Poésie quand tu nous tiens
La Pauline-Boutal, le coeur culturel de Saint-Boniface depuis 1974, était pleine comme un oeuf pour honorer la réputation de Fred Pellerin. Le petit gars de Saint-Élie-deCaxton l’a tout de suite baptisée Saint-Bobo, et l’a prise à témoin de la création du
Durant une heure et demi, le fantasque et intriguant poète a fait ressortir le génie de sa veine, à laquelle il donne depuis plusieurs années ses lettres de noblesse. Fred Pellerin s’est mis à nu, sans artifices, devant le public de Saint-Boniface, pour présenter son spectacle-concept, qui mêle contes et musique.
Décidé à faire connaissance et à partager un moment d’intimité, l’auteur charme « Saint-Bobo », la « vieille Saint-Boniface » dès le début de son récital. Preuve de la prouesse de sa prose, qui établit directement une complicité entre le natif de Saint-Élie-de-Caxton et le public manitobain. Le spectacle offert au public francophone est parsemé de rencontres. Du barbier Méo à la mère Gélinas aux 473 enfants, tous ces personnages réels voient leurs vies repeintes de manière astucieuse par la patte de Fred Pellerin.
Entre chacune de ses histoires, le conteur se mue en chanteur, et ce diable met ses instruments au service de son art des mots. Guitare, accordéon, harmonica se succèdent et laissent comprendre au public que le talent du Québécois est complet. Toujours écrites et chantées avec finesse et robustesse, les chansons captent l’auditoire autant que les contes du poète. C’est un spectacle complet qui brille dans les yeux du public conquis. À chaque instant les mots sont caressés par un Fred Pellerin qui n’a pas l’air d’y toucher.
L’auteur n’aura chanté « que » cinq chansons en une heure et demie d’aubade, mais la densité des mots qui ont rempli la salle Pauline- Boutal a laissé à l’auditoire des étoiles plein les yeux. Comme il n’a pas peur de se frotter à la langue de Molière, Fred Pellerin lui donne une souplesse en lui rendant son innocence. Derrière sa tignasse frisée, le raconteur gratifie le public de jeux de mots qui restent dans les têtes. D’ailleurs, il est encore évident qu’ « il y a des cheveux qui font de la lumière ».
Le temps d’une dernière chanson qui ponctue une présentation sincère et travaillée, l’artiste accompli, à l’aube de la 400e représentation de son spectacle « De peigne et de misère », a bien salué « Saint-Bobo » pour son accueil. En attendant un retour dans la capitale manitobaine, les cd de Fred Pellerin sont à croquer, en toutes circonstances et sans modération.
(1) Son spectacle « De peigne et de misère » a eu lieu dans le cadre de Coup du coeur francophone, au CCFM, le mercredi 28 novembre 2015.