La Liberté

« Tout le monde va grandir »

- Daniel BAHUAUD redaction@la-liberte.mb.ca

Quand Georges Druwé a vu la famille Idris descendre le grand escalier à l’aéroport de Winnipeg le 22 septembre, le coordonnat­eur du groupe de parrainage des SaintsMart­yrs-Canadiens moment fort pour un pouvait homme à si peine réservé. contenir sa joie. Un

Georges Druwé a le souci de parler du coeur. « Dès le premier instant, ces Syriens n’étaient plus des étrangers, ils n’étaient plus des réfugiés. Ils étaient des personnes, une famille. Et ils étaient finalement là. Notre groupe les a chaleureus­ement accueillis. À vrai dire, on les a envahis d’amour. Et les Idris ont accepté cet amour avec beaucoup de chaleur,

beaucoup d’émotion. C’était tout simplement beau. »

Le groupe de parrainage des Saints-Martyrs-Canadiens a « déjà beaucoup accompli » depuis cette rencontre inoubliabl­e. Georges Druwé explique les nombreuses manières dont ses membres se sont activés :

« La toute première semaine d’accueil a été très mouvementé­e. D’abord, on a conduit les Idris à leur nouvelle demeure, à SaintVital. C’est une maison à trois chambres à coucher. Une pour les parents, Farid Idris et Rehab Krouma, l’autre pour les deux garçons, Mohammad et Yousef, qui ont 12 et 9 ans. Et la troisième pour Inas, leur fille de 22 ans. Nous voulions que les Farid se sentent à l’aise, dans des locaux où ils pourraient respirer un peu.

« Nous sommes heureux d’avoir cette maison, qu’on a obtenue par un coup de chance. On s’est seulement mis à la louer le 15 septembre. Elle était déjà louée par un groupe de parrainage de la paroisse Saint Ignatius, dans l’Archidiocè­se de Winnipeg. Ce groupe attend toujours l’arrivée d’une famille depuis plusieurs mois. Il ne pouvait plus assumer les frais de location, alors on a pris leur bail. »

Dès le lendemain, les paroissien­s se sont mis à l’oeuvre pour voir aux nombreux besoins des Idris. « On s’est divisé en groupes. Le groupe de logement et d’ameublemen­t s’était déjà mis à l’oeuvre pour s’assurer que la famille avait des lits, des meubles, etc. D’autres groupes veillent aux besoins médicaux et dentaires, aux finances, à l’éducation, aux vêtements et à la nourriture, au transport et à la culture. »

Ainsi, les Idris ont déjà ouvert des comptes de banque et obtenu des examens médicaux, par des médecins qui parlent l’arabe. « La langue est un défi. Inas Idris parle un peu d’anglais, parce qu’elle a fait des études universita­ires. Ça nous aide. Et on a une équipe d’interprète­s bénévoles qui nous aident énormément. C’est clair que les parents devront apprendre l’anglais aussi rapidement que possible. Pour se débrouille­r au quotidien, mais aussi pour devenir autonomes et veiller à leur famille.

« Farid Idris a été camionneur pour une coopérativ­e en Syrie. Il conduisait un camion de 13 tonnes et a 25 ans d’expérience. Pourquoi ne pas devenir camionneur au Manitoba? C’est une possibilit­é à explorer. » Une autre étape franchie par le groupe de parrainage a été celle d’inscrire les garçons à l’école. « On a vite compris que Mohammad et Yousef ne voulaient pas rester à la maison à se tourner les pouces. Ils nous ont exprimé leur hâte d’aller à l’école. D’ailleurs ils fréquenten­t déjà St. George School. C’est un excellent milieu puisque 80 % des élèves sont des réfugiés. Le personnel est très conscient de leurs besoins.

« Mohammad et Yousef sont heureux d’être déjà à l’école. Il a fallu qu’ils apprennent à se familiaris­er avec l’autobus scolaire, accompagné d’un interprète. »

Puisque les Idris sont arrivés en septembre, ils pensent déjà à l’hiver.

« Ils ont passé 15 mois en Turquie. Quand ils ont appris qu’ils allaient se rendre au Canada, l’idée du froid provoquait une légère anxiété. Alors ils ont déjà reçu leurs premiers vêtements d’hiver. Ils n’auront pas froid cet hiver. Entre-temps, ils s’ajusteront doucement aux températur­es plus froides au cours de l’automne. »

Georges Druwé se dit « très heureux de ce qui a déjà été accompli ».

« Notre équipe est vraiment engagée et dévouée. Tous nos membres peuvent être fiers de leur travail. Pour eux, comme pour moi, accueillir une famille, c’est plus qu’une simple oeuvre de charité. C’est une rencontre. Je vis les mêmes émotions qu’en 1980, alors que les SaintsMart­yrs-Canadiens ont parrainé des Boat People du Vietnam.

« Je sais d’expérience que cette nouvelle rencontre va me transforme­r comme en 1980. C’est une rencontre. Une découverte. On se met en relation avec d’autres. Les Idris seront transformé­s par notre accueil. Mais nous aussi. Tout le monde grandit. »

 ?? Photo : Gracieuset­é Robert Dacquay ?? La famille Idris : Mohammad, Inas, Yousef, Farid et Rehab Krouma.
Photo : Gracieuset­é Robert Dacquay La famille Idris : Mohammad, Inas, Yousef, Farid et Rehab Krouma.

Newspapers in French

Newspapers from Canada