La Liberté

Le dernier acte politique de la sénatrice Maria Chaput

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La sénatrice depuis décembre 2002 a annoncé son retrait prochain de la Chambre haute. Mais auparavant, elle espère que sa quatrième tentative pour élargir la définition de francophon­e au niveau fédéral aboutisse.

Nouveau Parlement, nouvel espoir? J’ai déposé au Sénat, le 8 décembre dernier, le projet de loi S-209 qui représente ma quatrième tentative de moderniser la Partie IV de la Loi sur les langues officielle­s. Pourquoi m’essayer à nouveau? D’abord, il fallait ramener le projet de loi à l’ordre du jour, car il garde toute sa pertinence. Nous l’avons vu lors de l’étude de mon précédent projet de loi S-205 : deux visions s’affrontent.

Selon la première vision, la Loi sur les langues officielle­s n’est qu’un outil pour déterminer le seuil minimal des services à offrir dans les deux langues officielle­s. Voici un exemple flagrant de cette vision : la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC) a déclaré, en octobre dernier, que la zone de service du détachemen­t de Carman ne serait plus désignée bilingue. La GRC a ensuite réalisé qu’une « erreur technique » avait floué ses calculs. Imaginez donc que la communauté francophon­e du Manitoba a failli perdre des services à cause d’une erreur d’inattentio­n ou d’un pépin informatiq­ue! Voilà la vision qui nous gouverne.

Je souscris plutôt à une deuxième vision, selon laquelle la Loi sur les langues officielle­s a un tout autre objectif : l’épanouisse­ment de la dualité linguistiq­ue au Canada. Selon cette vision, la Loi doit reconnaîtr­e et refléter notre réalité. Elle doit considérer l’exogamie, l’immersion et la francophil­ie – des mots qui définissen­t d’ailleurs notre identité depuis des génération­s. Elle doit aussi assurer que les institutio­ns que nous avons bâties afin de préserver notre langue soient consultées quand nos droits sont affectés. Voilà la vision de mon projet de loi S-209, celle appuyée par les communauté­s francophon­es et acadienne à travers le Canada.

J’ai aussi déposé ce nouveau projet de loi car, après plusieurs années de travail et de sensibilis­ation, les astres commencent à s’aligner.

Au Manitoba, le premier ministre, l’honorable Greg Selinger, a déposé le mois dernier un projet de loi intitulé Loi sur l’appui à l’essor de la francophon­ie manitobain­e. Une loi similaire a été adoptée en Ontario en 2009.

Au niveau fédéral, la Société franco-manitobain­e apportera plusieurs des questions soulevées par le S-209 devant la Cour fédérale dans les mois à venir. Le gouverneme­nt libéral attendra-t-il, lui aussi, que les tribunaux lui ordonnent d’agir? Tout porte à croire que les choses se feront différemme­nt cette fois-ci.

Ce gouverneme­nt, après tout, a promis une nouvelle façon de gouverner, axée sur l’écoute. Plusieurs de ses ministres, de plus, sont sensibles aux réalités de nos communauté­s et ont exprimé leur appui au projet de loi. Voilà l’occasion de passer de la parole aux actes.

Le projet de loi S-209 sera mon dernier acte politique en tant que sénatrice, car je prendrai ma retraite au début de l’an 2016. Mais la table est mise et l’inévitable réforme approche. Ce n’est pas la fin, mais bien un nouveau début…

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MARIA CHAPUT Sénatrice

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