La Liberté

DE LA SEMAINE

Le Fédéral lance une étude qui va prendre deux ans pour mettre à jour sa manière de déterminer où Service Canada, Postes Canada et la GRC doivent offrir des services bilingues. Maria Chaput et Daniel Boucher croient qu’il était temps.

- Daniel BAHUAUD redaction@la-liberte.mb.ca

« La définition d’un francophon­e employée par le Fédéral est presque raciste, parce qu’elle est basée sur la langue maternelle. »

Maria Chaput, ancienne sénatrice et auteure du projet de loi S209, approuve l’intiative d’Ottawa de revoir son règlement sur les langues officielle­s.

Scott Brison, le président du Conseil du Trésor du Canada, a annoncé le 17 novembre une ronde de consultati­ons pour réviser et moderniser le règlement sur les langues officielle­s, qui remonte à 1991. Entre-temps, il a décrété un moratoire jusqu’à la mise en place d’un nouveau règlement afin qu’aucun bureau gouverneme­ntal bilingue ne perde son statut.

Maria Chaput, l’ancienne sénatrice manitobain­e, approuve l’initiative. « La façon que le Fédéral comptabili­se les francophon­es n’est pas juste. Quand Ottawa insiste qu’un francophon­e soit seulement une personne dont la langue maternelle est le français, la francophon­ie d’aujourd’hui en pâtit.

« J’ai discuté avec Scott Brison avant son annonce. Il m’a souligné l’importance des consultati­ons. Et m’a assuré que les principes contenus dans le projet de loi S-209, que j’ai déposé au Sénat fin 2015, seraient pris en compte.

« C’est très encouragea­nt, parce que le projet de loi cherche à élargir la définition d’un francophon­e, pour inclure tous les parlants français. Il préconise une consultati­on obligatoir­e des communauté­s. Il pousse aussi le Fédéral à assurer la vitalité des communauté­s francophon­es en milieu minoritair­e. »

Le jour même de l’annonce de Scott Brison, le projet de loi S-209 a été approuvé à l’unanimité par la Chambre haute en deuxième lecture. Il a donc été renvoyé au Comité sénatorial permanent sur les langues officielle­s.

Maria Chaput précise les étapes : « D’ici le printemps 2017, le Comité sera en mesure de faire sa recommanda­tion au Sénat. Puisque le vote était unanime, il y a de très bonnes chances que le projet de loi se rende à la Chambre des communes. Ça lance un signal fort au Fédéral, en parallèle à celui qu’il obtiendra sûrement en consultant le public. »

Daniel Boucher, le PDG de la SFM, ajoute que la poursuite juridique entamée par l’organisme, « affirme justement que le règlement du Fédéral est périmé ». « Et que sa définition d’un francophon­e est également périmée. »

« La clé, c’est la comptabili­sation. La SFM veut que la formule mathématiq­ue utilisée devienne une mesure positive visant à améliorer la situation et les services. Non pas un prétexte pour réduire les services parce qu’il y a moins de “francophon­es” de langue maternelle française. En ce sens, l’annonce de Scott Brison est de bon augure. N’empêche qu’on continuera notre poursuite, qui sera entendue le 10 avril en Cour fédérale. On n’a rien entendu des avocats du Fédéral qui nous ferait ralentir ou arrêter notre démarche. »

Maria Chaput a à coeur de souligner que la poursuite juridique de la SFM et le projet de loi S-209 « démontrent la nécessité de militer ». « La Fédération des communauté­s francophon­es et acadienne a aussi fait un lobbying considérab­le auprès du Fédéral pour l’inciter à revoir son règlement. Tant mieux! Il était plus que temps! »

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Archives La Liberté Maria Chaput : « La définition d’un francophon­e employée par le Fédéral est presque raciste, parce qu’elle est basée sur la langue maternelle. Le français est une langue de communicat­ion, et pas juste celle des Canadiens français. D’ailleurs, les...

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