La Liberté

Saint-Henri n’est plus ce qu’il était

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On pourrait presque dire du quartier SaintHenri, dans le sudouest de Montréal, qu’il est le personnage principal de Bonheur

d’occasion. Gabrielle Roy en fixe le portrait dans un reportage dès 1941 : « Le faubourg SaintHenri voit passer tant de trains! Incessamme­nt rugit la locomotive. (…) Les petites maisons de bois tremblent sur leurs bases; la pauvre vaisselle s’entrechoqu­e, et, audessus du vacarme, la voix humaine s’élève pour continuer la conversati­on sur un ton criard. » Soixante quinze ans plus tard, G abri elleRoyre connaîtrai­t elle le cadre de son premier roman? Oui, car le quartier conserve sa vocation industriel­le, surtout le long du canal Lachine, ainsi que beaucoup de ses édifices historique­s. Non, car le petit peuple ouvrier cher au coeur de la romancière quitte de plus en plus SaintHenri sous l’effet de la « gentrifica­tion ». Dans SaintHenri aujourd’hui, la hausse des loyers chasse les petits commerçant­s, et les propriétai­res de condos remplacent les locataires de logements modestes. Même si la population locale conserve une forte proportion de foyers à faible revenu (34 % des quelque 16 000 habitants en 2011), SaintHenri n’est plus le quartier emblématiq­ue du prolétaria­t canadienfr­ançais. Pas sûr que Gabrielle Roy choisirait d’y installer la famille Lacasse en 2015!

Selon vous, quel quartier ou quelle ville du Canada offrirait le cadre idéal d’un roman sur la pauvreté urbaine en 2015? Répondez sur la page Facebook de la Maison GabrielleR­oy (www.facebook.com/LaMaisonGa­brielleRoy) ou par courriel à info@maisongabr­ielleroy.mb.ca.

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