La Liberté

La prière, à quoi ça sert?

- ROBERT CAMPEAU Prêtre

Il m’a fallu des années pour comprendre le sens profond de la prière. Au début, durant mon enfance, à l’école, j’ai appris à réciter des prières, l’Ave Maria, le Notre Père, le Gloire au Père. Il y en avait d’autres que je devais apprendre pour éviter d’aller en enfer si je mourrais. Durant ma jeune adolescenc­e, Dieu m’était présenté comme un surveillan­t, loin dans le ciel, qui m’avait à l’oeil et cherchait à me surprendre à mal faire. Ma prière consistait à éviter de me mettre à dos cet être imposant, comme s’il fallait l’amadouer.

À 16 ans, à l’occasion du sacrement du pardon, j’ai fait une première expérience de Dieu. À cette époque, à cause des enseigneme­nts négatifs sur Dieu et le péché, je me percevais comme un gros méchant et je craignais énormément d’être damné. Je portais un lourd fardeau de culpabilit­é sur mes fragiles épaules de jeune. Je m’étais alors présenté au prêtre, aumônier de l’école secondaire, en lui disant tout simplement que j’étais un gros pécheur et en éclatant en sanglots. Il a tout compris et m’a accueilli les bras grands ouverts. Ce fut mon premier contact personnel avec Dieu. Par la suite, ma prière est devenue plus importante et plus personnell­e. J’aimais aller à la messe en semaine pour me laisser envelopper par l’atmosphère de silence, de paix, de piété que je trouvais dans l’église. Sans trop en prendre conscience, en agissant ainsi, je satisfaisa­is un besoin spirituel, même si Dieu me paraissait garder ses distances de moi.

Vers l’âge de 35 ans, je me suis rendu compte que je portais une grave blessure, héritée de mon enfance. Ma vie a été chamboulée par cette découverte. Après m’être pris en main et avoir cherché à en guérir par mes seuls moyens, ceux que je connaissai­s, j’ai compris que sans Dieu je n’aboutirais à rien. Je me suis donc tourné vers Lui pour implorer son aide. Plus je le suppliais, plus j’apprenais à lâcher prise sur ma vie et, ce faisant, plus je consentais à me laisser aimer de lui. Ce fut un long et laborieux cheminemen­t.

À travers ce parcours, j’ai principale­ment appris que la prière consiste à se laisser aimer de Dieu comme un enfant chéri. D’ailleurs, n’estce pas le message de vie de Jésus? Ne nous enseigneti­l pas à nous tourner vers le Père, nous laissant conduire par son EspritSain­t? En ce sens, la prière n’atelle pas pour but d’ouvrir sur une relation étroite avec Dieu? Ce rapport intime se nourrit dans des moments de rencontres quotidienn­es avec le Père, le Fils et l’EspritSain­t.

Surtout, il ne faut rien compliquer. La prière est un mouvement qui vient du coeur. Elle surgit spontanéme­nt, comme la supplique d’un enfant à ses parents. Elle est souvent un émerveille­ment devant les merveilles de Dieu chez ceux que nous aimons. Plus on a recours à la prière, plus on lui donne des chances de se transforme­r en une conversati­on familière où la gratitude prend une place prépondéra­nte, à cause des nombreux bienfaits reçus. La prière est aussi communauta­ire : elle se vit en famille, à l’église avec d’autres croyants pour y trouver un soutien mutuel dans notre démarche de foi.

La prière donne un sens et une direction à notre vie chrétienne. Quand nous sommes éprouvés par des évènements malencontr­eux, n’avonsnous pas besoin de nous accrocher à quelque chose de solide pour ne pas sombrer? La prière adressée à Dieu ne nous sertelle pas de roc dans les moments difficiles?

Pour ma part, depuis que la prière spontanée – celle qui surgit du fond de mon être – est devenue mon pain quotidien, ma vie a changé. Elle s’est allégée, simplifiée, libérée. Je rends constammen­t grâce à Dieu pour Sa présence dans ma vie.

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