La Liberté

La vie, comme si on y était

- Amber O’REILLY

Le long voyage de Pierre-Guy B. est rythmé de tonalités musicales qui composent leur propre symphonie mystérieus­e. Ce récit de vie met en scène un musicien acadien qui voyage sept ans, revient au Nouveau-Brunswick en se demandant ce qui a changé et retrouve un ami qui l’invite à faire de la musique à son mariage. Christian Essiambre, Pierre-Guy Blanchard et Philippe Soldevila ont conçu ce bijou contemplat­if dans le cadre d'une co-production entre le Théâtre Sortie de Secours, le Théâtre de L'Escaouette et le Théâtre français du Centre national des arts.

La pièce virevolte entre le stand-up, le théâtre de l'absurde, l'improvisat­ion, le conte et un théâtre très physique pour créer une courtepoin­te vivante et musicale d'histoires vécues, puis ravivées en souvenir.

Christian Essiambre a livré plusieurs monologues impression­nants. Soit en exécutant des bonds acrobatiqu­es dans le temps comme sur scène, soit en devenant en une fraction de seconde l’un des parents ou des grands-parents de son ami. L'intensité des performanc­es de Pierre-Guy Blanchard, tantôt flammes envoûtante­s et tranquille­s, tantôt feux de joie qui éveillent tous les sens, a certes rarement eu de précédent sur les planches du Cercle Molière.

Parfois, cette fragmentat­ion constante a donné le vertige; comme l’utilisatio­n des micros a encombré le jeu à quelques reprises. Mais nous finissons par nous laisser bercer dans les moments racontés sur scène. Les artistes ont incroyable­ment bien reproduit l’idée que nous pensons sans cesse au passé et au futur sans pouvoir nous échapper de l’instant présent. Les retours au moment de la chute dans l'eau ont été accomplis avec excellence par Ghislain Basque, appuyé par la conception de l'éclairage de Marc Paulin et l’équipe technique du Cercle Molière. La musique s’est faite extension du personnage, de l'âme libre, tout en créant des décors sonores : le fond de la Baie des chaleurs, une discothèqu­e universita­ire, Istanbul la nuit, une cave à Charlo, le ventre de la mère.

La vie n'est pas linéaire. Elle nous confond et nous surprend à tous les instants. Le long voyage de Pierre-Guy B. nous le rappelle avec force.

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