La Liberté

Les cartes dans le jeu d’Andréanne

À la tête de Voilà depuis 2005, la créatrice Andréanne Dandeneau vient de remporter deux nouvelles distinctio­ns. L’occasion de revenir sur son parcours de femme, et d’entreprene­ure.

- Barbara GORRAND presse3@la-liberte.mb.ca

Elle a de l’or entre les mains. Enfin, disons plutôt de la fibre de bambou équitable et du coton biologique. En ces temps écologique­ment perturbés, cela revient au même. Le plus beau dans cette histoire, c’est que le succès d’Andréanne Dandeneau a été tissé un peu au hasard. « J’étais dans le milieu de la danse et voir ces silhouette­s, ces costumes, toutes ces textures, c’est comme ça que j’ai développé un certain oeil pour le design. »

Alors, pour perfection­ner les rudiments de la couture appris auprès de sa grand-mère, la Bonifacien­ne part aiguiser son oeil au collège LaSalle, à Montréal. Là, le choix est restreint pour les apprentis créateurs : costumes pour le théâtre, mode masculine ou mode féminine. Pour Andréanne, cette dernière option sera la bonne. À l’école, elle apprend à développer sa touche personnell­e en faisant appel à sa double culture, ojibwé et française.

Mais c’est bien au Manitoba, où elle revient tous les étés, qu’elle se frotte à la réalité de son métier. « Je me suis inscrite au programme Été en affaires du CDEM. Avec ma cousine qui créait des bijoux, on a tenu un kiosque pour vendre nos créations. J’avais 250 pièces avec moi, que j’ai vendues à 90 %. Je me suis rendu compte que les clients aimaient mon design. Ça m’a donné le goût de l’entreprene­uriat. »

L’été suivant Andréanne est de retour, seule, mais avec 400 pièces. Qui s’envolent comme des petits pains. La créatrice confirme sa vocation et découvre le potentiel de son marché. À la fin de ses études, elle sollicite, et obtient, une bourse de 20 000 $ auprès d’un fonds d’appui aux entreprene­urs autochtone­s. De quoi lancer, seule, sa petite entreprise depuis le sous-sol de la maison de ses parents.

11 ans plus tard, Andréanne est à la tête d’une affaire qui a bien grandi. De nouveaux locaux, deux couturière­s, une assistante de production. De quoi lui laisser plus de temps pour la créativité pure. « Parce que la double casquette entreprene­ur/designer n’est pas toujours facile à tenir. Surtout quand on est une femme, c’est un challenge supplément­aire. Même en 2016, il faut toujours être dans la négociatio­n. Parler plus fort que les hommes. Se justifier tout le temps. »

Mais la créatrice a d’autres cartes dans son jeu. Comme son talent et sa fidélité aux valeurs d’authentici­té, qui lui valent une reconnaiss­ance grandissan­te. Ces dernières semaines, elle a reçu le prix Entreprene­urship 2016 (catégorie jeunesse en environnem­ent) de la Chambre de commerce francophon­e de Saint-Boniface, et le prix Excellence in Aboriginal Small and Medium Enterprise­s.

Ce dernier prix notamment a beaucoup touché Andréanne Dandeneau. « Parce que la productric­e Lisa Meeches, que j’admire beaucoup, l’a reçu il y a quelques années. Me dire que je reçois ce même prix après elle est une source d’inspiratio­n. »

Andréanne peut continuer à brandir ce sourire qui fait, aussi, sa marque de fabrique : avec une telle légitimité au Canada, elle peut continuer de faire grandir son entreprise. Aux États-Unis, et pourquoi pas en Europe.

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Photo : Barbara Gorrand Andréanne Dandeneau présente sa nouvelle collection, pour laquelle elle a renoué avec la tradition de perlage de ses origines ojibwé.
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