L’univers par désir d’élévation
L’artiste-peintre Monique Larouche s’est unie à son conjoint, l’anthropologue et musicien Denis Gagnon. Ensemble, pour leur toute première collaboration artistique, ils ont recréé l’univers…
Lorsque Monique Larouche s’est laissée aller, en 2014, à penser à la création de l’univers, elle imaginait déjà ses toiles « flotter dans les airs ».
« Je voyais des grands tableaux, suspendus comme sous la voûte d’une immense cathédrale italienne. La contemplation de l’univers mérite, et surtout exige, une élévation du regard. Et aussi une élévation de la pensée et de l’âme. »
Deux ans plus tard, le rêve de Monique Larouche a pris corps d’une manière qu’elle n’aurait pas pu soupçonner au moment de sa conception. Le planétarium du Musée du Manitoba présentera, le 27 octobre, La création de l’Univers, selon la Genèse, la science et l’art. (1)
Pour son collaborateur intime, le musicien Denis Gagnon, le planétarium est « l’endroit idéal pour présenter les 18 tableaux de La création de l’Univers, selon la Genèse, la science et l’art ». « D’immenses photos des peintures de Monique seront projetées, très lentement, sur la voûte du planétarium. Le tout sera accompagné d’une musique que j’ai composée, une partition qui reflète ces trois manières d’envisager le monde. »
Monique Larouche propose l’esquisse des trois temps du spectacle multimédias :
« D’abord, il y a le mythe, celui du récit judéo-chrétien de la Genèse. C’est une histoire profonde, qui humanise le cosmos. Ensuite, il y a la vision scientifique de la création – le Big Bang – qui est d’un autre registre. L’univers n’est pas créé en six jours, mais prend 13,8 milliards d’années pour se déployer, de manière impersonnelle, neutre. Et l’univers est vaste. On peut facilement perdre sa place dans cette l’immensité spatio-temporelle. »
D’où la nécessité pour l’artiste-peintre d’en arriver à une troisième perspective, voire même une synthèse des deux manières d’envisager le monde. Monique Larouche élabore : « Ces visions sont différentes, mais complémentaires. Le rôle de l’artiste, c’est de préserver, par sa créativité, un sens de la place de l’humanité dans le cosmos. »
Elle donne un exemple concret : le tableau Naissance spirituelle – l’ange, où la silhouette élancée d’un ange, aux ailes composées d’amas stellaires, émerge du sombre nuage d’une nébuleuse pouponnière d’étoiles. Pour Monique Larouche, cette synthèse artistique ne saurait s’effectuer en solitaire. « L’élévation se partage. La création engendre la création. »
Denis Gagnon partage cette observation : « Depuis que Monique s’est mise à explorer le thème de la création, j’ai contribué à ses réflexions. Je lui ai fourni des bouquins scientifiques. Et on a beaucoup discuté. Notre dialogue a nourri ses peintures. »
Le dialogue certes, mais aussi la musique de Denis Gagnon. « J’ai passé l’été à composer. C’est-à-dire à contempler ses toiles et à improviser. J’ai voulu créer de manière intuitive, en enregistrant mes premiers jets, pour évoquer une ambiance. Pour la Genèse, j’ai utilisé des instruments acoustiques, surtout la guitare, le violoncelle et, dans le cas de la création des animaux, le cromorne.
« Traiter la science musicalement exigeait une autre approche – le synthétiseur. Et pour la vision de l’artiste, j’ai fait appel à la chaleur du piano, de la guitare et de la flûte. »
La création de l’Univers, selon la Genèse, la science et l’art sera également accompagnée d’une récitation d’extraits du livre de la Genèse, ainsi que de poèmes de Monique Larouche.
Denis Gagnon creuse le sujet : « La création est contagieuse. Je ne suis pas le seul à avoir été interpellé par le mouvement d’élévation de Monique. La traductrice Lorraine Forbes a produit de belles versions anglaises des poèmes de Monique. Le mixage de la trame sonore a été la contribution de Joseph Péloquin-Hofner. Et Kevin Mogk, du planétarium, participe à travers son étonnant jeu de lumières et d’images pour appuyer les peintures. »
Deux présentations seront offertes, l’une en anglais et l’autre en français. Denis Gagnon croit que le résultat final sera « envoûtant ». « Trop souvent, les présentations multimédias nous assomment avec une cascade fulgurante d’images et de bruits qui nous lance la poudre aux yeux. La création de l’Univers, selon la Genèse, la science et l’art sera une expérience contemplative, zen. »
(1) La création de l’Univers, selon la Genèse, la science et l’art sera présenté le 27 octobre au planétarium du Musée du Manitoba, au 190, avenue Rupert à Winnipeg. Le spectacle aura lieu en anglais à 19 h et en français à 20 h 30. Renseignements : 204 988-0656.