Lettre ouverte de l’Union nationale métisse à Carolyn Bennett
Madame Carolyn Bennett Ministre des Affaires autochtones et du Nord Madame la ministre,
Je me dois de clarifier une situation qui, à notre avis, doit être rectifiée dans les plus brefs délais. L’Union nationale métisse représente les Métis francophones du Manitoba depuis 130 ans, et nous sommes le seul organisme à le faire. Fondée en 1887 par la famille et les amis de Louis Riel, l’Union représente les descendants et les héritiers des Métis qui, en 1869 – 1870, ont mobilisé la population de la Rivière‐Rouge pour fonder un Manitoba bilingue et assurer la création du Canada tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Samedi le 11 février, pour la première fois, la Manitoba Metis Federation (MMF) publiait une annonce en français dans le Winnipeg Free Press. Son but était de promouvoir la Journée Louis Riel fêtée le 20 février cette année. Malheureusement, le texte était truffé d’erreurs grossières. Sans le vouloir, la MMF soulignait ainsi le fait qu’elle est incapable de communiquer en français. En réalité, depuis sa fondation en 1967, elle fonctionne uniquement en anglais et n’offre aucun service à ses membres et au public en français. Ses activités publiques se déroulent uniquement en anglais. Bien que nous tenions à assurer l’unité de tous les Métis du Manitoba, cet incident rappelle encore une fois que la MMF ne peut pas représenter les Métis francophones du Manitoba et elle ne peut pas parler en leur nom.
L’Union nationale cherche à assurer l’unité des Métis canadiens‐français et à les représenter en tant que peuple fondateur. Ses buts sont donc hautement politiques, soit de mettre en valeur les traditions, la culture et l’histoire des Métis de langue française. Tout au long de son histoire, l’Union s’est déployée pour affirmer clairement ce que sont les Métis et pour combattre la marginalisation qu’on voulait leur imposer. Pour s’en rendre compte, il suffit de parcourir les 771 pages de l’histoire de l’Union nationale publiée à l’occasion de notre 125e anniversaire. La légitimité historique de notre organisme est hors de tout doute.
Nous souhaitons que le gouvernement fédéral entre en dialogue avec l’Union nationale métisse Saint‐Joseph du Manitoba. Pour nous, il n’est pas question de confondre ce souhait avec votre devoir de donner suite à la décision rendue par les tribunaux en 2013. Cette décision reconnaît la MMF comme l’interlocuteur en ce qui regarde un jugement déclaratoire qui aurait comme but de réaliser la réconciliation entre les descendants des Métis de la vallée de la rivière Rouge et le Canada.
Cependant, au‐delà de la décision des tribunaux, le gouvernement du Canada doit reconnaître la légitimité de l’Union nationale métisse et l’appuyer dans la réalisation de ses objectifs. Compte tenu du rôle central qu’ont joué les Métis francophones dans la création d’une province bilingue, il est du devoir du gouvernement fédéral de reconnaître leur rôle unique et d’assurer ainsi la mise en valeur de la culture et des traditions des fondateurs du Manitoba.
Il serait injuste de marginaliser les Métis francophones du Manitoba en les écartant de tout dialogue avec le gouvernement fédéral. L’Union nationale représente les Métis francophones depuis 130 ans et aucun autre organisme n’a la légitimité ou la capacité de parler en son nom. La prétention de la MMF de parler au nom des membres de l’Union nationale métisse est tout simplement fausse et inadmissible. La publication de l’annonce de la MMF samedi le 11 février ne fait que confirmer que l’Union nationale continue à jouer un rôle unique au Manitoba.
Nous comptons sur votre considération pour reconnaître la réalité historique et contemporaine des Métis francophones du Manitoba, et pour appuyer l’Union nationale métisse moralement et financièrement.
Je vous prie d’agréer, Madame la ministre, l’expression de mes sentiments les plus distingués. Paulette Duguay Présidente Union nationale métisse Saint‐Joseph du Manitoba Le 16 février 2017