L’avocat d’une des victimes s’indigne
Ronald Léger, coupable de chefs d’accusation d’agression sexuelle et de contacts sexuels contre trois adolescents, pourra purger le reste de sa peine dans une maison de transition à Winnipeg. Me Robert Talach, l’avocat d’une des victimes du prêtre, exprime sa frustration.
La Commission des libérations conditionnelles du Canada a rendu sa décision écrite le 15 septembre. Ronald Léger n’a pas obtenu une libération conditionnelle totale, mais il est libre de ses allées et venues le jour.
La Commission a justifié son refus d’une libération totale parce qu’il représente « un risque inacceptable » pour la société. La libération conditionnelle de jour est justifiée par le « risque de récidive modéré ». Ce risque est évalué à une chance sur cinq.
On se rappellera que l’ancien curé de la paroisse SainteFamille à Saint-Boniface était incarcéré au pénitencier de Stony Mountain. Le 9 février, le Clerc de Saint-Viateur avait écopé d’une peine d’emprisonnement de deux ans de la Cour provinciale.
Me Robert Talach représente une des victimes de Ronald Léger dans une poursuite civile de 2,1 millions $ intentée à l’endroit du prêtre, ainsi que l’Archidiocèse de Saint-Boniface et les Clercs de Saint-Viateur. Pour l’avocat, la libération conditionnelle de Ronald Léger, même de jour, est « inacceptable ».
« Je n’en suis pas le moindrement étonné par contre. Notre système de justice pénal ne fonctionne plus. Déjà, sur le plan de la justice accordée aux victimes, une peine d’emprisonnement de deux ans était risible. Elle ne représentait que huit mois par victime. Et maintenant, Ron Léger passera ses journées en liberté. Il n’aura passé que 80 jours par victime en prison.
« Le grand public doit se rendre compte que généralement, quand un criminel reçoit une sentence, il est en prison pour seulement la moitié du temps prescrit. Souvent encore moins que ça. Dans le cas d’un Ronald Léger, je trouve ça honteux qu’un voleur de voitures puisse aisément passer plus de temps en prison que lui. Nos voitures valent-elles plus que nos enfants? »
Me Robert Talach déplore également que la libération conditionnelle de jour du prêtre se fasse à Winnipeg.
« La décision de la Commission des libérations conditionnelles du Canada précise que Ronald Léger a un réseau de soutien de 25 personnes. À mon avis, le fait de fréquenter ces personnes augmente le risque d’une récidive. Ces personnes sont dans le déni absolu. Ils le voient encore comme un prêtre, une personne innocente malgré l’aveu de Ronald Léger luimême. Ils ne le voient pas comme un délinquant sexuel. Ces personnes pourraient aisément lui confier leurs enfants, sans se rendre réellement compte du risque. » Selon Me Robert Talach, le seul réconfort est « que l’indignation du public éperonnera peut-être une autre victime à se déclarer ».
Au sujet de la poursuite civile intentée au nom d’une des victimes de Ronald Léger, l’avocat précise que « le dossier n’a pas avancé ».