« Il avait le tour de créer un esprit d’équipe »
Le docteur Patrick Doyle a joué un rôle déterminant dans lafondationdel’HôpitalSainte-Anne,duCentremédical Seine et de la Villa Youville. Sa défense du bilinguisme a assuré le développement des services de santé en français dans la région et, par ricochet
Lorsque le docteur Patrick Doyle est arrivé à SainteAnne en 1948 pour exercer sa profession de médecin de famille, il n’y avait pas eu de médecin dans la région depuis 1932.
Gabriel Lemoine a été collègue de Patrick Doyle à l’Hôpital SainteAnne de 1968 à 1993, année de la retraite du docteur Doyle. Il estime que l’arrivée de Patrick Doyle « a marqué un point tournant dans la région ».
« Patrick Doyle était un pionnier. Un homme qui avait une vision missionnaire. C’est lui qui a établi les bases des soins de santé dans ce coin de la province. Au début, il travaillait dans son cabinet, qui se trouvait dans une petite maison sur la rue Principale. Et puis en 1954 il a fondé le premier hôpital. Quand je suis arrivé, le docteur Doyle établissait une salle de chirurgie à l’hôpital. Les patients ne devaient plus se rendre ailleurs pour un bon nombre d’interventions. J’étais anesthésiste. J’aimais travailler à l’hôpital avec le docteur Doyle. Il avait le tour de créer un bel esprit d’équipe.
« Ont suivi le Centre médical Seine et la Villa Youville, la résidence pour personnes âgées. Patrick Doyle a déclenché le mouvement pour la qualité des services de santé dans la région. Sans lui, ces institutions n’auraient pas vu le jour, bien que d’autres aient aussi contribué à leur création et leur développement. Mais ça ne serait pas exagéré de dire que sans lui, l’Office régional Santé Sud n’aurait pas eu la même ampleur et importance qu’on lui accorde de nos jours. »
Élevé à Sainte-Geneviève, Roger Legal a été parmi les premiers patients du médecin. Il attribue la réussite du docteur Doyle dans la région à « la personnalité et au caractère de l’homme ».
« Le docteur Doyle a servi les gens avec une générosité remarquable. C’était un médecin dévoué qui avait une réserve d’énergie incroyable. Il en a fait de la route pour visiter ses patients! Non seulement dans les villages autour de Sainte-Anne, mais aussi à Saint-Boniface. À une époque où les routes à la campagne étaient souvent mauvaises, il était devenu un expert à changer des pneus de voiture.
« Mon premier souvenir du docteur Doyle remonte à 1950. J’avais quatre ans. Je jouais avec des amis et je m’étais coupé en heurtant une fenêtre du magasin général de Ross, que mes parents géraient. C’est Patrick Doyle qui m’a soigné. Et parce qu’il n’y avait pas encore d’infirmières dans la région, c’est lui qui m’a changé les pansements. Pendant six mois, je lui rendais visite. Je me souviens surtout de sa grande humanité et patience. »
Comme Gabriel Lemoine, Roger Legal se souvient des qualités de leader de Patrick Doyle. « On s’est recroisé quand j’enseignais à Richer, en 1970. Le docteur Doyle était alors président de la Commission scolaire de la Rivière Seine. Et moi, j’étais président de l’Association des enseignants de la division scolaire. Certains commissaires s’enorgueillissaient du fait que les enseignants étaient les deuxièmes moins bien payés de la province. Pas Patrick Doyle. À son avis, c’était une injustice. Il a été éloquent et convaincant. On a reçu une augmentation de salaire. Grâce à sa capacité remarquable de convaincre les gens, soit en face à face ou en groupe.
« Et c’est pourquoi le docteur Doyle a présidé autant de comités de sa profession, notamment le Collège des médecins du Manitoba et le conseil d’administration de l’Hôpital général Saint-Boniface. C’était un leader et un homme qu’on pouvait respecter. Alors qu’il était Premier ministre du Canada, Pierre Trudeau l’avait sollicité pour être candidat libéral dans la région. Il voulait Patrick Doyle dans son camp.
« Et ça se comprend! Le docteur Doyle a poussé pour que les services en santé soient livrés en français autant qu’en anglais. Il a été un précurseur du bilinguisme, bien longtemps avant que l’idée ne soit populaire. Il a aussi préconisé une place légitime pour le français dans les écoles de la Division scolaire de la Seine. Les francophones ne pouvaient demander mieux que d’avoir un anglophone comme Patrick Doyle de leur côté. »