Comment assurer l’unité nationale sans faire appel à la race?
La montée de l’extrême droite en France, les politiques de Trump et le récent attentat de Québec entre autres, posent la question urgente de savoir ce que veut dire « vivre ensemble ».
Au niveau politique, « vivre ensemble » renvoie notamment à l’idée de nation. Historiquement, et en Europe en particulier, la nation a souvent eu une connotation raciale : le national-socialisme allemand en est bien sûr le pire exemple. Le défi des nations actuelles est de se définir hors du cadre racial. D’où leur volonté de mettre l’accent sur des valeurs : telle nation incarne l’inclusion, telle autre l’écologisme, telle autre la force militaire, telle autre le libéralisme, etc.
Mais pour qu’une nation se définisse par des valeurs, encore faut-il que sa population les partage. Or, plus une nation est inclusive et métissée, plus il devient difficile d’établir des valeurs claires, à l’exception de l’inclusion elle-même. Le Canada multiculturel est certes inclusif, mais que faire du principe d’inclusion quand il s’agit de penser des projets fédérateurs? Posé autrement : que veut-on véritablement inclure?
Face à cette difficulté, plusieurs recourent au langage des valeurs pour camoufler cet atavisme de la nation raciste. Si l’attentat de Québec nous a montré quelque chose, c’est bien que les musulmans visés par l’attaque partageaient la grande majorité des valeurs québécoises et qu’ils ne les menaçaient pas, comme la radio-poubelle de Québec voulait le faire croire. Ne soyons pas dupes : personne de l’extrême-droite ne se dira raciste aujourd’hui. Alors surtout gardons à l’esprit que certaines valeurs sont homogénéisantes, et donc inaptes à répondre à la définition de la nation actuelle.