L’appel des dames somptueuses du Soleil Levant
Pour l’artiste-peintre Monique Larouche, le kimono est plus qu’un vêtement. C’est une invitation à découvrir un état d’esprit.Et une inspiration pour une nouvelle série de toiles.
Produites en juin, au retour d’un quatrième voyage à Kyoto, au Japon, les nouvelles toiles de Monique Larouche s’inspirent du vêtement le plus connu du Japon, le kimono. L’artiste winnipégoise originaire du Québec a réalisé une quinzaine de toiles, qu’elle a nommées Les somptueuses, et qu’elle exposera du 15 au 24 octobre. (1)
« C’était plus fort que moi. Le Japon me manquait énormément, même si je suis bien à mon aise à Winnipeg. Je pensais au kimono, un vêtement que je n’appréciais pas tellement auparavant. Mais à la veille de mon départ, j’ai pu voir quelques images annonçant une exposition sur le kimono. J’ai quitté avant que l’exposition ne soit ouverte, mais les images que j’avais contemplées m’étaient restées. J’ai enfin compris que le kimono, comme bien des aspects plus “utilitaires”de la culture japonaise,sont bel et bien des oeuvres d’art. Ils sont indéniablement élégants, somptueux. Ces vêtements sont ornés, riches en texture et d’un symbolisme profond. Il y a des kimonos de printemps, des kimonos pour toutes sortes de cérémonies, voire même des kimonos noirs pour les femmes en deuil. Les kimonos sont imbus de toutes sortes de sens. »
Les somptueuses s’inspirent également des femmes qui habitent ce vêtement traditionnel.
« C’est la première fois que je peins des personnages qui sont les sujets principaux dans mes peintures. Chacune des “somptueuses” sont caractérisées par une profession. Il y a l’intellectuelle, la peintre, la danseuse, l’actrice du théâtre traditionnel du Japon,le Kabuki.D’autres expriment une présence : la magnifique, l’époustouflante, la méditative, la spirituelle, la mère et l’enfant.
« Au premier degré, on peut certainement apprécier les images pour leur beauté. L’esthétique est très valorisée au Japon. Les Japonais ont ce tour d’embellir un petit coin de mur, un vêtement, un jardin, pour créer des beautés discrètes, sobres et nuancées. C’est alors qu’on s’aperçoit qu’il y a des degrés de profondeur dans cette beauté. L’esthétisme japonais n’est pas une façade ou une facilité. Elle rejoint quelque chose de fondamental. »
Une profondeur qui se reflète dans les personnages dépeints par l’artiste. Monique Larouche élabore : « C’est une partie de moi-même que j’exprime dans chaque toile. On y retrouve différentes facettes de ma personnalité. L’intellectuelle qui a fait des études universitaires est présente, mais l’artiste aussi, ainsi que la méditative à l’écoute de la nature. J’invite le public à peut-être aussi découvrir des facettes de leur propre personnalité, en contemplant toutes ces “somptueuses”.
« Certaines dames que j’ai crées sont même venues à représenter la mort de personnes que j’ai aimées. C’est rare que je mette du noir dans mes peintures. Mais en exprimant ma peine pour des deuils récents, ou encore ma peine pour les Japonais qui ont été éprouvés lors du séisme et du tsunami de 2011, je me suis mise à revivre la mort de ma mère,décédée alors que j’étais enfant. C’était bouleversant. Je ne voulais pas aller dans ces eaux-là. Mais j’ai choisi, malgré les émotions fortes, de suivre avec honnêteté mon pinceau. »
« Je crois que je suis une Japonaise qui ne se reconnait pas, spécule Monique Larouche. Il y a quelques années, je n’aurais jamais osé lancer un tel propos. Mais depuis 2009, mes toiles ont pris une allure japonaise. Je me suis vue à créer des images dotées d’une certaine simplicité de traits. Mes tableaux ont commencé à prendre une composition asymétrique. Et je les laisse exprimer un certain “silence”, en laissant vides certaines sections de la toile. Comme d’ailleurs le font de nombreux peintres japonais. »
En 2010, Monique Larouche présentait déjà son exposition à la Maison des artistes à SaintBoniface comme une « rencontre de l’Orient et de l’Occident ».
« La même année, je me suis rendue au Japon, question d’approfondir cette exploration de l’art japonais. Je me sentais comme un poisson dans l’eau. L’attitude des Japonais, leur façon d’être qui combine un certain raffinement et une retenue respectueuse des autres, me faisait comme un gant. Je ne parlais pas le japonais, mais je parlais décidément le même langage! »
(1) L’exposition sera présentée du 15 au 24 octobre à la galerie Birchwood, au local 7; 1170 avenue Taylor à Winnipeg. Le vernissage, en présence de l’artiste, aura lieu le 15 octobre de 17 h à 21 h.