Premier défi : établir les priorités
Rochelle Squires, la ministre de la Francophonie, a attendu l’Assemblée générale annuelle de la SFM du 13 octobre pour rendre publique son choix. Comme le prévoit la Loi sur l’appui à l’épanouissement de la francophonie manitobaine, votée à l’unanimité le 28 juin, cinq membres de la communauté ont été nommés au tout premier Conseil consultatif des Affaires francophones.
Jacob Atangana-Abé, Alexandre Brassard, Aileen Clark, Michèle Lagimodière-Gagnon et Louis Tétrault participeront au dialogue officiel et permanent avec le gouvernement provincial.
Quant à Jacqueline Blay, elle coprésidera le comité tant qu’elle sera présidente de la SFM.
Rochelle Squires a hâte de se mettre à l’oeuvre : « On a une bonne représentation du Manitoba contemporain. Les régions sont bien présentes, comme les nouveaux arrivants, les francophones de souche, le milieu de l’immersion. Donc toutes personnes qui ont une affinité spéciale avec la langue française, comme le prévoit la définition d’un francophone dans la Loi 5.
« J’ajoute que du côté de la Province, un message fort est également lancé. Donna Miller, la greffière du Conseil exécutif va coprésider le Conseil consultatif. Par le choix des sous-ministres, comme celui de Frederick Manty, des Sports, de la Culture et du Patrimoine, on rappelle le potentiel économique et touristique de la culture francophone. »
Pour sa part, Jacob AtanganaAbé note qu’il a « énormément de travail à faire ». « Je suis soucieux du rôle qui sera le nôtre. Il faut réfléchir à la mise en oeuvre de la Loi 5. Notre matière première sera les États généraux de la francophonie. Je vais certainement apporter la perspective d’un nouvel arrivant. Mais il y a d’autres problématiques, comme le dépeuplement des régions rurales et la préservation de la francophonie dans ces régions. »
Michèle Lagimodière-Gagnon est « heureuse de pouvoir assurer une présence métisse ». « On a trop souvent négligé les Métis dans la communauté. Je suis heureuse que l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba ait proposé ma candidature à la SFM, qui l’a ensuite transmise à la ministre Squires. »
Un bémol est cependant soulevé par Bernard Lesage, le président de la Commission scolaire franco-manitobaine. « Je suis déçu. Non pas du choix des personnes, qui sont très qualifiées. Mais que la Division scolaire franco-manitobaine soit absente. « La DSFM représente 23 communautés scolaires qu’on retrouve partout au Manitoba, de Thompson à Winnipeg en passant par Saint-Lazare et Sainte-Anne. Elle enseigne à plus de 5 000 élèves. On connaît les réalités rurales et urbaines, on travaille de près avec les parents, on s’occupe de la petite enfance et des besoins des nouveaux arrivants. Et on collabore avec la quasi-totalité des organismes. Bref, c’est vraiment dommage qu’on ne soit pas à la table. Et que trois membres du Conseil travaillent à l’Université de Saint-Boniface. »
Jacqueline Blay, la présidente de la SFM, voit la situation d’un oeil différent. « La SFM a soumis une liste de huit noms, qui proviennent de la communauté. Les membres choisis sont capables et qualifiés.
« La CSFM ne devrait pas voir un rejet dans cette sélection. Au contraire. Le sous-ministre de l’Éducation siègera au Conseil. Et le dossier fera partie importante du dialogue qui sera entamé. La DSFM a par ailleurs accès direct au ministre de l’Éducation. Elle peut faire appel à la Loi sur les écoles publiques et même à l’Article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. »
Les coprésidentes Donna Miller et Jacqueline Blay devront choisir la date de la première rencontre du Conseil consultatif des Affaires francophones.
La présidente de la SFM note qu’il y a « tout un travail de défrichage à faire ».
« Je souhaite une mise en oeuvre dynamique de la Loi 5. Dès que possible, certaines questions devraient être posées. Est-ce que les régions géographiques désignées francophones dans le sillage du Rapport Chartier de 1998 correspondent toujours à la réalité de 2016? Il faudrait aussi revoir la politique provinciale sur les services en français. Ça fait déjà longtemps qu’elle n’a pas été mise à jour. »