Lettre ouverte de Dolorès Gosselin à la ministre Carolyn Bennett
Bonjour Madame Bennett,
Je suis Grand‐Mère métisse francophone de la Rivière‐Rouge. Mes ancêtres ont perdu leurs terres à la Rivière‐Rouge. De ces terres perdues, 80 % (peut‐être même plus) appartenaient aux Métis francophones.
L’Union nationale métisse Saint‐ Joseph du Manitoba dont je suis membre existe depuis 130 ans. Elle a toujours représenté les Métis francophones de la Rivière‐Rouge. Le gouvernement fédéral négocie présentement une entente avec la Manitoba Metis Federation (MMF). L’Union nationale métisse n’est pour l’instant pas incluse dans les négociations. Or la MMF n’a aucun document en français et n’offre aucun service en français. Même si dernièrement ils ont nommé deux personnes qui parlent français, plus ou moins, a in de pouvoir justi ier qu’ils sont bilingues.
Je vous demande que les droits des Métis francophones de la Rivière‐Rouge soient respectés. Je fais cette demande pour mes enfants et petits‐enfants, pour le respect de mes ancêtres qui ont perdu leurs terres et pour le respect de Louis Riel, qui a donné sa vie pour défendre nos terres et s’assurer que le Manitoba soit bilingue.
M. Justin Trudeau devrait respecter la Constitution que son père nous a léguée et qui dit que le Canada est un pays bilingue.
Début février, le gouvernement fédéral a signé une entente avec un groupe de Métis de l’Alberta, la Saskatchewan et l’Ontario. Je vous félicite pour votre initiative. Je suis contente pour ces Métis. J’appuierai et encouragerai toujours tous les Métis de ce pays.
Je trouve quand même franchement insultant que le gouvernement fédéral n’a pas encore inclus l’Union nationale métisse Saint‐Joseph du Manitoba comme partenaire de négociation.
Je vais vous donner un petit cours d’histoire. En septembre 1884 à Saint‐Laurent de Grandin, Louis Riel, Gabriel Dumont et leurs compagnons avaient décidé de placer leur association métisse sous le patronage de saint Joseph, le protecteur des Métis canadiens‐ français. Après la pendaison de Louis Riel et l’exil de ses proches compagnons aux États‐Unis, les activités de l’association métisse ont été mises en veilleuse. Moins de deux ans plus tard, en juillet 1887 à Saint‐Vital, les Métis francophones de la Rivière‐Rouge ont fondé l’Union métisse Saint‐Joseph du Manitoba.
Les Métis francophones de la Rivière Rouge ont donc travaillé pendant 130 ans de façon bénévole pour garder et promouvoir la culture et les traditions métisses, et ça souvent de manière « underground » parce que les Métis étaient perçus comme des citoyens de dernière classe.
Je trouve aberrant que notre gouvernement n’a pas encore eu la sensibilité et la dignité de s’asseoir avec les descendants spirituels de Riel pour négocier. J’étais au CA de l’Union. Je vis à 1h15 de Winnipeg et l’Union ne pouvait même pas payer mes dépenses d’auto.
Je sais que vous négociez présentement avec la MMF. C’est le gouvernement fédéral qui distribue l’argent. C’est donc le Fédéral qui devrait décider qui reçoit cet argent et non l’inverse. L’organisme ne devrait pas avoir le pouvoir de décider qui reçoit cet argent. Respectueusement vôtre, Dolorès Gosselin Grand‐Mère métisse de la Rivière Rouge Le 7 février 2017