L’art de dépenser son trésor de guerre
Comment les partis politiques dépensent-ils leurs trésors de guerre pour faire connaître davantage leurs candidats?
Depuis le lancement de la campagne électorale fédérale le 2 août dernier, les équipes des partis politiques de chaque circonscription travaillent pour assurer à leurs candidats respectifs une visibilité maximale. Ce travail, largement bénévole, exige néanmoins un certain financement.
Mais personne ne doit perdre de vue que les sommes que chaque candidat peut dépenser sont limitées par la Loi électorale du Canada, qui vise en principe à favoriser la transparence, l’équité et l’accessibilité du financement du système politique. Dans la circonscription de Saint-Boniface/Saint-Vital, chaque candidat a un plafond de dépenses de 198 718, 79 $, un montant déterminé par Élections Canada.
Natalie Duhamel, la directrice de la campagne du candidat libéral Daniel Vandal, élabore : « Il y a des règles très claires sur les contributions et les dépenses électorales. Un parti ne peut pas tout simplement injecter des sommes ridicules dans un comté, dans le but d’écraser sa compétition. Au contraire, Élections Canada nous précise le montant maximum qu’on peut dépenser, à partir du nombre d’électeurs dans le comté. Saint-Boniface/Saint-Vital comptait 61 500 électeurs sur sa liste préliminaire (Au moment d’écrire ces lignes, on en comptait 64 202 sur la liste révisée). C’est ce chiffre qui a déterminé le plafond des dépenses pour le comté. Évidemment, rien ne nous oblige de dépenser les 198 718, 79 $ qui nous sont accordés. »
Sur quoi les candidats ont-ils tendance à dépenser?
Marisa Monnin, la responsable des communications du candidat conservateur François Catellier, explique. « Nos dépenses sont semblables à celles nécessaires pour établir un bureau administratif. Nous avons besoin de téléphones, de stylos, d’agrafeuses, de papier pour les imprimantes, de câbles pour les imprimantes. Et nous avons aussi des dépenses pour le loyer du bureau. »
Natalie Duhamel a aussi sa liste de nécessités. « Les téléphones à ligne fixe et les cellulaires sont chers. Mais il y a d’autres dépenses auxquelles le public ne pensera généralement pas. Il faut assurer nos locaux. Et obtenir une autorisation temporaire d’occupation de la Ville de Winnipeg. De plus, à cause de leur charge de travail et de leurs responsabilités, les directeurs de campagne sont généralement payés.»
Une fois bien installées dans leurs quartiers généraux, les équipes s’activent à faire de la publicité pour leurs candidats.
De son côté, Alissa Brandt, la directrice de la campagne de la candidate néo-démocrate Erin Selby, a aussi ses priorités. « Nous pourrons dépenser près de 100 000 $.Le quart du montant est consacré à l’impression de dépliants et de pancartes électorales. Nous embauchons des entreprises locales. Les dépliants sont une bonne façon de faire connaître la candidate. Souvent, quand un électeur a lu un dépliant, il nous contactera pour en savoir davantage. Nos bénévoles s’assurent qu’il sera contacté. Nous aimons les affiches électorales. Elles sont un signe visible de l’appui de nos partisans.
« Nous concentrons notre publicité sur les bancs d’autobus, les affiches de pelouse et nos dépliants qui appuient nos efforts de porte-àporte. Les bénévoles contribuent énormément. Certains répondent au téléphone dans le bureau, d’autres participent au porte-àporte.Tout le monde s’y met, selon ce que chaque bénévole est capable de faire. »
Pour sa part, Natalie Duhamel estime aussi que ce genre de contact personnel est la meilleure façon de convaincre les électeurs. « On place des annonces dans des journaux comme La Liberté et le Lance. C’est efficace. Mais une voix chaleureuse à l’autre bout du fil, ou encore une personne qui se rend chez toi a encore plus d’impact. C’est pourquoi nous n’allons jamais embaucher les services d’un centre d’appels automatisés. Les gens n’aiment vraiment pas être sollicités par une machine électronique! »