L’EFFET TOUPET
Suite à l'inauguration du 45e président américain, Donald J. Trump, le 20 janvier dernier, je prends un peu de recul afin d’expliquer les facteurs qui ont mené à une victoire qui a semblé à plusieurs très surprenante, mais en laquelle je croyais depuis plus d’un an.
Tout d’abord, j’aimerais clarifier que je ne tente pas de convaincre les lecteurs que le nouveau président américain est sans reproches ou que son élection ne fait pas l’objet de controverses. Je vise plutôt à analyser le climat politique dans une année qui fut haute en émotions et remplie de désaccords. Depuis l’annonce de sa candidature, Donald Trump a su créer des controverses et faire parler les gens; une stratégie qui a porté fruit. En effet, à la surprise générale, les médias de gauche, tels que CNN, MSNBC et le New York Times ont choisi de dénoncer quotidiennement le discours « politiquement incorrect » de M. Trump pendant près d’un an plutôt que de promouvoir la candidature à la présidence de la démocrate Hillary Clinton. En effet, le New York Times estime que durant sa campagne, M. Trump aurait reçu près de 2 milliards de dollars en attention médiatique gratuite, ce qui est plus que le double des 746 millions de dollars estimés déboursés pour visibilité médiatique par la campagne de Mme Clinton. Malgré le fait que la majorité de cette attention médiatique consistait en d’attaques contre M. Trump, il demeure un fervent croyant que la publicité négative n’existe pas. Les médias ont joué un rôle très crucial dans la polarisation de cette élection. J’ai remarqué à plusieurs occasions que lorsque je demandais aux gens qui « détestent » Trump pourquoi il en était ainsi, rares étaient ceux qui pouvaient m’expliquer les politiques auxquelles ils s’opposaient et pourquoi ils s’y opposaient. Plusieurs m’ont même avoué ne pas avoir écouté ses discours. Ils avaient plutôt recours à des mots clés sans substance, tels que xénophobe, raciste, misogyne et homophobe pour décrire le caractère de Trump. Cependant, les gens ayant écouté les discours de M. Trump démontraient une position beaucoup plus neutre, mentionnant simplement leur désaccord avec ses propos politiques sans toutefois le détester pour autant. J’ai alors compris pourquoi la victoire de Trump aurait pu paraitre surprenante à plusieurs; depuis plus d’un an, des millions de personnes n’avaient pas été exposées à des opinions différentes des leurs. Voilà le danger de la polarisation des médias; les gens consomment des nouvelles qui leur disent ce qu’ils veulent entendre et qui diabolisent les opinions contraires. Dans ce climat de division, il n’y a aucune place à la discussion. Les gens ayant un penchant vers la gauche consomment des nouvelles qui leur disent que Trump est un être immonde et, à leur tour, les gens ayant un penchant vers la droite consomment des nouvelles diabolisant Hillary Clinton. Il devient alors peu surprenant que les partisans d’un côté ou de l’autre soient incapables de communiquer entre eux sans avoir recours aux insultes ou à la violence. Je crois qu’il est pertinent de mentionner, pour un instant, le fait qu’Hillary Clinton ait remporté le vote populaire avec une marge de 2,8 millions de votes. Cependant, lorsqu’on analyse les données concernant la répartition des votes à travers le pays, on voit qu’Hillary a emporté la Californie avec 4,3 millions de votes de plus que M. Trump. Ceci signifie que, si l’on regarde le reste du pays en excluant la Californie, qui est reconnue pour sa population très libérale, M. Trump remporte le vote populaire avec une différence de près de 1,5 million de votes. Rappelons-nous que Trump a remporté 30 des 50 états américains. Voilà où le génie du collège électoral devient apparent; il empêche une candidate ou un candidat régional de dominer les élections nationales. Comment, alors, M. Trump a-t-il fait pour gagner la confiance du peuple américain? Tout d’abord, je veux revenir aux mots clés sans substance utilisés pour décrire son discours. Au courant de sa campagne, il s’est fait accuser d’être homophobe à plusieurs reprises. Parmi toutes les choses qu’on peut lui reprocher, être homophobe n’est pas l’une d’entre elles. M. Trump est, en effet, le premier président américain à favoriser le mariage gai au moment de son entrée au pouvoir. Si ceci parait surprenant, rappelez-vous que le président Obama ne s’est pas prononcé en faveur du mariage gai avant 2012. Il avait même dit en 2008 qu’il croyait que le mariage était entre un homme et une femme. Voici donc un autre exemple de la représentation erronée par les médias. C’est ce phénomène qui a terni la perception qu’ont les Américains des médias; il est devenu très difficile de faire confiance aux médias lorsqu’il est constamment évident qu’ils propagent des mensonges. Beaucoup d’Américains ont donc pris l’initiative de s’informer à la source en regardant eux-mêmes les débats et en écoutant les discours des candidats. De cette façon, le préjugé et l’inclinaison des médias ne les affecteraient pas. C’est comme ça qu’en grand nombre, les auditeurs ont réalisé que le message de Trump était un message d’unification et de patriotisme. M. Trump croit que, peu importe l’ethnie ou l’origine des citoyens, ils sont Américains avant tout. Ce message a résonné chez les minorités, contrairement à ce qui était déclaré par les médias; M. Trump a effectivement obtenu plus de votes des minorités que Mitt Romney en 2012. Malgré qu’il soit un peu brut par moment, les gens ont su apprécier son franc-parler. Alors qu’il était accusé de nationalisme blanc, il prêchait en fait l’importance de mettre les intérêts des Américains avant ceux des autres pays par l’entremise d’une réforme économique et du rapatriement d’emplois américains. M. Trump était également le seul candidat à la défense des anciens combattants délaissés depuis longtemps. Tous ces facteurs ont contribué à un résultat de l’élection qui a secoué l’Amérique. La candidature de l’homme d’affaires excentrique n’étant au début pas pris au sérieux évolua en un message qui résonna dans l’esprit du peuple américain. Pour citer Gandhi : « D’abord ils vous ignorent, ensuite ils vous raillent, puis ils vous combattent et enfin, vous gagnez. »