent toujours plus des programmes d’aide au remboursement. C’est d’autant plus attristant qu’en septembre 2014, plus de 200 000 d’entre eux ont été incapables de faire un seul paiement pour rembourser leur prêt d’études.
L’endettement des étudiantes et étudiants et un système d’éducation postsecondaire qui n’est pas accessible à toutes les Canadiennes et à tous les Canadiens menacent la prospérité à long terme du pays. La raison invoquée le plus souvent pour ne pas fréquenter une institution postsecondaire sont les obstacles financiers.
Les étudiants et étudiantes provenant de famille à faible revenu se voient dans l’impossibilité de suivre des études universitaires ou collégiales à cause de l’augmentation des frais de scolarité, alors que l’éducation postsecondaire devient de plus en plus une exigence préalable pour participer au marché du travail et pour gagner un salaire moyen.
De plus, les diplômées et les diplômés font face à un marché du travail de plus en plus instable, qui se caractérise par des stages non réglementés, du travail à temps partiel et un sous-emploi chronique.
Il n’a aucun doute pour moi que la hausse des frais de scolarité, la dette étudiante et la nonaccessibilité de l’éducation postsecondaire aux étudiants provenant de famille à faible revenu doivent être des questions électorales centrales. Investir dans les étudiantes et étudiants et dans les collèges et universités, c’est d’autant plus investir dans l’avenir du Canada.
Pour tirer parti de la relative prospérité actuelle du Canada par rapport aux autres pays industrialisés, il faut du leadership au niveau fédéral. Un leadership qui doit prendre des mesures décisives en vue de réduire progressivement l’endettement des étudiantes et étudiants et de rendre l’éducation postsecondaire accessible à tous.