Avec l’ambition d’atteindre les âmes
Pianiste qui écrit des pièces à saveur blues et jazz, teintées de nouvel âge et écrites sur un fond classique, Charlotte Hébert présentera le 29 novembre ses plus récentes compositions, dans le cadre du Mârdi Jazz du Centre culturel franco-manitobain. (1)
Cela fait dix ans que Charlotte Hébert ne s’est pas produite au Centre culturel francomanitobain. La Bonifacienne d’origine habite à nouveau au Manitoba depuis juillet 2015, après avoir été psychologue à Ottawa et à Montréal.
« Ça fait du bien de retrouver Saint-Boniface, ma famille et mes amis. Et c’est un immense plaisir de pouvoir offrir un concert de musique originale au CCFM. Surtout que je serai accompagnée de l’harmoniciste Yves Sergerie, du batteur Daniel Roy et du contrebassiste Gilles Fournier. »
Lors de la soirée musicale, le public aura droit aux plus récentes compositions de Charlotte Hébert. Notamment Pour Michel, pièce composée pour honorer la mémoire de son ami Michel Lebel, décédé en mai 2015.
« Je l’ai écrite le jour que j’ai appris son décès. Michel avait l’âme sensible. Cet Acadien aimait profondément la musique. Et c’est lui qui m’a présenté à Yves Sergerie, ami que je qualifierais d’âme-soeur musicale. Nous avons enregistré deux albums ensemble, Temps de nuit et Étrange beauté.
« En composant Pour Michel, tout m’est venu très spontanément. Le calme, interrompu de cris de douleur et de reprises obsessives. Au fond, c’est ça ma musique. Elle reflète des états d’âme, des moments de réflexion, de l’intensité. À son meilleur, quand j’estime qu’elle est vraiment bien réussie, ma musique appelle à une profondeur d’âme. »
Cette profondeur émane parfois des choix techniques de la pianiste. Transitions passe du majeur au mineur, d’un tempo de valse à celui d’une marche et du bas-fond du clavier jusqu’à ses notes les plus aigües. « Les émotions changent en intensité, de l’introspection aux sentiments les plus forts. »
Les compositions de Charlotte Hébert sont également empreintes d’une certaine spontanéité, par les traces de jazz qu’elles incorporent. « La clé de si bémol mineur est ma préférée. J’ai conçu une petite mélodie dans cette clé, une structure dans laquelle je me laisse librement créer, dans Nouvelle pièce en mi bémol majeur.
« Parfois je joue avec des mélodies qu’on m’a données. Pour Turquie, c’est un des copains d’Yves Sergerie qui fredonnait une mélodie folklorique qu’il avait entendue dans ce pays. Je fais des interpolations sur l’air. Je m’amuse, même quand la toune vient d’un autre. »
Charlotte Hébert exécutera en effet plusieurs pièces d’autres compositeurs, notamment le classique du répertoire jazz Autumn Leaves et le Ne me quitte pas de Jacques Brel. La pianiste improvisera librement sur l’air du Peace Piece de Bill Evans.
« J’ai aussi préparé un arrangement de Denmark, une composition de Gideon Freudmann que j’ai d’abord entendue lors de la pièce Loon, présentée au Fringe Festival de 2015. La pièce racontait l’histoire d’un mime amoureux de la Lune. La musique révèle la psychologie du personnage. Elle est dramatique, obsessionnelle. La mélodie est une progression chromatique descendante, répétée en boucle. »
Ce portrait psychologique musical reflète l’ambition principale de Charlotte Hébert : « Avant tout, je souhaite que les gens passeront une soirée intime, intense où, grâce à mes pièces et au jeu de mes compagnons en musique, ils pourront prendre contact avec leur propre monde intérieur. »
(1) Le Mârdi Jazz aura lieu le 29 novembre à 20 h, en la salle Antoine-Gaborieau du Centre culturel franco-manitobain. Billets : 5 $ à la porte.