Lettre ouverte à nous tous
(Sur la question de la SFM et des réfugiés syriens)
Madame la rédactrice,
Depuis les élections fédérales, il est beaucoup question des réfugiés syriens. Et plus que jamais depuis quelque semaines, puisque le nouveau gouvernement a décidé de tenir sa promesse électorale.
Pour la francophonie manitobaine, cela devrait représenter une occasion de faire d’une pierre deux coups : accueillir des réfugiés syriens qui ont déjà une connaissance du français, et ainsi élargir l’espace francophone, une volonté exprimée par la Société franco‐manitobaine depuis 2001.
Au plan canadien, il n’y a pas de doute que notre fierté collective connaît un essor depuis le 19 octobre. La bienvenue que nous offrons aux réfugiés syriens qui acceptent de recommencer leur vie au Canada est un signal important de ce réveil collectif. Je suis en particulier fier des efforts qui sont entrepris par l’Accueil francophone, où l’on s’emploie en ce moment à faciliter l’arrivée de ces nouveaux citoyens.
Mais je suis aussi surpris et désappointé de devoir réaliser que la Société franco‐manitobaine reste silencieuse sur ce dossier politique. Pourtant, à la dernière réunion du conseil d’administration de la SFM à laquelle j’ai participé, j’ai proposé que nous (la communauté francophone) nous nous mobilisions pour inviter des réfugiés syriens francophones à venir s’installer à Saint‐Boniface. Et cela en toute logique humanitaire.
Parce qu’il est inévitable que les Syriens qui partagent notre langue maternelle soient limités dans leur choix de trouver une communauté francophone accueillante. Immigrer est déjà assez difficile. Si au moins nous pouvions aider quelques familles, déjà assez dans le besoin comme ça, à garder leur langue de choix tout en cherchant à faciliter leur intégration dans un nouveau milieu, pourquoi ne pas le faire?
Malheureusement, à cette dernière réunion du conseil d’administration de la SFM où j’ai fait ma proposition, il n’y avait pas quorum. Donc, il n’y a pas eu de procès‐verbal. Il n’y a pas eu de suivi non plus, même si mon idée avait été bien reçue par les personnes présentes. Évidemment, j’avais espéré que le nouveau conseil d’administration élu à la mi‐octobre relancerait ce dossier très important, convaincu que les nouveaux membres sont aussi très sensibles à ce drame d’envergure mondiale.
Je reste d’autant plus surpris de leur inaction que tout le monde autour de nous, à commencer bien sûr par le gouvernement fédéral, et sans oublier des initiatives venues des paroisses, redouble d’efforts pour recevoir des réfugiés. Or la SFM tient là une occasion extraordinaire de faire valoir notre nécessité d’élargir notre espace francophone. Il nous suffit pour cela de nous faire entendre et de contribuer à l’effort collectif des Manitobains.
Le silence de la SFM est particulièrement regrettable, puisque la SFM a pleinement conscience que le gouvernement fédéral est censé avoir en place une politique et un processus dont le but est d’assurer le maintien de la proportion de francophones en milieu minoritaire, justement en s’appuyant sur une gestion intelligente du dossier de l’immigration.
Mais, nous le savons aussi parfaitement, il est depuis longtemps abondamment clair qu’il est nécessaire de rappeler à l’ordre le gouvernement fédéral sur ses obligations. J’espère sincèrement qu’il n’est pas trop tard.
Walter Kleinschmit Francophone qui a eu le plaisir de vivre sa francophonie
au Moyen‐Orient. Ancien président de l’Association des résidants du Vieux Saint‐Boniface
Le 8 décembre 2015