Les raisons des déboires d’Hydro Manitoba
Comment une société de la Couronne qui a le monopole sur la production, la transmission et la distribution de son produit, et qui en plus bénéficie d’un marché protégé, peut-elle perdre le contrôle? Comment Hydro Manitoba a-t-elle pu se retrouver le dos au mur?
Une récession, des accidents majeurs, ou encore une réduction importante de la clientèle, peuvent sérieusement affecter une entreprise. Mais rien de cet ordre ne s’est produit pour affecter à ce point-là Hydro Manitoba. En fait, les responsables de ses déboires sont autant les dirigeants de l’entreprise que les gouvernements provinciaux qui se sont succédé.
Car la Province a toujours voulu utiliser Hydro Manitoba comme un moteur de la croissance économique, un peu comme le pétrole l’est pour l’Alberta et la Saskatchewan. Il faut aussi garder en tête que Hydro Manitoba a toujours été biaisée en faveur de l’hydroélectricité, au détriment d’autres sources d’électricité.
Mais deux évènements importants se sont produits ces dernières années. Premièrement, l’exploitation du gaz de schiste à partir de 2008, qui a impacté négativement les exportations d’électricité manitobaines. Et deuxièmement, une décroissance de la demande domestique, due surtout à des mesures de conservation et des équipements plus efficaces (congélateurs et ampoules). La Province et Hydro Manitoba auraient gagné à s’intéresser plus tôt à ces deux développements et remettre à une date ultérieure les projets Keeyask et Bipole 3.
De nouvelles technologies de pointe, ainsi que l’énergie solaire et les éoliennes, vont continuer de transformer encore davantage le marché. La voiture électrique dépannera peutêtre Hydro Manitoba. Mais il faudra attendre au moins quelques décennies.