La preuve par Moi, monsieur, moi!
En janvier dernier, avec Moi, monsieur, moi!, le Cercle Molière accueillait Patricia Gomis, une comédienne sénégalaise. Seule sur scène, face à un sujet délicat qui questionne les esprits. La pièce a permis de prendre le pouls de la communauté sénégalaise du Manitoba. L’ouverture d’esprit est au rendez-vous.
Avec Moi, monsieur, moi!, Patricia Gomis a réussi à mettre en relief certains aspects culturels du Sénégal, et plus généralement de l’Afrique, comme l’estime Modou Sall, le président de l’Association des Sénégalaises et Sénégalais du Manitoba. « Cette pièce soulève très clairement des pratiques traditionnelles qui sont ancrées dans la société au Sénégal, et que l’on continue de vivre. C’est tout à fait vrai. Ce sont des choses qui existent. »
Bien que la comédienne ait amené avec humour des thèmes sensibles, comme les violences ou le sexisme, certains ont marqué les esprits et suscité des discussions, comme l’excision par exemple. L’intention de Geneviève Pelletier directrice artistique du Cercle Molière, en ayant choisi cette pièce pour la 91e saison, est d’ouvrir le dialogue. Mission accomplie. « Je me demandais comment le public d’ici, issu généralement de la culture francomanitobaine, allait réagir face à son histoire. Et j’ai eu beaucoup de retours directs. Chaque soir, des discussions naissaient naturellement après la pièce, entre le public et Patricia. Toutes générations confondues. Nous en sommes toutes les deux très contentes. »
Pour la directrice artistique, il est important de s’intéresser à l’autre et de se questionner. C’est d’ailleurs le fil conducteur de la saison 2016-2017 du Cercle, mais aussi une question d’actualité. « En tant que communauté, comment pouvons-nous nous aller plus loin? Pour y répondre, je pense que le questionnement est important. Il faut ouvrir nos frontières et ne pas avoir peur de discuter. »
Cette approche volontariste a été également bien reçue par la communauté sénégalaise de Winnipeg, comme le partage Modou Sall. « Les gens ont beaucoup apprécié la pièce. Il est vrai que ce sont des sujets tabous, mais les membres de la communauté sénégalaise sont très ouverts d’esprit. Ce n’est pas pour rien que nous vivons ici, au Canada. Nous sommes prêts à échanger et à discuter. »
Dans cet esprit d’ouverture, Modou Sall salue le courage de sa compatriote et encourage ce type d’initiative. « En tant que sénégalais, je pense que c’est une excellente chose pour notre communauté de parler de ces réalités. Patricia Gomis, avec le théâtre, a la possibilité de faire passer un message et d’ouvrir les yeux de beaucoup de monde. Et c’est très bien qu’elle le fasse. Les mentalités sont en train de changer, positivement. »