La Liberté

« C’est facile d’être gentille, Maman »

Suzanne Beaumont, maman et enseignant­e de Winnipeg, essaie de donner un nouveau rôle à Elf on the Shelf . Dans sa maison, le petit lutin espiègle sur l’étagère sert à répandre la gentilless­e.

- Ruby Irene PRATKA presse3@la-liberte.mb.ca

Si vous avez de jeunes enfants, il est très probable que vous ayez déjà entendu parler du fameux Elf on the Shelf. Cette tradition des fêtes d’un nouveau genre, qui date de 2005, fait apparaître un lutin mystérieux sur une étagère chez une famille avec de jeunes enfants.

Le lutin fait des farces, laisse des messages et parfois des cadeaux aux enfants dès le début du mois de décembre. Si, pendant la journée, on touche le lutin, la magie sera perdue. Mais il se déplace comme bon lui semble pendant la nuit et il est souvent découvert par les enfants dans des positions compromett­antes. Toutefois, le lutin n’est pas là rien que pour s’amuser—chaque nuit il repart pour le pôle Nord, pour remettre un rapport sur le comporteme­nt des enfants au Père Noël.

Suzanne Beaumont a trouvé ce dernier aspect du lutin déconcerta­nt. « L’année dernière, ma fille, qui avait quatre ans, était revenue de la garderie en disant que ses amies avaient un lutin qui leur rendait visite. Je n’y ai pas trop pensé, mais cette année elle a dit la même chose. Alors je suis allée au magasin pour voir si on ne pourrait pas avoir un lutin chez nous. J’ai lu l’endos de la boîte et j’ai été vraiment étonnée : le seul but du lutin est de surveiller le comporteme­nt des enfants.

« Que le lutin espionne le comporteme­nt des enfants, c’est complèteme­nt à l’encontre de mes valeurs. Il ne faut pas menacer des enfants pour qu’ils se comportent bien. Ça ne fonctionne pas. Je me suis dit : et si le lutin pouvait enseigner, au lieu de menacer? Les enfants savent ce qu’il ne faut pas faire, mais ils n’ont aucune idée de ce qu’il faut faire. J’aimerais que le lutin devienne un exemple du vivreensem­ble. »

Alors l’enseignant­e de formation a décidé de penser la tradition autrement. Gentilless­e le lutin était né. Chaque matin de décembre, quand Gabrielle, 5 ans, se lève, elle trouve un message du lutin. Ce n’est pas une menace ni une farce, mais un défi. Gentilless­e demande à Gabrielle de faire un dessin pour quelqu’un, d’appeler sa grand-mère, de tenir la porte pour quelqu’un ou de faire des biscuits et de les partager.

« Le lutin fait des choses drôles, il se déplace, il se cache. J’ai gardé cette idée—je n’ai rien contre la magie de Noël. Mais je veux encourager des actes de gentilless­e qui sont faciles à faire et qui s’éloignent du consuméris­me et de l’argent. Ma fille m’a justement dit, après avoir complété un de ses défis : “C’est facile d’être gentille, Maman.’’ »

Suzanne Beaumont utilise sa page Facebook, The Compassion­ate Kid, pour poster des photos des exploits du lutin. Un nombre grandissan­t de mères, dont certaines en Europe, ont embarqué, et elles envoient des photos de leur propre lutin. Une mère winnipégoi­se vivant en Europe et un enseignant de 6e année de l’école Gabrielle-Roy, à Île-des-Chênes, font partie des mordus du projet.

Suzanne Beaumont voit plus loin que le mois de décembre : « Ma grande vision pour le lutin est que l’idée devienne une tradition annuelle, pour qu’une communauté de parents, d’enseignant­s et d’élèves pleins de compassion se construise autour du concept. »

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Photo : Gracieuset­é Suzanne Beaumont L’enseignant­e Suzanne Beaumont espère créer une communauté de compassion autour des exploits de Gentilless­e le lutin (en haut, assis sur le rebord).

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